mercredi 13 juillet 2016

Et ensuite ? Sissi l’Égyptien viendrait à la Knesset ? Pourquoi pas…

Le président égyptien Anwar Sadat prend la parole à la Knesset au cours de sa visite en Israël du 20 novembre 1977 (Crédit : Flash90)

Jérusalem et, surtout, Le Caire soulignent que cela fait trois ans qu’ils travaillent à leurs relations ; et les Saoudiens commencent eux aussi à sortir du placard...


Au cours des trois années écoulées depuis qu’Abdel-Fattah el-Sissi a pris le contrôle de l’Egypte, les relations se sont réchauffées progressivement entre Jérusalem et Le Caire.

Pourtant, les liens en constante amélioration et la coopération en cours sur le front de la sécurité sont restés en grande partie secrets, à l’initiative d’Israël qui considérait que les faire connaître ne ferait que porter atteinte à cette relation..

Ce sont les Egyptiens, et plus particulièrement le président lui-même, qui ont commencé lentement à rendre public ces relations. Il y a quelques mois, par exemple, Sissi a admis qu’il parlait de temps en temps au téléphone avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Dans une certaine mesure, le voyage de dimanche du ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukry en Israël a mis fin à l’ère secrète. Le monde a désormais le droit de savoir quand un dirigeant égyptien ou israélien rend visite à son homologue dans le cadre de cette alliance.
Et ce sont les Egyptiens qui ont décidé qu’il était temps de faire connaître cette amitié, de mettre fin à l’intrigue, et de reconnaitre que l’Egypte et Israël sont des partenaires stratégiques dans une relation politique et militaire unique pour défendre leurs frontières.
Choukri a même été photographié en train de regarder la finale de l’Euro de football 2016 avec Netanyahu. Et à Jérusalem, qui plus est.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son invité, le ministre des Affaires étrangères Sameh Shoukry regardent la finale de l’Euro 2016 à Paris à la résidence du Premier ministre à Jérusalem, le 10 juillet 2016 (Crédit : Haim Zach / GPO
Cette alliance inclut également d’autres partenaires. La Jordanie en fait partie, et, selon les médias étrangers, l’Arabie Saoudite également, bien que Ryad n’entretienne pas de relations diplomatiques avec Israël. Le directeur général du ministre des Affaires étrangères israélien est récemment monté sur scène aux Etats-Unis avec un ex-général saoudien. Tout comme l’ancien conseiller de sécurité nationale de Netanyahu Yaakov Amidror, avec le prince Turki bin Faisal.
Le prince d’Arabie Saoudite Turki al-Faisal et le chef d’état-major (à la retraite) Yaakov Amidror, ancien conseiller de la sécurité du Premier ministreBenjamin Netanyahu, partagent une estrade au Washington Institute, le 5 mai 2016 (Crédit : capture d’écran du Washington Institute)
La décision de cette année du gouvernement égyptien de restituer les îles de Tiran et Sanafir aux Saoudiens, en échange d’assurances écrites de Ryad qu’il respectera les droits d’Israël à un passage libre dans le détroit de Tiran, est un exemple frappant de cette nouvelle interaction, mais certainement pas le seul.
Pour l’Egypte, la bataille en cours contre les cellules de l’État islamique dans la péninsule du Sinaï a transformé Israël en partenaire essentiel du Caire dans la guerre contre le terrorisme djihadiste. Cela était évident puisque Israël permettait aux Egyptiens d’envoyer davantage de troupes dans le Sinaï, allant à l’encontre des conditions écrites de l’accord de paix de 1979.
Alors que pour d’autres Etats sunnites, la guerre contre l’extrémisme sunnite est devenu le pilier central des intérêts communs avec Israël, pour Ryad, c’est la menace de l’Iran chiite qui a transformé les relations avec l’Etat juif en partenariat.
La décision du Caire d’envoyer son ministre égyptien des Affaires étrangères à Jérusalem était non seulement destinée à coordonner les efforts de sécurité, qui continueraient avec ou sans visites officielles comme cela s’est fait au cours des neuf dernières années. La visite de Choukri, et une réunion prévue dans un avenir proche entre Netanyahu et Sissi, mettent en évidence la volonté de l’Egypte de redevenir une puissance régionale.
Sissi, ainsi que le roi Abdallah de Jordanie et le roi d’Arabie Saoudite Salman, considèrent la crise en Cisjordanie et à Gaza comme des précurseurs dangereux à davantage d’instabilité régionale.
Cela a conduit le trio à considérer qu’il leur est important d’avoir un rôle dans le processus de paix entre Israël et les Palestiniens. Ils croient que les négociations entre Jérusalem et Ramallah vont affaiblir le Hamas et renforcer l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.
Ainsi, non seulement l’Egypte et la Jordanie ont montré une certaine hostilité envers le Hamas et Gaza, mais récemment, l’Arabie Saoudite, a aussi exprimé des critiques officielles contre le groupe terroriste.
Saud al-Faisal lors d'une conférence de presse à Ryad, le 5 mars 2015 (Crédit : Département d'Etat des Etats-Unis)
Saud al-Faisal lors d’une conférence de presse à Ryad, le 5 mars 2015 (Crédit : Département d’Etat des Etats-Unis)
Le prince Turki a déclaré ce week-end lors d’une conférence à Paris que le Hamas et le Jihad islamique sont devenus des organisations qui servent l’Iran. Le Hamas n’a pas tardé à nier les allégations.
Ne faites pas d’erreur. Pour ces pays, la question palestinienne n’est pas la source des problèmes du Moyen-Orient, et ce n’est pas au sommet de leur liste de priorités. Mais ils désirent calme et stabilité dans la région afin de lutter contre l’Iran et l’Etat islamique.
Sissi suit de près la scène politique israélienne ; il comprend que le public israélien est largement hostile envers les Palestiniens. Cependant, il croit aussi fermement que grâce à l’appui dont il jouit auprès du public israélien, il sera en mesure de convaincre les Israéliens de la nécessité d’un processus politique avec les Palestiniens. Il s’est déjà adressé directement aux Israéliens dans un de ses discours, et il est probable qu’il le fera à nouveau quand il rencontrera réellement Netanyahu.
Est-il possible que Sissi exerce une pression pour organiser un sommet tripartite avec Mahmoud Abbas ? À l’heure actuelle une telle réunion semble peu probable, mais dans cette folle région tout est possible.
Il y a deux mois, Ibrahim Issa, l’un des animateurs de télévision les plus connus de l’Egypte, a déclaré qu’il était très probable que dans le futur, Netanyahu se rendrait en Égypte ou que Sissi viendrait en Israël et qu’il prendrait la parole à la Knesset, comme Anwar Sadat l’avait fait en 1977. Si les choses continuent à progresser à ce rythme, même ce scénario pourrait ne pas être aussi invraisemblable que cela puisse paraître aujourd’hui.
Le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi au Caire, le 17 avril 2016 (Crédit : AFP/Khaled Desouki)
Le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi au Caire, le 17 avril 2016 (Crédit : AFP/Khaled Desouki)

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