lundi 25 juillet 2016

Avignon - Festival Off : Roméo et Juliette sont algériens !


"La Main de Leïla" est une histoire d'amour très touchante. Trois comédiens de talent nous emportent dans l'Algérie des années 80 en proie aux convulsions.


Au village de Sidi Fares, proche d'Alger, Samir tient le Harem Cinéma, petite salle clandestine et interdite aux femmes. Il y projette, pour le plus grand plaisir des jeunes hommes qui lui versent un dirham, de grands films occidentaux non censurés. Casablanca, Dirty Dancing et même 37.2 le matin... Sur l'écran, les couples se roulent des pelles, de bonnes "galoches". 

La classe du pardessus d'Humphrey Bogart, la chanson "As Tears go bye" au piano du Rick's Café, la scène d'adieu sur le tarmac de l'aéroport... Le classique Casablanca est le film préféré de Samir. Nous sommes en 1987. Un vent de fronde et d'espoir se lève sur l'Algérie, comme le bourgeon d'un printemps arabe. Christine OckrentJean-Jacques GoldmanFrancis Cabrel ou Philippe Risoli (!) s'exportent alors jusqu'au village de Sidi Fares.
Un soir, la jeune Leïla, fille d'un général de l'armée, s'incruste dans le cinéma et débarque brusquement dans la vie de Samir. C'est le début d'un grand amour... Un amour impossible teinté de cinéma sur fond d'Algérie en proie aux convulsions politiques. La romance se développe en cachette sur la terrasse de la maison de Leïla, au milieu des fils à linge.

Invention

N'en disons pas plus. La Main de Leïla est une histoire d'amour universelle rythmée par des intrigues poignantes, tel un Roméo et Juliette. Le texte, magistral, est écrit par deux des trois acteurs, les jeunes comédiens Aïda Asgharzadeh, d'origine iranienne, et Kamel Isker, d'origine algérienne. 
Ce dernier a emmené dans sa famille à Alger le metteur en scène Régis Vallée pour qu'il y puise des ambiances et couleurs locales. "Les jeux d'eau, la terrasse, le chant du muezzin, la grand-mère sont autant d'images de la vie locale qui nous ont inspirés", raconte le metteur en scène. Le dispositif scénographique des séchoirs à linge est une formidable invention : il transforme successivement le plateau en rideau de porte, en terrasse ou en autobus.
Aïda Asgharzadeh, Kamel Isker, Azize Kabouche forment un trio explosif en incarnant une dizaine de personnages. Azize Kanouche est impressionnant sous les traits de la réincarnation algérienne d'Humphrey Bogart ou encore de la tendre Yemahadja (grand-mère). 
La Main de Leïla est truffée d'images sensorielles qui ouvrent un champ infini d'interprétation au spectateur. On vibre, on garde espoir, on pleure même. Sans doute l'émotion de voir un théâtre si chargé de forces d'évocation et d'utopie. Immanquable !

La Main de Leïla, jusqu'au 30 juillet au théâtre des Béliers, à Avignon, et en tournée en 2017.

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