Une lueur d’espoir au milieu d’un champ de ruines ?
« Ma liberté et celle des Palestiniens ne se gagne pas en tuant des juifs »
Par Odile Cohen, publié dans Causeur le 3 juin 2016
Négociations dans l’impasse, méfiance réciproque, communication réduite : Israéliens et Palestiniens sont pris dans une nasse infernale dont on voit mal l’issue. Et pourtant se dessinent des éclaircies, s’ouvrent des perspectives ténues, à l’image de cette rencontre que j’ai faite avec deux « pèlerins de la paix ».
C’est ainsi qu’en plein cœur de la Cisjordanie, j’ai rencontré deux hommes : Ali et Shaul. Le premier est palestinien, musulman, élevé dans la haine d’Israël. Le second est israélien, colon juif, religieux dont la famille a été meurtrie par la guerre.
Le rendez-vous a été organisé par l’intermédiaire du représentant de l’American Jewish Joint Distribution Commitee, organisme d’aide humanitaire juive mondiale, quelque part à Hébron.
Nous nous retrouvons, sur un terrain, dans ce qui ressemble à « un poulailler à ciel ouvert » : canapés usés, tapis au sol, couvertures, voilà le QG de la paix, « The Field » comme on l’appelle ici.
Ali, gueule de baroudeur, d’une force saisissante, assis à côté de son « frère » Shaul, au physique de bobo écolo, nous raconte son histoire.
Dès l’âge de 15 ans, Ali Abu Awar a tenu une kalachnikov dans ses mains pour combattre Israël. Il rejoint le Fatah dont sa mère est une des dignitaires et grandit dans ce contexte politique. Actif dès la première intifada, lançant des cocktails Molotov, il est condamné à quatre ans de prison.
Il reçoit une balle dans la jambe tiré par un colon et est soigné en Arabie saoudite. Son frère sera tué sous ses yeux, une balle dans la tête.
La haine l’envahit. Il veut venger la mort de son frère. Pour cela, combien d’enfants doivent mourir ? Combien de mères doit-il faire souffrir ? Mais la haine nous détruit autant qu’elle veut détruire l’autre, explique Ali, dans un anglais teinté d’accent arabe.
Dans les geôles israéliennes vint le temps du questionnement, grâce à la lecture. Ali découvre Martin Luther King, Gandhi et la non-violence. Apres une grève de la faim gagnée, il comprend la valeur tactique de la non-violence. Son séjour en prison a été sa meilleure université.
Que faire ? Déposer les armes, parler et dialoguer. « Ma liberté et celle des Palestiniens ne se gagne pas en tuant des juifs ; ils sont ici et nous aussi. Nous sommes obligés de vivre ensemble »... Lire l'intégralité.

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