vendredi 12 février 2016

L'économie chinoise en 2016 : année du singe ou de l'éléphant ?


C'est un des principaux facteurs qui poussent les marchés vers le vide : le ralentissement de l'économie chinoise. À raison ou pas.


Les Chinois viennent à leur tour de passer dans la nouvelle année, avec leur entrée dans l'année du singe. Jusqu'ici, en matière économique, l'année 2016 a surtout été marquée par de nouvelles bouffées d'angoisse en provenance de la Chine en guise d'étrennes.
Un indicateur avancé publié par Pékin qui déçoit, un coupe-circuit boursier qui bafouille, et c'est le drame : les places boursières comme les devises s'effondrent et le monde entier se précipite au chevet de la Chine. 
Pourtant, loin des marchés, lorsqu'on s'intéresse aux bilans des entreprises chinoises, cela fait déjà trois ans que les délais de paiement, les retards et impayés mais surtout les défaillances d'entreprises ne cessent d'augmenter. 
La déconnexion entre les données macroéconomiques publiées (ainsi que les marchés actions) et l'économie réelle était évidente. La question est désormais de savoir si la terre entière doit trembler alors que le monde peut voir à travers les failles de la Grande Muraille.
Oui et non.
Oui, parce que la phase d'industrialisation du pays semble toucher à sa fin. Les secteurs manufacturiers traditionnels – machine-outil, équipements industriels – sont écrasés par la dette (les ratios d'endettement ont triplé en quinze ans) et ne sont pas près d'investir de nouveau, car leur rentabilité s'est considérablement érodée et le soutien de l'État n'a plus rien d'automatique.

Potentiel inexploité

Oui, parce que le monde va devoir trouver un nouveau consommateur fétiche : les importations chinoises ne cessent de ralentir, plombant les cours des matières premières (du pétrole au minerai de fer) et pénalisant les places commerciales avoisinantes comme Hong Kong ou Singapour. Conséquence : du Chili à l'Indonésie en passant par l'Arabie saoudite, on pense « pare-feu » pour éviter la contagion, les entreprises européennes envisagent d'autres relais de croissance pour éviter la tuile et les ménages américains vendent toutes leurs actions alors que les marchés tremblent. Et si la prochaine crise était chinoise ? Et si elle emportait tout sur son passage ? Et si...
(Mal)heureusement, dans la vraie vie, l'exposition commerciale et financière, notamment de l'Europe et des États-Unis, au risque chinois est relativement limitée. Et les raisons de penser que la Chine peut se ressaisir ne manquent pas : le pays possède toujours un potentiel inexploité, entre populations rurales et citadins aux goûts (et au taux d'épargne) occidentaux, tandis que la demande en services et produits haut de gamme s'inscrit en progression.

Triple défi

Mais la Chine reste un acteur majeur de l'économie mondiale. Alors que le monde scrute désormais les moindres faits et gestes de Pékin, qui multiplie les expériences politiques, la Chine peut inverser la vapeur si elle réussit à surmonter son triple défi.
Tout d'abord, la devise : impossible d'allier taux de change semi‑fixe, liberté de circulation des capitaux et politique monétaire indépendante.
Deuxièmement, la croissance : définir une cible est une bonne chose, mais encore faut-il qu'elle soit compatible avec une croissance (désendettée) de qualité ou avec des réformes de l'offre productive.
Enfin, le financement : choisir entre protéger son bilan, poursuivre la relance budgétaire ou jouer de nouveau la carte commerciale, avec des initiatives comme le projet One Belt, One Road, cette route de la soie du XXIe siècle qui cherche à relancer à tout prix l'export chinois à coups d'infrastructures (financées par une banque dédiée), d'alliés et d'une montée en gamme.
Alors, 2016 sera-t-elle l'année du singe, comme le prévoit l'horoscope, ou celle de l'éléphant ? La Chine saura-t-elle retrouver agilité des politiques publiques et ruse pour sauver ses entreprises en difficulté ? C'est ce que j'espère, car, sinon, attention à la casse !

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