Vous la connaissez sous le nom de Ishtar Alabina. En réalité, il s’agit de l’Israélienne Eti Zach. De culture orientale, Ishtar mélange avec succès de nombreuses influences musicales, tout d’abord avec le groupe Alabina, puis seule. La chanteuse est devenue une star internationale qui se produit dans les plus grandes villes du monde et a vendu plus de huit millions d’albums, devenant ainsi, sans le vouloir, ambassadrice d’Israël.
Née en 1968, d’une mère égyptienne et d’un père marocain espagnol musicien, Eti Zach grandit à Kiriat Ata, près de Haïfa. Elevée dans un milieu arabophone à la maison et hébreu à l’école, elle hérite sa passion pour la musique de sa grand-mère, Nora, une grande chanteuse populaire. C’est elle qui la surnomme Ishtar, le nom de la déesse de la fécondité dans les religions de l’ancienne Asie. Dès l’âge de 15 ans, elle chante de manière professionnelle dans des clubs et des réceptions. A 18 ans, comme toute citoyenne israélienne, Eti fait son service militaire en tant que mécanicienne d’avions de combat de Tsahal. A la fin de son service, elle décide de partir en voyage en Australie où elle chante dans des clubs. Sa passion musicale, son talent, sa beauté, font qu’elle ne passe pas inaperçue.
Elle fait un saut par la France et décide d’y rester afin de tenter sa chance dans la ville des lumières. Elle décroche des contrats de choriste, notamment avec Julien Clerc. Le tournant décisif a lieu grâce à sa rencontre avec le producteur Charles Ivgui. Ce dernier, séduit par sa voix, la fait rejoindre en 1990, le groupe gitan Los Ninos avec qui elle forme Alabina. De leur union naît une musique originale, un mélange de musiques espagnole, gitane et arabe accompagnant des textes en français, arabe, espagnol mais aussi hébreu. Cet éclectisme connaît le succès international. Leur premier album, du nom du groupe, voit le jour en 1996. Il est sacré disque Platine, se vendant à plus de 200.000 exemplaires, dont 70.000 aux Etats-Unis, 35.000 en Espagne, 25.000 en Italie et 20.000 en Israël. Les titres variés font danser les communautés de cultures diverses. Les singles « Alabina », « Ole y Ola » et « Habibi de mis amores » se vendent à 150.000 exemplaires.
En parallèle, elle interprète la chanson «C’est la vie» dans le film La Vérité si je mens, 1 et 2.
Le groupe entame alors une tournée en France et aux Etats-Unis. Le succès est tel qu’en octobre 98, sort un second album intitulé «Sahara», commercialisé dans plus de 20 pays. Cet album atteint la 8ème place du classement Top World Music Billboard. Il est, à l’instar du précédent, composé de chansons où se mêlent flamenco, pop, musique latine, et tempos européens et méditerranéens. Parmi les titres, une reprise du hit « Don’t let me be misunderstood » devenu « Lolole ». Le succès est au rendez-vous, les tournées s’enchaînent. Le groupe Alabina remplit l’Olympia, le Palais des Congrès de Paris et le Central Park aux Etats-Unis. Il donne des concerts également en Espagne, Belgique, Suisse, et Maroc.
En 1999, après la sortie de «l’Essentiel », compilation dans lequel on retrouve une reprise de la célèbre chanson de J.J. Goldman « Comme toi », Ishtar enregistre un premier album solo qui sortira en 2000. Portant son nom, il est écrit entre autres par Didier Barbelivien et Lionel Florence. Très appréciée dans les pays arabes, elle est invitée à chanter à la Ghriba de Djerba et devant la famille royale du Maroc. A son retour, c’est l’Olympia puis une tournée qui la mènera en Inde, en Australie, à Hong Kong et aux Etats-Unis. Petit saut en Israël, où elle chantera avec des vedettes telles que Pablo Rosenberg, Avihou Médina et David Daor. Lors de chaque concert, la chanteuse se sert du nom Alabina, plus connu qu’Ishtar.
En 2003, après des années de carrière en Europe et aux Etats-Unis, Ishtar surprend en annonçant qu’elle rentre en Israël pour tenter une première expérience : enregistrer un album en hébreu. Nommé «Emet», cet album est produit musicalement par Francis Majoli et Richard Binabau. Il est composé de chansons écrites par Ichtar, par Ehoud Manor, David Daor et Roy Aloni avec une magnifique reprise de la chanson ‘Hourshat Aékaliptous’ (forêt d’eucalyptus) de Naomi Shémer.
L’album est un échec en Israël. «Cet album s’est vendu en Europe et aux U.S.A à 200.000 exemplaires », nous dévoile-t-elle. «En Europe, le public se fiche que les chansons soient en hébreu. Il appelle cela « Musique du monde ». J’ai chanté la chanson de Naomi Shemer devant des milliers de personnes qui ont repris le refrain, sans comprendre un mot. Dans une boutique de disques à New York, mon album a été mis en avant alors qu’ici, lorsque mon père a voulu l’acheter à l’aéroport, le vendeur lui a dit qu’il ne lui recommandait pas. J’ai beaucoup donné pour cet album, c’était important de m’exprimer dans ma langue, pour mon public. Les médias ont écrit des choses qui m’ont fait très mal.
2005 voit la sortie de son cinquième album « Je Sais D’où Je Viens ». Composé de 11 titres, il naît de sa rencontre avec le groupe Tchanelas, formation gitane composée de trois femmes et un homme. Les sonorités flamenco sont ainsi de retour, ainsi que cette fusion unique du groove et des folklores, une rencontre pacifique entre l’Orient et l’Occident. L’Américain Ilan Babylon, le Turc Burak Aziz et le Français Jmi Sissoko font aussi leur apparition dans l’album. Il n’est de grandes villes où elle n’a pas chanté, grands pays d’Amérique, Russie, Pologne, l’Australie, l’Angleterre, le Mexique, le Brésil… Les pays arabes l’ont reçu, pour la plupart, à bras ouverts, même si, dans certains, du fait de ses origines, elle a fait l’objet de menaces.
« A Tunis, des journalistes ont écrit que c’est moi qui avait chargé les avions de combats de Tsahal pour bombarder Gaza et le Liban. Il y a quelques années, je devais chanter à Dakar au Sénégal, pays où il y a une grande communauté libanaise. Un jour avant, l’ambassadeur israélien m’a téléphoné pour me dire de ne pas venir à cause de menace de morts que j’avais reçues. Par contre au Maroc, j’ai donné un spectacle devant le roi Hassan, qui a fait venir l’orchestre du palais pour jouer «Ava Naguila». Selon elle, la musique est porteuse d’un message universel de paix et d’amour, message est assez fort pour qu’il passe avant les considérations politiques et les nationalités.
Le public d’Ishtar a appris tardivement les origines de la jeune chanteuse, pensant qu’elle était Arabe. «Je reçois des photos de Jésus et des livres du Coran mais aussi des Téhilim et des étoiles de David. Bien que je ne cache pas mon identité israélienne et le fait que j’ai fait mon service militaire en Israël, il y a toujours des gens qui ignorent que je suis juive, du fait que je chante en arabe.» Ishtar, si elle avoue apprécier ce mystère qui l’entoure, se considère avant tout Israélienne. Elle parle d’Israël dans les émissions où elle est invitée, devenant, par la force des choses, une ambassadrice du pays. Patriote, elle considère n’avoir jamais spirituellement quitté Israël.
En 2006, elle repousse d’un an la sortie de l’album Raggaboom en raison de l’heureux évènement qu’elle attend. Cet album ne devait pas sortir en Israël. « Je ne voulais pas que cet album paraisse en Israël pour plusieurs raisons. Pour finir, j’ai accepté.»
Raggaboom s’inscrit dans un univers musical différent de son premier album solo Emet. On y retrouve de la musique ethnique, du pop, du reggae, du hip hop et des balades en arabe et français dont Habibi, basée sur la chanson égyptienne Sawah. « Pour chaque chanson, nous avons enregistré plusieurs versions en plusieurs langues », explique Ishtar. L’album sorti en Israël est un arrangement spécial pour le public israélien où l’on retrouve les versions françaises et arabes. «Je suis quelqu’un de très gai et très optimiste. Dans Emet, j’ai libéré toutes l’ émotion que j’avais en moi. L’album a été enregistré dans une période difficile de ma vie. Dans Raggaboom, j’ai travaillé dans une atmosphère beaucoup plus joviale».
En 2007, Ishtar donne naissance à des jumeaux, Lavi et Shira. « Chanter sur scène m’a manqué, je ne suis pas une chanteuse de studio. Quand j’enregistre, je m’ennuie et je souffre. Pour moi, faire un album, c’est une grossesse et un accouchement très compliqués. J’ai besoin du contact avec mon public. » En octobre dernier, Ishtar a donné deux concerts en Amérique, le premier, au Shrine Auditorium de Los Angeles, là où se déroule la cérémonie des Oscars et des Prix MTV. Le prix du billet ? 200$.
Le second s’est tenu au Planet Hollywood de Las Vegas. Ces concerts ont été donnés au profit des malades du diabète. Des milliers de fans étaient présents ainsi que de nombreuses célébrités et hommes d’affaires, dont Haim Saban.
Dernièrement, elle a participé à un grand gala organisé par Haim au Hilton de Beverly Hills pour l’association des soldats. La chanteuse à la voix d’or y a interprété l’hymne israélien et ‘Hourchat Aékaliptous. A ses côtés, on a pu voir Lionel Ritchie et David Foster.Le nouvel album d’Ishtar «The best of Ishtar Alabina» doit voir le jour en Israël, courant janvier. Il sera composé des plus grands tubes de la chanteuse ainsi que du duo chanté en hébreu et en arabe avec Kobi Peretz, «Ya’had» (ensemble). En parallèle, elle enregistre un nouvel album a paru en 2009 aux Etats-Unis, en Afrique du sud et au Canada.
Le 7 décembre 2015 elle s’est produite au Casino de Paris avec un orchestre arabo-andalou.
Ishtar est indéniablement une chanteuse internationale à qui le surnom de « reine de la musique du monde » sied admirablement. La reconnaissance du milieu artistique (elle s’est vue décerner de nombreux prix) et le succès rencontré lors des spectacles qu’elle donne un peu partout dans le monde, l’a hissent au niveau de chanteuses de premier rang telles que Kelly Minogue, Christina Alguira et Shakira. Ishtar, Eti ou Alabina, autant de noms pour une chanteuse qui, par sa musique universelle, efface les frontières…
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