mercredi 2 septembre 2015

Va-t-on fermer les « petits » services d’urgence ?


Par facilité, une fois de plus, il est à redouter qu’on ne privilégie qu’une logique administrative et comptable.

 Il y a une trentaine d’années, le fait d’être médecin urgentiste était assez peu valorisant. Le terme d’urgentiste avait une connotation péjorative dans une profession qui n’hésitait pas à traiter ces confrères de « cow-boys », voulant sans doute montrer par ce terme qu’il ne s’agissait là que d’une activité marginale de la digne profession de docteur en médecine.
Les temps ont changé, les services hospitaliers se sont accommodés de ces services « tampons » qui leur évitent d’avoir à accueillir directement les patients, et les médecins de ville se sont vite satisfaits de ne plus avoir à être disponibles 24 heures sur 24, en déléguant à leurs confrères « urgentistes » les visites et les consultations qu’ils ne pouvaient, ou ne voulaient, pas faire. 
Maintenant, la médecine d’urgence est devenue une véritable spécialité, et les services d’urgence hospitaliers croulent sous le nombre de patients qui y affluent, faute de structures relais en ville qui permettraient de traiter toute la petite pathologie qui ne nécessite pas, a priori, une hospitalisation.
Le travail y est stressant, le personnel surchargé, et les médecins ne comptent plus les heures supplémentaires qui ne seront jamais payées. De plus, pour un travail et des responsabilités strictement identiques, l’administration hospitalière préfère embaucher des médecins ayant le statut d’attachés ou d’assistants, dont le salaire est nettement inférieur à celui d’un médecin bénéficiant du titre de praticien hospitalier. 
Pas étonnant, dans ces conditions, que les jeunes médecins ne se bousculent pas pour envisager un métier pénible et contraignant, et que de nombreux hôpitaux aient recours à des médecins intérimaires pour pouvoir fonctionner normalement.
C’est ainsi qu’une dizaine de services d’urgence ou de SMUR (antennes mobiles du SAMU) ont dû temporairement fermer leurs portes cet été, faute de personnel. La presse de ces derniers jours nous révèle qu’au moins 67 services d’urgence sur 650 recensés sont menacés de disparition, d’après un rapport remis fin juillet au ministre de la Santé. 
En effet, pour l’auteur du rapport, le docteur Grall, il serait judicieux de fermer les services à faible activité, afin d’éviter la présence « inutile » de médecins urgentistes dans ces petits services, pour les regrouper sur des centres à plus forte activité.
Pourtant, ces « petits » services fonctionnent généralement très bien, permettent à la population locale d’avoir une antenne médicale avancée pour faire face aux situations d’urgence, les malades y sont rapidement pris en charge, et le personnel y travaille dans de bonnes conditions sans le stress et les délais d’attente de plusieurs heures des « gros » services. 
Une telle mesure pourrait, peut-être, provisoirement pallier le manque de médecins urgentistes dans les hôpitaux importants, mais ne résoudrait pas pour autant les problèmes de fond (motivation, salaire, conditions de travail). Les problèmes révélés par ce rapport sont complexes, les services d’urgence ne sont que la partie émergée de l’iceberg, mais par facilité, une fois de plus, il est à redouter qu’on ne privilégie qu’une logique administrative et comptable.

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