mercredi 2 septembre 2015

Le dangereux cavalier seul de l’Allemagne....


L’incontournable Mme Merkel décide que l’Europe doit accueillir les migrants. Quelle générosité, quelle humanité que celle de l’Allemagne face à ce drame qui couvre l’Europe de honte.

Le peuple allemand a montré au cours de ce dernier siècle une résilience extraordinaire.
Mise à genoux par le traité de Versailles, l’Allemagne s’est réarmée pour prendre sa revanche et a conduit le monde entier vers le chaos et la barbarie. Scindée en deux après la Deuxième Guerre mondiale, elle s’est retrouvée dans la singulière position de tête de pont de deux mondes qui s’affrontaient d’un côté et de l’autre du rideau de fer. 
À l’ouest, elle a connu le succès économique que méritait un peuple discipliné et travailleur, alors que sa partie orientale végétait dans le marasme communiste. Puis, quand le mur est tombé, elle a connu la réunification : l’un des plus grands défis économiques de l’histoire moderne a été relevé avec brio et en moins de dix ans.
François Mitterrand avait pourtant perçu le danger d’une nouvelle grande Allemagne, au point qu’il avait tenté d’utiliser l’Union monétaire européenne pour contre-balancer la renaissance d’une superpuissance propre à déstabiliser une Europe en construction. 
Mais les dirigeants européens, influencés par des économistes fascinés jusqu’à l’aveuglement par le rigorisme monétaire teuton, ont finalement recréé à grande échelle le système économique allemand : BCE indépendante à l’instar de la Bundesbank, bannissement du déficit budgétaire et de l’inflation (la tarte à la crème de « la grande peur allemande des années 30 ») et, comble du symbole, implantation des autorités monétaires européennes à Francfort. De facto, la politique économique européenne se décide entre Francfort et Berlin.
Forte de cette puissance retrouvée sur le plan économique, la nouvelle Grande Allemagne retrouve aussi des velléités diplomatiques, alors qu’elle avait été si effacée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Son activisme atlantiste dans la crise ukrainienne a été flagrant, et on ne voyait que la chancelière Merkel parler au nom de l’Europe et se lever contre Moscou. 
Revanche d’une ex-Allemande de l’Est contre l’ex-« grand frère » russe ? La tentation allemande de prendre aussi le contrôle de la politique étrangère européenne est flagrant, et hasardeux, tant l’héritage diplomatique allemand est contestable, et son imprégnation atlantiste n’en fait ni plus ni moins qu’une succursale des États-Unis en Europe.
Puis vient le dernier soubresaut, le dernier croche-pied de l’Allemagne à l’Europe : l’accueil des migrants. L’incontournable Mme Merkel décide que l’Europe doit accueillir les migrants. Quelle générosité, quelle humanité que celle de l’Allemagne face à ce drame qui couvre l’Europe de honte. 
Mais l’Allemagne joue, là aussi, un jeu solitaire et dangereux. Îlot de prospérité dans une Europe où le taux de chômage reste très élevé, l’Allemagne fait aussi face à un énorme défi démographique qui la voit se dépeupler et qui mettra en péril ses capacités productives et, donc, sa richesse. Alors, l’accueil de migrants de la part de Mme Merkel tient-il plus de la générosité ou de la « realpolitik » visant à sauver son économie avec de la main-d’œuvre bon marché ? À bon entendeur : le futur se trouve outre-Rhin.

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