lundi 13 juillet 2015

Puisque Wimbledon se voile, voilons tout !


En aparté, la plupart de nos responsables politiques sont opposés au port du voile. Comment se fait-il qu’ils ne le soient plus quand ils s’expriment au grand jour ? Comment se fait-il que des principes universels acceptent ce qu’ils devraient interdire ? 
Comment se fait-il que le voile puisse faire son entrée dans le monde du sport alors que les «lois du jeu» (loi 4) et la charte olympique (article 51) excluent des terrains tout message, signe ou inscription à caractère politique ou religieux ? 
Comment les instances dirigeantes du ballon rond peuvent-elles accepter que des joueuses soient voilées, tout en insistant par ailleurs sur la dimension strictement sportive de la compétition ? N’interdit-on pas aux athlètes de brandir des messages favorables aux Droits de l’Homme ? L’universalité du sport va-t-elle disparaître sous les coups de boutoir d’un symbole communautariste à connotation politico-religieuse ? Le voile n’est-il pas connoté de la sorte ?
Comment se fait-il, donc, qu’Aseel Shaheen soit devenue la première femme musulmane juge de ligne dans le prestigieux tournoi de tennis de Wimbledon ? Qu’une femme issue du monde arabe puisse arbitrer dans un grand tournoi, soit ! Mais qu’elle y officie couverte du hijab, et, qui plus est, uniquement dans le tableau féminin, non, non, et non !
Le sport est un instrument d’émancipation d’autant plus précieux qu’il prône la dignité de la femme et l’égalité des sexes : est-ce ce message que porte le voile islamique ? Prétendre  – pour s’éviter de le proscrire – que le voile islamique est un signe culturel et non religieux, relève d’une sinistre plaisanterie, qui ne résout nullement le problème, puisque l’universel dépasse le culturel, et qu’à s’abriter derrière le culturel, on fait du culturel une exception à la règle universelle. 
En réalité,  les pressions de la communauté musulmane en faveur du voile sont si fortes – et notre faiblesse si grande – qu’on transige sur des principes fondamentaux, jusqu’à nier l’esprit sportif lui-même.
Et pendant ce temps, dans les pays du Maghreb, des jeunes filles luttent, malgré les menaces intégristes, pour pouvoir participer à des compétitions sportives sans être voilées. 
Comme le souligne avec lucidité Frédéric Thiriez (1) : « Ben Bella doit se retourner dans sa tombe, lui qui disait en 1965 : « Nous voulons, par la pratique sportive, former une femme nouvelle ».
Mais c’était sans compter sur la lâcheté des Occidentaux !
Maurice Vidal
(1) Juriste français, président de la Ligue de football professionnel depuis 2002, et de l’Association des Ligues européennes de football depuis le 25 octobre 2013.

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