La question est de savoir s’il ne faudra pas un jour, hélas, en venir à instaurer un régime, des tribunaux et des lois d’exception comme le souhaitent ardemment les stratèges de la terreur et les tenants de la guerre civile.
Actualité d’une journée ordinaire : au large de la péninsule du Sinaï, les affiliés locaux de l’État islamique prouvent qu’ils ont des missiles et qu’ils savent s’en servir en torpillant un destroyer égyptien. Aux États-Unis, un ingénieur agronome répondant au nom de Muhammad Youssef Abdulazeez abat quatre Marines.
En France, où le vol de cent cinquante détonateurs à Miramas porte, nous apprend-on, la marque du grand banditisme (ah bon ?) et n’a rien à voir avec l’acte criminel perpétré contre les citernes de Berre-l’Étang, lequel n’a donc pour l’instant rien à voir avec rien, quatre zozos nourrissaient un amusant projet de raid et de court métrage avec décapitation non simulée en gros plan dont on ne sait, dans l’état actuel des investigations, s’il était encore au stade de l’élucubration ou déjà à celui de l’élaboration.
Tout cela sans préjudice, bien entendu, de deux attaques-suicides au Cameroun, d’une opération anti-Chebab en Somalie et des combats qui se poursuivent en Irak, en Syrie et au Yémen…
Afrique, Asie, Europe, Amérique. La guerre, sous des formes plus ou moins classiques, et le terrorisme sont le défi global que lance sur quatre continents le fanatisme islamiste à des États et des sociétés qui ne savent comment briser, ici par manque de moyens, là faute de volonté, ce cercle rouge dont la circonférence est partout et le centre quelque part entre Mossoul et Raqqa.
C’est là qu’est la tête de l’hydre, c’est là qu’il faudra bien frapper, du moins si l’on veut en finir avec une barbarie qui fait tache d’huile et de sang à travers le monde.
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En attendant, tous les gouvernements occidentaux et, pris dans le même engrenage, tous les États qui refusent de se soumettre à la dictature de l’épouvante font face, comme ils le peuvent, à une menace diffuse aussi difficile à enrayer qu’à localiser. Pourquoi n’est-on nulle part à l’abri des entreprises criminelles du djihadisme ?
Tous simplement parce que tout lui est cible. Églises, synagogues, aéroports, gares, usines, centrales thermiques ou nucléaires, commerces, dépôts de carburant, avions, trains, métros, casernes, stades, écoles, centres culturels, musées… on aurait beaucoup plus vite fait de dresser la liste des sites assurés d’être à l’abri de la violence. Il n’y en a pas.
Quoi que l’on pense de notre gouvernement – et Dieu sait qu’ici nous ne lui sommes pas particulièrement indulgents -, il fait ce qu’il peut dans le cadre des lois qui nous régissent et des moyens dont il dispose, la question étant de savoir s’il ne faudra pas un jour, hélas, en venir à instaurer un régime, des tribunaux et des lois d’exception comme le souhaitent ardemment les stratèges de la terreur et les tenants de la guerre civile.
Il est en tout cas évident qu’il ne fait pas autrement, ni mieux ni moins bien, ni avec plus de résultats ni avec moins d’échecs que les gouvernements qui l’ont précédé. Face à une action et à des dangers qui appellent et qui justifient, sur ce point, la cohésion et l’unité nationales, les astuces et les embrouilles de la politicaillerie ordinaire ne sont pas de saison.
Quelles qu’aient pu être les arrière-pensées et les motivations des récentes révélations de François Hollande sur une affaire en cours, l’entourage de M. Sarkozy est particulièrement mal placé pour lui reprocher des imprudences et des intempérances de langage qui étaient la marque de fabrique du Président sorti en 2012.
L’heure et le sujet sont trop graves pour ce genre de plaisanteries. Ceux qui ont cru devoir prendre en défaut le gouvernement actuel et, par là même, nos services, notre police, notre armée, notre justice, se trompent de tribune et de débat : leur place est aux « Guignols de l’info ».
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