La situation de l'Algérie est fragilisée par la pression exercée par l'Arabie Saoudite sur les prix du baril qui entraîne des pertes lourdes de revenus et limite son périmètre d'action.
L'Algérie est sous pression. Les ressources pétrogazières de l’Algérie constituent en effet aujourd’hui un poumon extérieur pour l’UE, indispensable en cas d’aggravation de la crise contre la Russie auxquels poussent l’ensemble des réseaux de pouvoir atlantistes en Europe. Cette ressource précieuse doit être maîtrisée ou au minimum fiabilisées par l’UE et par les USA. Si le pouvoir en Algérie se montrait risqué ou « indocile », ses clients pourraient avoir intérêt à des déstabilisations majeures pour la soumettre et faciliter le contrôle de ces voies d’approvisionnement.
Ses difficultés chroniques pourraient alors être attisées pour la faire céder ou basculer. Les facteurs de déstabilisations utilisables pour y parvenir sont 1 – ses relations avec ses voisins. 2 – ses masses inactives et les problèmes sociaux qui en découlent. 3 – la question amazigh et 4 – les faiblesses dans le dispositif de pouvoir en Algérie qui émergeront lors de la succession du président Bouteflika.
La situation de l’Algérie est, de plus, fragilisée par la pression exercée par l’Arabie Saoudite sur les prix du baril qui entraîne des pertes lourdes de revenus et limite son périmètre d’action.
Ces enjeux travaillés par les gros sabots de la diplomatie française, de l’UE ou des USA (et pourquoi pas des pétromonarchies) pourraient alimenter une crise majeure qui étendrait le chaos Libyen et créerait un cataclysme migratoire (utile pour ceux qui veulent précipiter l’Europe de l’Ouest dans le chaos). Sans une Algérie « docile », l’UE n’aura plus les capacités d’une crise ouverte contre la Russie et devra relâcher sa pression sur l’Ukraine ce qui obligerait inévitablement les USA à faire de même.
Et une façon de rendre l’Algérie docile dans l’état actuel des choses (et en attendant d’autres scénarios), est de pratiquer une politique des visas encore plus laxiste afin de permettre au pouvoir algérien de poursuivre le transfert des jeunes désœuvrés, qui sont pour tous les pouvoirs des « classes dangereuses », vers la France… C’est par cette politique de transfert des populations désœuvrées que le pouvoir algérien assure la stabilité sociale d’un pays encore jeune qui n’a pu jusqu’ici créer une économie diversifiée, capable de satisfaire aux besoins de sa population active. Sans oublier la manne des retours de devises.
Dans ce contexte, les intérêts des populations françaises et européennes s’effacent à force de n’être pas défendus. Depuis la mise sur la touche d’Aymeric Chauprade, avec lequel je ne suis pas toujours d’accord, le niveau d’analyse des forces politiques alternatives sur ces questions ne laisse pas espérer d’amélioration dans les années à venir. Les politiciens gaulo-souverainistes qui présentaient Tsipras comme le héraut (κήρυκες chez les Grecs) de la résistance des peuples à l’UE il y a encore trois jours ne disposent visiblement pas des moyens intellectuels pour se saisir de ces questions de façon pertinente.
L’étau se resserre. « Pile » tu perds, « Face » je gagne ! Sauf si, par un de ces accidents de l’histoire, tout bascule et que Européens et Français renversent la table et dressent sur leurs boucliers les hommes et les femmes capables de faire face. L’imprévu dans l’histoire…
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