En exclusivité sur i24news, l'écrivain israélien brise le silence qu'il aime tant avant la sortie de son livre
A l'occasion de la sortie de son dernier livre, "Les Partisans", Aharon Appelfeld a reçu dans son appartement de Jérusalem l'équipe du magazine "Culture-Le Mag" d'i24news pour une interview exclusive.
Aharon Appelfeld est l'un des plus grands écrivains contemporains d'Israël. Né en 1932 à Cernowitz (alors en Roumanie), il coule une enfance heureuse qui est pulvérisée par la guerre lorsque sa mère est assassinée dès 1940. Le petit Aharon et son père sont déportés. il réussit à s'échapper des camps et des ghettos et se réfugie dans la forêt pendant 3 ans, une période durant laquelle il ne parle pratiquement pas.
Cette expérience de bête traquée dans le silence et le mutisme a façonné son rapport aux mots et au langage, il devient l'écrivain du silence.
Il n'est donc pas un grand bavard, il aime les silences et les blancs, ce qui rend par conséquent cette interview d'autant plus exceptionnelle.
Pour lui, la littérature est une composition musicale. "La musique de la phrase, l'atmosphère, les silences entre les mots sont mes sujets. C'est comme jouer de la musique classique. Nous n'allons pas chez un compositeur en lui demandant: expliquez votre musique", dit-t-il dans l'interview.
"Je joue, j'ai un violon intérieur, je joue pour des gens qui n'ont pas besoin de débat politique. Je joue pour des gens qui ont besoin de musique, besoin de silences, besoin de contempler. Je ne suis pas sioniste, je ne suis pas communiste, je suis juste un être humain".
"La Shoah est, et restera toujours une tristesse permanente pour le peuple juif. Une tristesse accompagnée de cette éternelle question : pourquoi est-ce arrivé? Pourquoi les gens se sont-ils comportés ainsi pendant la Shoah ? Pourquoi la guerre est-elle si moche ? Pourquoi la guerre est-elle si cruelle ? Ce sont des questions que la Shoah nous a laissée et qui resteront en suspens".
"Je n' aime pas le mot boycott, ce n'est pas dans mon vocabulaire, ce n'est pas dans le vocabulaire que l'être humain devrait utiliser. Boycotter, comme si c'était un pays raciste, boycotter Israel en prétendant que c'est un pays raciste, c'est faux", explique Aharon Appelfeld.
Il arrive en Palestine mandataire en 1946 et retrouve son père grâce aux listes de l'Agence juive. Il commence à écrire très tard, dans les années 60. L'allemand est sa langue maternelle, mais, outre l'hébreu qu'il a adopté, il parle le yiddish, l'ukrainien, le russe, l'anglais et l'italien. L'immense écrivain du silence ne peut se résoudre à s'exprimer en allemand, il choisit donc l'hébreu pour écrire ses livres, ses essais et ses nouvelles.
Aharon Appelfeld a été récompensé par de très nombreux prix dont le Médicis étranger en 2004 pour "Histoire d'une vie".
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