samedi 15 novembre 2014

Mistral : Hollande au pied du mur......


Moscou donne deux semaines à la France pour livrer le «Vladivostok», faute de quoi il exigera des pénalités.

Les pressions exercées par la Russie dans l'affaire du Mistral, qui empoisonne les relations internationales depuis l'annexion de la Crimée par la Russie en mars, n'interviennent jamais par hasard. L'ultimatum d'une source «haut placée», qui donne deux semaines à la France pour livrer le premier des deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) vendus à la Russie, a été lancé à la veille de l'ouverture du G20 en Australie
Il intervient aussi le jour où devait avoir lieu la cérémonie de remise des clés du Vladivostok à la marine russe, à Saint-Nazaire, annulée depuis. Et au moment où l'Union européenne envisage de nouvelles sanctions contre la Russie, accusée d'attiser la guerre dans l'est de l'Ukraine. Les menaces des autorités russes, qui préviennent que la France s'expose à de «sérieuses» compensations financières en cas de rupture du contrat, visent à diviser les Européens et à forcer François Hollande à sortir du bois.

Ambiance de guerre froide

À ce dossier dont il a hérité de son prédécesseur et qui s'est transformé en patate chaude, le président français ne peut plus apporter aujourd'hui qu'une mauvaise solution. S'il renonce à livrer le Vladivostok, l'État français devra non seulement rembourser le prix du bateau, déjà acquitté par la partie russe, mais aussi s'exposer à de lourdes pénalités financières. 
La parole et la réputation de la France et de son industrie d'armement, qui négocient des contrats avec d'autres pays, risquent d'en être affectées. Mais si la France honore la vente alors que la Russie de Vladimir Poutine s'est rendue coupable d'agression militaire vis-à-vis de son voisin ukrainien, c'est la confiance de ses partenaires d'Europe orientale et des États-Unis qu'elle risque de perdre, et la sécurité européenne, déjà bien éprouvée, qu'elle mettrait une nouvelle fois à l'épreuve. 
Dans cette affaire éminemment politique, la question financière est pourtant annexe, reconnaissent des sources proches du dossier. «Le prix du BPC et des éventuelles pénalités est relatif. Car le manque à gagner qu'entraînerait une livraison du BPC, en termes de contrats futurs avec nos partenaires européens, notamment la Pologne, pourrait bien excéder le prix des Mistral» confie l'une d'elles.
Convaincu qu'il finirait à la fin par livrer le BPC, François Hollande a reporté la décision de mois en mois. Aujourd'hui, plus aucune date précise n'est avancée. La décision sera prise «le moment venu» affirme Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense. 
Paris espère pouvoir encore faire traîner les choses plusieurs semaines sans avoir à s'acquitter de pénalités de retard. «Nous savons exactement quelle est la date butoir même si nous restons délibérément dans le flou», explique une source proche du dossier.

Enfermé dans un piège

En liant, le 4 septembre, la livraison du BPC au règlement politique de la crise en Ukraine, le président français s'est lui-même enfermé dans un piège. De la même manière que Nicolas Sarkozy, lorsqu'il avait signé le contrat en 2011, avait parié sur Medvedev et misé sur une normalisation du pouvoir, Hollande a cru à tort que le Kremlin était prêt à l'apaisement. 
C'est dans une ambiance de guerre froide marquée par une vive recrudescence de l'activité militaire russe dans l'est de l'Ukraine que doivent se rencontrer, en marge du G20, François Hollande et Vladimir Poutine. La France ayant convaincu ses partenaires européens de renoncer au caractère rétroactif des sanctions sur les ventes d'armes (niveau 3), elle se retrouve aujourd'hui seule à devoir décider. «Nous ne pouvons même plus nous retrancher derrière Bruxelles», regrette une source bien informée. 
Le contrat des BPC serait en outre «déséquilibré». Très favorable aux Russes, il n'inclurait notamment aucune clause suspensive en cas de violation du droit et des traités internationaux. Rien d'étonnant à ce que ce soit Moscou qui mène la danse... 
Pendant ce temps à Saint-Nazaire, les étapes qui doivent mener à terme au transfert du bateau n'ont pas été interrompues. Le Vladivostok est passé sous pavillon russe vendredi après-midi, comme l'atteste une capture d'écran de Marine Traffic. Selon DCNS, il s'agit uniquement «d'un test».

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