Les exécutions par décapitations mises en scène dans la dernière vidéo mise en ligne par l’agence de presse de l’Etat islamique (EI) [1] seraient le fait, soit d’une unité de combattants étrangers de l’EI, soit d’une sélection de combattants étrangers de différents pays.
Le ressortissant français Maxime Hauchard, 22 ans, alias Abdallah Al-Faransi, a été identifié parmi les bourreaux. Selon des sources djihadistes en ligne, d’autres membres de l’escadron seraient européens, mais leur identité reste inconnue.
Ci-dessous les informations obtenues par MEMRI à partir du profil Facebook de Hauchard, fermé en juillet 2014.
Maxime Hauchard, alias Abdallah Al-Faransi, Facebook 2014.
Facebook de Maxime Hauchard, combattant djihadiste et membre de l’escadron de la mort de l’Etat islamique.
Maxime Hauchard, alias Abdallah Al-Faransi, est né en 1992 dans un petit village de l’Eure, Le Bosc-Roger-en-Roumois. Il évoque sa radicalisation par le biais de lectures, d’enregistrements audio et de vidéos trouvées sur Internet, après sa conversion à l’islam à l’âge de 17 ans.
Son profil Facebook retrace l’histoire d’un jeune Français fraîchement converti à l’islam, indigné par les mauvais traitements infligés aux musulmans en Europe, et par leur condition déplorable dans le monde entier, selon lui. Son désir de se perfectionner en arabe et son intérêt pour le bien-être de ses coreligionnaires musulmans l’amènent à voyager en Afrique de l’Ouest, en Mauritanie et au Maroc, où il est enseignant bénévole en cours préparatoire.
Selon les informations partagées sur Facebook, il arrive en Syrie en août 2013, après avoir traversé la ville turque de Ganzantiep, où il entre en contact avec les recruteurs de l’Etat islamique [EI]. Après avoir suivi un entraînement, il intègre une unité de muhajirun – émigrants – composée principalement d’hommes en provenance de pays arabes, mais aussi de quelques Européens.
Il raconte qu’il vit dans une base de l’EI avec d’autres combattants, n’étant pas encore marié. Il poste de nombreuses photos de lui-même, posant avec des armes, y compris des armes lourdes, au grand étonnement de ses amis restés en France qui l’exhortent, dans leurs commentaires, à rentrer chez lui.
Hauchard affirme s’être trouvé à Mossoul avant la prise de la ville par l’EI, et avoir participé à un combat d’infanterie intense et régulier. Il déclare qu’en tant que groupe, l’EI souhaite « répandre la loi d’Allah sur terre » et « élargir les frontières de l’État [islamique] ». En tant qu’individu, il aspire à mourir en martyr. Il se fait connaître de l’opinion en juillet 2014 en accordant une interview à une chaîne de télévision française [2], et en se montrant actif sur Facebook, jusqu’à ce que son compte soit fermé.
En mai 2014, il explique sur Facebook : « Ici, on n’est plus une organisation, on n’est plus Al-Qaïda, on n’est plus une guérilla, on n’est plus cachés ; nous somme un Etat. Ça veut dire quoi ? Moi je vis à la caserne, mais par exemple il y a beaucoup de frères qui sont mariés, peut-être avec une, deux, trois ou quatre femmes, qui ont des enfants, ils ont des maisons dans lesquelles il vivent avec leurs familles, ils ont un travail. Il peut être soldat, s’occuper de la logistique, ou travailler dans l’administration et rester dans son bureau, il peut travailler dans le service de Dawa [prosélytisme], dans la station de radio, il peut être juge dans un des tribunaux, il peut travailler à l’hôpital, ou dans la police. Eh oui, nous avons mis en place des services publics, et il faut bien des frères qui y travaillent. Tous les mois nous avons un salaire, l’eau et l’électricité sont gratuits pour tous. Il n’y a pas d’impôt ou de taxe, l’Etat te donne une maison et une prime pour le mariage et pour chaque enfant. Et le travail des soldats est varié : tu peux faire partie des divisions d’attaque, de l’artillerie, des snipers, des chars, ou monter la garde aux frontières ou sur un barrage routier. Bref c’est le Djihad, mais dans un Etat islamique. »
En mars 2013, Hauchard est enseignant bénévole en cours préparatoire en Mauritanie.
Capture d’écran d’un post Facebook de mars 2013, avant qu’Hauchard ne rejoigne l’EI. Il partage une vidéo montrant des enfants morts en Syrie : « Les images sont choquantes, la situation l’est encore plus. N’oublions pas nos courageux frères et sœurs de Syrie dans nos invocations. Et arrêtons de nous plaindre ! »
Tout juste arrivé en Syrie, Hauchard partage un lien vers un article d’un magazine salafiste, intitulé : « Les djihadistes, super-héros des temps modernes ? Comme des super-héros, ils s’envolent de leur pays vers des terres inconnues pour livrer des combats sans fin. Comme des super-héros, ils défendent la veuve et l’orphelin, les opprimés… »
En mars 2014, il partage cette photo sur Facebook et déclare : « Voilà le cratère d’un missile qui a explosé à 200 m de moi et d’un frère lorsque l’on était de garde sur la base. Il est tombé dans le champ, et il avait plu la veille, il s’est donc enfoncé avant d’exploser. Dégât léger, mais le cratère est vraiment impressionnant, a priori un missile Scud ». Ses amis commentent et plaisantent : « C’est étonnant l’arrière-plan : on dirait la Normandie !! »
Photos partagées par Hauchard sur Facebook, à Raqqa en 2014.
Photos partagées par Hauchard sur Facebook en mai et juillet 2014, le montrant posant avec différentes armes. En bas à droite, il pose avec son unité avant le déploiement.
Capture d’écran d’Abdallah Al-Faransi de la vidéo de décapitations de l’EI du 16 novembre 2014.
Capture d’écran d’Abdallah Al-Faransi de la vidéo de décapitations de l’EI du 16 novembre 2014.
Notes :
[1] Voir rapport MEMRI JTTM New Video: ISIS Beheads American Hostage Peter Kassig, Dozens Of Syrian Officers, 16 novembre 2014.
[2] BFM-TV, 11 juillet 2014.
[2] BFM-TV, 11 juillet 2014.
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