Laurent Fabius, élevé dans la religion catholique, était, aux dernières nouvelles, un laïc intransigeant. Dès lors, on peut se demander à quel titre il vient dire ce qui est musulman et ce qui ne l’est pas.
Emboîtant le pas à Barack Obama, Laurent Fabius a décidé en septembre dernier de ne plus appeler l’État islamique par le nom que celui-ci s’est donné, mais uniquement par son acronyme arabe « Daech ».
Le ministre expliquait son changement de vocabulaire par deux tweets du 10 septembre :
« Il ne faut pas parler d’État islamique sous prétexte que c’est le nom qu’ils se sont donné, c’est leur faire trop d’honneur. »
« Ils ne sont pas un État et ne représentent en rien l’islam, ce sont des égorgeurs, je les appelle donc les égorgeurs de Daech. »
On comprend bien le double objectif du ministre : à la fois contester la légitimité de l’État islamique et éviter de stigmatiser les musulmans de France en les assimilant aux crimes commis par ces djihadistes. Cependant, les arguments employés par Laurent Fabius sont quelque peu déconcertants.
Tout d’abord, comment dénier la qualité d’« État » à un mouvement qui contrôle la moitié de l’Irak et de la Syrie, qui y a instauré police et tribunaux islamiques et qui s’apprête à battre sa propre monnaie ?
Un élément de réponse peut être trouvé dans l’ADN politique de Laurent Fabius. En effet, pour un énarque socialiste, l’État est le détenteur de toute légitimité. Le seul moyen de contester la légitimité du groupe djihadiste est donc de lui contester la qualité d’« État ».
Par ailleurs, au nom de quoi Fabius peut-il affirmer que l’État islamique « ne représente en rien l’islam » ?
On sait que, dans l’islam sunnite, aucune instance n’a d’autorité absolue pour donner la juste interprétation du Coran. Il en résulte qu’un musulman peut très bien avoir une interprétation du Coran différente de celle d’un autre musulman.
Or, le Coran comporte des versets assez contradictoires. Certains sont d’une magnifique tolérance (par exemple s.10, v.100 : « Est-ce à toi de contraindre les hommes à être croyants, alors qu’il n’appartient à personne de croire sans la permission de Dieu ? »), d’autres sont au contraire très belliqueux (notamment le verset du sabre, s.9, v.5 : « Après que les mois sacrés se seront écoulés, tuez les polythéistes partout où vous les trouverez […]« ).
Un débat existe parmi les musulmans pour déterminer quels versets l’emportent sur les autres. La question est alors de savoir quel est le message que Dieu veut transmettre à travers le Coran. Mais elle n’a évidemment de sens qu’à partir du moment où l’on admet que le Coran est la parole de Dieu. La participation d’un non-musulman à ce débat serait aussi incongrue que celle d’un végétarien au concours de plus gros mangeur de hot dogs !
Laurent Fabius, élevé dans la religion catholique, était, aux dernières nouvelles, un laïc intransigeant. Dès lors, on peut se demander à quel titre il vient dire ce qui est musulman et ce qui ne l’est pas. S’est-il converti à l’islam ? Ou a-t-il la prétention d’enseigner aux musulmans leur propre religion ?
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