vendredi 1 août 2014

Un geste vers la coexistence en Egypte : L’iftar dans une synagogue du Caire, avec des représentants des minorités égyptiennes.....


Le 9 juillet 2014, un événement peu commun a eu lieu à la synagogue Shaar Shamayim du Caire : des représentants des minorités ethniques et religieuses égyptiennes ont participé à l’iftar, le repas du soir qui rompt le jeûne du Ramadan. Des bahaïs, des chrétiens, des juifs, des Amazighs (Berbères), Nubiens et autres ont participé au premier iftar jamais organisé là-bas, sous haute surveillance.
Etait aussi présent le religieux d’Al-Azhar Muhammad Abdallah Nasser, connu comme « le prédicateur de la place Tahrir », également coordinateur du Mouvement des Hommes d’Al-Azhar pour un État civil. [1]
Cette cérémonie sera la première d’une série de rencontres annuelles organisées chaque année par une minorité différente.
Un représentant amazigh : Cette cérémonie symbolise un changement dans la société égyptienne
La cérémonie a été tenue par l’Alliance égyptienne des minorités, une organisation fondée en 2012, après l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans (FM). L’organisation est née pour protester contre la constitution ratifiée sous le régime des Frères qui, selon l’un de ses fondateurs, Mina Thabet, ne représentait pas tous les Égyptiens. [2] Thabet a ajouté que lorsque la Constitution égyptienne de 2014 a été rédigée, un document de 30 articles relatifs aux droits et libertés des Egyptiens a été soumis au comité de rédaction. Sur les trente, cinq ont été approuvés par le comité. 
Dans le même temps, l’article de la nouvelle Constitution portant sur la foi religieuse, qui protège la liberté de religion, mais conditionne la pratique des rituels, demeure débattu. [3]
Un rapport détaillé du quotidien saoudien basé à Londres Al-Sharq Al-Awsat consacré à l’iftar à la synagogue était favorable au régime égyptien, notant que tous les participants ont « exprimé leur affinité avec leur [identité] égyptienne », et qu’ils étaient heureux « d’exprimer leur culture unique pour la première fois en 60 ans, grâce à la nouvelle constitution ratifiée par les Egyptiens, début 2014 ». [4]
(Source : egyptianstreets.com, 10 juillet 2014)
Selon Amani El-Washahi, conseillère des affaires amazighes en Egypte auprès du président de l’Organisation amazigh mondiale, l’iftar témoigne de changements en Egypte : « Si nous avions émis cette idée il y a quatre ans, elle aurait été rejetée. » Faisant l’éloge de la tolérance des minorités en Egypte aujourd’hui, elle a dit : « L’Egypte englobe des minorités différentes du point de vue culturel, religieux et ethnique, et le but de cette réunion était de promouvoir des valeurs de coexistence pacifique, de tolérance et d’acceptation de l’autre. » [5]
Magda Haroun, dirigeante de la communauté juive d’Egypte (Source : Al-Sharq Al-Awsat, Londres, 11 juillet 2014)
La minorité juive est la plus petite d’Egypte
Dans une interview parue dans Al-Sharq Al-Awsat, Al-Washahi déclare que le premier iftar devait avoir lieu à la synagogue du Caire car, de toutes les minorités d’Egypte, la minorité juive est la plus petite : « Nous avons décidé de commencer avec la minorité juive, parce que c’est la plus petite minorité d’Egypte ; ils ne sont pas plus de 19 [juifs]… et leur nombre va diminuant. Le plus jeune juif à plus de 60 ans, ce qui signifie que, dans une décennie ou deux, il n’y aura plus de juifs en Egypte. Nous allons bientôt nous séparer de l’une des plus anciennes minorités du pays. »
Dans les médias égyptiens, quelques réserves sur l’iftar en raison du conflit Israël-Hamas à Gaza
Au regard des combats entre Israël et le Hamas déclenchés la veille, certains journalistes égyptiens ont protesté contre l’initiative. La dirigeante de la communauté juive égyptienne Magda Haroun a précisé à Al-Sharq Al-Awsatt que l’iftar était sans rapport avec les événements de Gaza, et avait été prévu longtemps à l’avance. Et d’ajouter qu’il avait pour objectif de « montrer au monde que nous sommes les fils d’une seule patrie, et que le débat communautaire ou religieux n’a aucun lien avec quoi que ce soit d’autre. C’est la première fois qu’une telle rencontre a lieu dans une synagogue juive. »
Haroun a également déploré que certains des représentants des minorités invités aient émis des réserves sur la tenue de la cérémonie à la synagogue, refusant d’y participer. Mettant l’accent sur son identité égyptienne, elle a avancé : « Je le regrette, parce que la synagogue n’est pas une colonie, mais fait partie de la rue Adly, une partie de l’Egypte qui existe depuis plus de cent ans, et ceux qui l’ont construite étaient des Egyptiens… »
« Je n’ai pas du tout l’impression de faire partie d’une minorité. Je suis à la maison ; je suis en Egypte. Cette réunion n’entend pas attirer l’attention sur les minorités pour autre chose que la rencontre [qu'elle représente], afin que les gens fassent connaissance et se respectent mutuellement. Parce que la diversité reflète la richesse linguistique, culturelle, artistique et autre du patrimoine égyptien. » [6]
Notes :
[1] En 2013, le Mouvement des Hommes d’Al-Azhar pour un Etat civil a été créé à Al-Azhar par cheikh Muhammad Abdallah Nasser. Le mouvement, qui ne représente pas officiellement Al-Azhar, prenait position contre les Frères musulmans.
[2] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 11 juillet 2014.
[3] La nouvelle constitution garantit la pleine liberté de religion, à l’instar de la version de 1923. L’individu peut choisir sa religion, même non monothéiste, ou choisir de n’appartenir à aucune religion. La liberté de culte, pourtant, est limitée aux religions monothéistes. Voir enquête et analyse de MEMRI n° 1049, Egypt’s Draft Constitution 2014: Focus On De-Islamization, Expansion Of Military Power, le 10 janvier 2014.
[4] La nouvelle Constitution, ratifiée par référendum en janvier 2014, reconnaît la pleine égalité des droits entre les citoyens, indépendamment de la religion et du genre, et souligne que l’appartenance au pays est fondée sur la citoyenneté. Elle garantit le droit des non-musulmans à être jugés sur des questions selon la loi de leur religion, et leur assure la liberté de conscience. Pourtant, comme mentionné dans la note précédente, la liberté de culte est limitée aux religions monothéistes. Voir MEMRI enquête et analyse n° 1049, Egypt’s Draft Constitution 2014: Focus On De-Islamization, Expansion Of Military Power, le 10 janvier 2014.
[5] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 11 juillet 2014.
[6] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), le 11 juillet 2014.

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