mercredi 13 août 2014

Un écrivain musulman indien qualifie l’offensive israélienne à Gaza de « campagne de financement » et s’interroge sur le but des manifestations anti-israéliennes organisées par des musulmans en Inde : « La question est de savoir ce que attendons de ces manifestations »


Dans un article récent, le célèbre écrivain musulman indien Kashif-Ul-Huda s’interroge sur les manifestations anti-israéliennes relatives à la situation dans la bande de Gaza, notamment sur celles de musulmans indiens. Son article, intitulé « Les manifestations anti-israéliennes sont vaines », a été publié le 24 juillet, veille de la dernière prière du vendredi du Ramadan. Notons que le dernier vendredi du Ramadan est également « Yaum-e-Qods, » ou « Jour de Jérusalem », journée annuelle soutenue par l’Iran, dont l’objectif est de protester contre Israël.
L’article de Kashif-Ul-Huda a été publié par Twocirlces.net, site dont il est l’éditeur. Il porte principalement sur les questions musulmanes indiennes. Le site peut être décrit comme sympathisant des causes islamiques. Kashif-Ul-Huda vit aux États-Unis et s’est efforcé, par ses écrits au fil des ans, de fournir un leadership intellectuel aux musulmans d’Inde.
Dans cet article, Kashif-Ul-Huda note que les protestations des musulmans indiens n’ont pas donné de résultats dans le passé. Il rappelle également aux lecteurs que les manifestations en Inde ont souvent été accompagnées de violences, entraînant la perte de vies humaines. Il souligne que les protestations des dirigeants musulmans indiens sur des questions internationales, dans ce cas l’offensive israélienne dans la bande de Gaza, sont une échappatoire face à leur incapacité d’influer sur la vie quotidienne des musulmans indiens.
L’auteur propose un cadre constitutionnel aux musulmans indiens désireux de se mobiliser avec d’autres communautés marginalisées, déclarant : « Les musulmans [d'Inde] devraient descendre dans la rue pour exiger leurs légitimes droits constitutionnels, en joignant les mains avec d’autres groupes marginalisés, également confrontés à la négligence et à la discrimination par les élites dirigeantes. Réunissons nos efforts autour de ces demandes spécifiques et réalisables, ayant un impact mesurable…  » Extraits:
« Alors que des manifestations anti-israéliennes s’organisent dans toute l’Inde, nous devrions aussi faire une pause et réfléchir à ce qui a été accompli à l’échelle internationale avec ces manifestations, et à leurs implications locales »
Nous sommes dans le dernier tiers du mois de Ramadan, une période marquée par l’augmentation du temps passé dans l’adoration et le souvenir du Seigneur des mondes. Certains musulmans passent les dix derniers jours de ce mois dans la solitude, dormant moins et consacrant la plus grande partie de leur temps d’éveil à la dévotion. Mais ce Ramadan-ci, de nombreux musulmans se sont répandus dans les rues pour protester contre la guerre d’agression d’Israël contre les Palestiniens à Gaza. Les photos et les vidéos de Gaza sont en effet terribles et les gens ont le droit de manifester leur colère dans les lieux publics et [sur] les médias sociaux.
Mais alors que des manifestations anti-israéliennes s’organisent dans toute l’Inde, nous devrions aussi faire une pause et réfléchir à ce qui a été accomplis à l’échelle internationale avec ces manifestations, et à leurs implications locales.
Il y a près de deux ans, une grande manifestation dans l’Azad Maidan, à Mumbai, a dégénéré en violences ; deux jeunes musulmans ont perdu la vie, et les blessés ont été nombreux. Cette manifestation avait été organisée en signe de colère, suite au meurtre de musulmans du Myanmar [ou Birmanie, par des bouddhistes] et de l’Assam [États du Nord-Est indien, par des tribus non musulmanes locales]. Qu’est-ce que ces manifestations ont donné ? La vie des musulmans de l’Assam et du Myanmar est toujours aussi dure, sans justice à l’horizon, ni amélioration de leur situation en perspective dans un futur proche. Or ce n’est pas la première fois que les manifestations dégénèrent en violences, ni la dernière.
Si vous mobilisez les gens sur une question sensible, en y associant de l’énergie religieuse, vous obtenez une charge explosive puissante. C’est au pouvoir de voir s’il est capable d’exploiter cette énergie à bon escient.
« Le leadership musulman indien et les organisations… se concentrent sur des problèmes internationaux ou sur des non-problèmes qui soi-disant ‘menacent l’islam’ » ; « Ce pourrait être parce qu’ils savent qu’ils n’ont ni le pouvoir, ni l’influence nécessaires pour apporter des changements à la vie quotidienne des musulmans d’Inde »
Il y a environ cent ans, la question religieuse de l’abolition de califat [en 1924] a été habilement utilisée par les Frères Ali [Maulana Muhammad Ali et Maulana Shaukat Ali] et par les dirigeants musulmans indiens de l’époque pour lancer une lutte anti-impérialiste et relancer le mouvement pour l’indépendance de l’Inde. Il n’y aurait pas eu un mouvement libertaire de masse [contre le régime colonial britannique en Inde] sans l’effort de mobilisation du Mouvement du califat [en 1919-1924 : mouvement pour la restauration du califat ottoman]. Aujourd’hui, nous n’avons pas de leadership capable de canaliser la colère et la frustration de nos jeunes pour les transformer en quelque chose de positif et de productif.
Le leadership musulman indien et les organisations se concentrent sur des problèmes internationaux ou des non-problèmes qui soi-disant ‘menacent l’islam’ (‘Islam khatre mein hai’ [slogan signifiant ‘l'islam est en danger']), sur des questions nationales et locales qui menacent la sécurité et la vie des musulmans (‘Musalmaan khatre mein hai’ [slogan signifiant 'les musulmans sont en danger’]). C’est peut-être parce qu’ils savent qu’ils n’ont pas de pouvoir ni assez d’influence pour provoquer un changement dans la vie quotidienne des musulmans d’Inde et de se concentrer sur les questions internationales. C’est une échappatoire face à la réalité.
Ce vendredi [25 Juillet] est le dernier juma [prière du vendredi] de ce Ramadan, que les musulmans appellent « Alvida Juma ». Ils sont plus nombreux que d’ordinaire à assister à cette prière dans les mosquées où des prières du vendredi sont proposées. Plusieurs des manifestations, de Mumbai à Calcutta, sont prévues ce jour-là, juste après les prières. Espérons juste que toutes ces manifestations demeureront pacifiques, sans casse et sans blessés, et que nul ne perdra la vie. Mais même si toutes ces manifestations demeurent pacifiques, nous devons nous demander ce que nous espérons atteindre par elles. Quels objectifs doivent-elles atteindre pour que nous puissions les qualifier de succès ?
Les organisateurs et leurs partisans seront prompts à répondre que nous espérons empêcher Israël de tuer brutalement des civils, enfants compris, dans l’offensive en cours dans la bande de Gaza. Certains pourront aussi dire que nous espérons que le gouvernement indien cessera de soutenir Israël.
« Examinons l’effet de ces manifestations sur Israël : rien. Israël a compris que la paix n’est pas son principal intérêt, donc il continue de générer des situations qui engendrent de la violence plutôt que de la paix »
D’abord, examinons l’effet de ces manifestations sur Israël : rien. Israël a compris que la paix n’est pas son principal intérêt, donc il continue de générer des situations qui engendrent de la violence plutôt que de la paix. Israël est le récipiendaire du montant énorme de financement du gouvernement américain et de la diaspora juive, car ils se présentent comme impliqués dans des conflits contre des Arabes « assoiffés de sang ». [...]

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

La grandeur de Binyamin Netanyahou....

Binyamin Netanyahou était en visite aux Etats-Unis pour la conférence annuelle de l’AIPAC. Cette visite devait être triomphale. Elle a ...