dimanche 3 août 2014

Israël-Gaza - Le journal de guerre de Danièle Kriegel (14) : deuil....


La guerre semble loin d'être terminée, mais Israël commence son deuil et rend hommage aux 64 soldats qui ont perdu la vie depuis le début de l'offensive.

Jérusalem, dimanche matin, 27e jour de guerre
Samedi soir, 20 h 30, Kfar Saba : toute la famille Goldin est sortie de chez elle pour une conférence de presse diffusée en direct sur toutes les télévisions et les radios. C'est le père, Simha, qui prend la parole le premier. Déterminé, il déclare : "J'ai commandé un bataillon. J'ai été réserviste jusqu'à l'âge de 50 ans. Je ne peux imaginer que l'armée abandonne un de ses soldats. 
Mon chef au commandement nord était Benny Ganz [l'actuel chef d'état-major] et je sais qu'il ne donnera jamais l'ordre de se retirer de n'importe quel endroit en laissant derrière lui un combattant." La mère d'Hadar ajoute : "Je demande à l'État d'Israël de ne pas quitter Gaza avant d'avoir ramené mon garçon à la maison. Hadar est le frère jumeau de Zur. Sa moitié. Ils se battent tous les deux à Gaza. Je demande à l'État d'Israël de ne pas abandonner Hadar, ni aucun enfant parti se battre pour la défense d'Israël."
Plus tard dans la nuit, le général Orna Barbivai - elle dirige le département du personnel de l'armée - et l'aumônier militaire, le général de brigade Rafi Peretz, frappent à la porte des Goldin. Ils sont accompagnés du ministre de la Défense Moshe Ya'alon - un cousin de Simha Goldin. Tous trois sont là pour annoncer la mort d'Hadar
Une décision basée sur des preuves médico-légales trouvées, dans un tunnel, sur le lieu de l'attaque au cours de laquelle le jeune sous-lieutenant de l'unité d'infanterie Guivati a été capturé par un commando du Hamas. Des conclusions acceptées par la famille Goldin. Les obsèques de leur fils auront lieu en fin d'après-midi dimanche.

"Nous n'avons pas que des droits. Nous avons des devoirs."

Dimanche matin, une chaîne de télévision a décidé de revenir à la normale. Comme avant la guerre, elle a terminé la matinale tout-info à 9 heures. L'émission comportait des débats et des explications sur ce que d'aucuns appellent "un retrait unilatéral partiel", "une pause dans les combats", "un redéploiement sur de nouvelles positions" - c'est selon. 
Puis, dans la dernière demi-heure, un invité intervient : Benjamin, le frère d'Omer Gotlieb, un soldat tué au combat. Il avait un peu plus de vingt ans, aimait son pays, le monde et le basket. Comme toute la famille, il votait Meretz, cette petite formation sioniste à la gauche du parti travailliste. La présentatrice est intriguée : "Omer appartenait à une unité d'élite et il était de gauche. 
Comment expliquez-vous cette dissonance ?" La réponse de Benjamin est immédiate : "Vous savez, comme citoyens, nous n'avons pas que des droits. Nous avons des devoirs." (Je ne sais pas pourquoi, je pense à cette réflexion lancée à une de mes proches - la jeune femme est née en Israël - : "Comment peux-tu être juive et de gauche ?")
Plus tard, évoquant le chagrin de celle qui partageait la vie de son frère, Benjamin dit : "J'espère de tout mon coeur qu'elle surmontera cette perte et qu'elle retrouvera un compagnon. Car pour elle comme pour nous tous, pour notre famille, il faut que la vie reprenne le dessus. Nous le devons à Omer." 
Sur l'écran, les noms et les photos des 64 soldats tués, depuis le début de la guerre, défilent. En toile de fond, un chanteur qui est accompagné au piano. Des paroles et une musique écrites pour la circonstance. Sur une chaîne concurrente, un jeune homme chante à la mémoire d'un ami à lui, Daniel Pomerantz, de l'unité des Golani, tué dans les premiers jours de l'offensive terrestre. Il avait 20 ans. La fin de la guerre ? Personne ne le sait vraiment. Mais le pays commence son deuil.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

La grandeur de Binyamin Netanyahou....

Binyamin Netanyahou était en visite aux Etats-Unis pour la conférence annuelle de l’AIPAC. Cette visite devait être triomphale. Elle a ...