En mars dernier, Israël a saisi une cargaison de missiles M-302, en provenance d'Iran et manifestement destinées aux mouvements palestiniens de la bande de Gaza.
L'enclave palestinienne est théoriquement coupée des approvisionnements en armes. Les arsenaux du Hamas et du Djihad islamique en roquettes et obus ont pourtant été renforcés, sans toutefois égaler la force de frappe d'Israël.
En trois jours d'escalade entre Israël et Gaza, le Hamas et le djihad islamique ont surpris en lançant des roquettes en profondeur sur le territoire. Mercredi, Haïfa, une ville à 160 kilomètres au nord de l'enclave, était ciblée. On dit pourtant le Hamas affaibli. Depuis la dernière opération de l'armée israélienne à Gaza, ses relations avec certains alliés se sont tendues: l'Iran et le Hezbollah libanais depuis l'engagement dans le conflit syrien, l'Egypte avec la chute des Frères musulmans.
Mais l'organisation, élue et très ancrée dans le tissu social,
a des ressources. "Paradoxalement, le mouvement renforce sa position à l'intérieur de son camp. Les extrémistes (du Djihad islamique, ndlr) ont beaucoup reproché au Hamas son rapprochement avec le Fatah en avril dernier: cette opération permet de montrer que le Hamas n'a pas trahi ses idéaux de libération du peuple palestinien", explique le chercheur Samy Cohen à L'Express.
Arsenaux technologiques
Pour poursuivre ce but, le Hamas et surtout son rival le Djihad islamique ont considérablement renforcé leur arsenal militaire. Les services de renseignements israéliens évaluent à 10 000 le nombre de roquettes et d'obus disponibles dans la bande de Gaza.
La technologie a évolué, si bien que certains missiles dernier cri, les M-302 (iraniens mais fabriqués en Syrie), peuvent frapper à 150 voire 200 kilomètres. Le Djihad islamique est aussi en possession de roquettes iraniennes Fajr 3 et 5 (45-70 km), de roquettes de fabrication chinoise WS-1 E (40 km) ou encore de missiles R-160 (160 km).
Le Hamas possède des missiles Grad (20 km) et fabrique ses propres roquettes, les M-75 (75-100 km). Avec ces armes de différentes portées, les mouvements palestiniens peuvent atteindre la quasi-totalité du territoire israélien.
Le Hamas a aussi développé un service de renseignements, une petite force de commando de marine et des tunnels bétonnés qui servent à la circulation des combattants et aux tirs de roquettes, ajoute Libération.
Iran, Soudan, Egypte, Gaza
Après la victoire du Hamas aux élections de 2006, non reconnue par la communauté internationale, des pièces détachées ont circulé massivement depuis l'Iran qui a également formé des experts militaires, explique Le Figaro.
"Les divergences d'opinions (survenues au printemps 2012, ndlr) entre les deux alliés quant au conflit syrien n'ont nullement entravé ces liens privilégiés", note Fanny Lutz du Groupe de recherches sur la paix et la sécurité (Grip), auteure d'un rapport sur la circulation des armes au Proche-Orient. En outre, la chute du régime Kadhafi, en Libye, et la dispersion de l'arsenal dans la région ont fourni aux contrebandiers un stock d'armes considérable.
Jusqu'à la chute de Hosni Moubarak, les tunnels souterrains de contrebande entre l'Egypte et la bande de Gaza ont servi à l'approvisionnement en armes, via Rafah au sud du territoire. Selon Fanny Lutz, l'Iran a utilisé une route aérienne jusque Karthoum, au Soudan, ou une route maritime jusqu'à Port-Soudan, plaque tournante du trafic d'armes dans la région.
Les armes suivaient ensuite une route terrestre via le Sinaï qui échappe au contrôle des différentes autorités égyptiennes. Les tunnels de contrebande sont inondés depuis août 2012, mais le Hamas et le Djihad islamique ont continué à recevoir des armes iraniennes depuis: en mars, Israël a intercepté des M-302 au large du Soudan. Selon l'Etat hébreu, ils étaient destinés à Gaza.
L'arsenal considérable des mouvements palestiniens est cependant loin d'égaler la force de frappe de son adversaire. L'Etat hébreu est doté d'une armée soutenue et financée en partie par les Etats-Unis: troupes au sol -récemment augmentées de 40 000 réservistes-, véhicules de combat, sous-marins, avions... En outre, depuis 2011 Israël défend son territoire avec le "dôme de fer".
Le système déployé sur quasiment tout le territoire peut repérer et intercepter les roquettes de courte portée qui doivent toucher des zones habitées en envoyant des missiles. Son efficacité à protéger le territoire est sujette à polémique entre l'armée et certains experts militaires, mais depuis le début de l'opération "Bordure protectrice", il a intercepté 45 missiles et Israël ne déplore aucune victime.
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/gaza-d-ou-viennent-les-arme

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