jeudi 8 novembre 2012

Les interlocuteurs du médecin....Par Gabriel Coatantiec,



Les interlocuteurs du médecin....Par Gabriel Coatantiec, pour Guysen international News ..

La médecine est un métier de communication où le malade est l’interlocuteur privilégié du médecin, mais il n’est pas le seul. 

Le médecin praticien est constamment l'objet de directives , recommandations, sollicitations, réglementations, parfois contradictoires, formant tout un réseau cherchant à l'influencer, à le cadrer, faisant de la profession médicale l'une des plus réglementées, les plus surveillées, les plus commentées qui soient, tant il est vrai que les problèmes de santé concernent de nombreux partenaires. En voici une dizaine d'exemples.

Le malade
C'est le «  colloque singulier » médecin-malade, dans le secret du cabinet médical. Un ministre de la santé avait déclaré : « Le malade doit être au centre de tout. » Ce dialogue est passé de nos jours d'une relation verticale et patriarcale où le malade obéissait au docteur sans discuter à une relation plus égalitaire entre deux partenaires où le malade a de nouveaux droits : le droit d'être informé, dans des termes «  simples mais exacts » pour connaître le rapport bénéfice/ risque de ce que le médecin propose comme examens, traitements ou opérations, pour pouvoir donner un     « consentement éclairé » , le droit d'accès direct à son dossier et à la possession de ses comptes rendus d'examens ou comptes rendus opératoires.  

La famille 
Ce n'est pas tout à fait la même chose et les intérêts peuvent diverger. Des enfants peuvent souhaiter inscrire un parent âgé en maison de retraite alors que l'intéressé s'y refuse. La famille est un interlocuteur du médecin et Il est légitime de donner des nouvelles d'un malade à sa famille, mais en tenant compte du secret médical auquel a droit le malade. Un médecin a par exemple été condamné pour avoir annoncé une séropositivité à un malade devant son épouse. D'ailleurs, un malade à l'hôpital peut désigner comme personne de confiance une autre personne qu'un parent.

Le conseil de l’ordre des médecins
Ce n’est ni un syndicat, ni une association, mais un organisme professionnel comparable à l’ordre des avocats, où l’inscription est obligatoire pour exercer la médecine en France.
Le conseil de l’ordre tient un tableau des médecins inscrits, vérifie les diplômes et qualifications, vérifie les contrats entre médecins ou entre un médecin et une clinique, donne son avis sur les sujets de société (démographie médicale, avortement, soins palliatifs …) veille à l’application du code de déontologie et est doté d’instances disciplinaires.

Les médias
Médecins et médias sont des interlocuteurs privilégiés et parfois difficiles.
Il existe d’une part une presse scientifique où des équipes vont publier les résultats de grandes études médicales.
Il existe aussi une presse professionnelle comme «  Le quotidien du médecin » et des journaux de formation continue comme «  Prescrire »
D’autre part, il existe des journaux grand public sur la santé comme «  Top santé » associant beauté, santé, conseils et des sites internet comme «  doctissimo »
Enfin, les journaux généraux ont tous une rubrique santé privilégiant parfois les nouveautés spectaculaires De façon générale, le médecin doit être prudent dans ses rapports avec les médias. Il ne doit pas les utiliser pour sa publicité personnelle ni donner de faux espoirs en vantant des procédés thérapeutiques non éprouvés avec des titres mensongers du genre : «  le cancer enfin.

La Justice
Médecine et Justice ne se comprennent pas toujours. Elles peuvent se rencontrer dans deux circonstances :

- la Justice a besoin de la Médecine : c’est le domaine de la médecine légale et des expertises où le médecin légiste est un auxiliaire de justice. Certains médecins sont assermentés et experts auprès des tribunaux pour éclairer le juge.

- le médecin peut être aussi un justiciable. Citons quelques motifs de plaintes au civil 

- le médecin peut être aussi un justiciable. Citons quelques motifs de plaintes au civil et parfois au pénal : «  non- assistance à personne en danger » , «  accident thérapeutique ou chirurgical », «  homicide par imprudence », «  défaut d’information ou de consentement éclairé » ., sachant que l’erreur de diagnostic et l’aléa thérapeutique ne sont pas en soi un délit , dans la mesure où la médecine n’est pas une science exacte et n’est pas infaillible, pas plus d’ailleurs que la Justice.

Les sociétés savantes
Ce sont des associations réunissant les médecins d’une même spécialité. Elles ont leurs adhérents, leur revues, leur congrès dont l’intérêt est double : voir des confrères et se maintenir au courant. Les médecins connus y font régulièrement des « communications » sur leurs travaux, relayées par les revues médicales. Il existe aussi des associations d’enseignement post universitaire (EPU) qui organisent des réunions régulières. Les sociétés savantes établissent aussi des «  recommandations » , des «  guides » de «  bonne pratique clinique » qui font autorité, même s’ils n’ont pas force de loi . 

Les autres médecins
Chaque médecin est en relation avec de nombreux confrères. Il reçoit des courriers des spécialistes à qui il a adressé un malade, des chirurgiens, des médecins de l’hôpital ou de la clinique. Il fréquente ses confrères en cabinet de groupe ou pour établir une liste de garde sur la commune. Certains clients sont communs et les relations entre médecins sont parfois difficiles, faisant penser à cette plaisanterie : «  Cher confrère et néanmoins ami. »

….et les professions paramédicales
Le médecin est également l’interlocuteur privilégié des professions paramédicales dont l’intervention nécessite une prescription : infirmière, assistante sociale, kinésithérapeute, diététicienne, ambulanciers. Il est aussi en communication avec le laboratoire d’analyses médicales dont il reçoit maintenant les résultats par Internet, avec le centre d’imagerie médicale et avec les pharmacies de la région..

Les assurances.
Le médecin et les assureurs sont des interlocuteurs privilégiés et parfois difficiles :

- l’assureur sollicite fréquemment des certificats auprès du médecin, pour vérifier les causes d’exclusion du contrat de son assuré : par exemple certificat de mort naturelle si le contrat d’assurance vie excluait le suicide. Mais l’assureur se heurte fréquemment au «  secret médical » et les litiges sont fréquents.

- par ailleurs , le médecin est lui-même assuré , par exemple au «  Sou médical » et , surtout dans certaines spécialités à risque où les accidents sont assez fréquents, comme l’obstétrique, la chirurgie et l’anesthésie, les primes d’assurance augmentent de façon importante. 

La « Sécurité sociale » et le ministère de la Santé.
On les appelle les «  autorités de tutelle »

Dans la mesure où les assurés sociaux sont remboursés de leurs soins, selon le principe : «  qui commande paie et qui paie finit par commander», la «  Sécurité sociale » surveille l’activité des médecins par des tableaux statistiques , fixe les tarifs conventionnels, érige des normes et s’ est même dotée d’instances disciplinaires pour faire comparaître le médecin accusé de dérapage financier ,les sanctions pouvant aller jusqu’au «  déconventionnement », c’est-à-dire au non remboursement des malades du médecin condamné.
Les ordonnances mentionnent maintenant un numéro d’identification du médecin et contiennent même un code barre comme dans les grandes surfaces.

Le ministère de la Santé, quant à lui, rédige de nombreuses circulaires pour encadrer l’activité médicale : établissement de l’AMM (autorisation de mise sur le marché) des médicaments, campagnes de santé publique comme celle contre la grippe H1N1, réglementation sur la formation continue obligatoire, sur l’usage préférentiel des génériques, sur la carte vitale. 

Dans chacune des « régions sanitaires » définies par la «  carte sanitaire » a été nommé un directeur de « l’agence régionale de santé » (ARS) dont dépendant les hôpitaux et cliniques en matière de budgets, de postes et de restructuration. Un grand ministre de la santé, Bernard Kouchner a renforcé l’arsenal réglementaire des «  droits des malades » : consentement éclairé, information, accès direct au dossier, lutte contre la douleur. Mais tout ceci, admirable dans le principe, augmente chaque jour le poids des contraintes réglementaires encerclant l’activité médicale. 

Le médecin hospitalier a également d’autres interlocuteurs : le directeur de l’hôpital et le directeur des services économiques. La communication se fait de façon institutionnelle par l’intermédiaire d’une commission médicale consultative. 

Les réunions se multiplient : c’est la «  réunionite » et la réglementation s’alourdit : conseils de service, projets de service, visites d’accréditation, commission du médicament, tableaux de bord, traçabilité, identito-vigilance, direction de la qualité, contrôle de l’activité. 

Les Laboratoires pharmaceutiques.

Les médecins ne peuvent plus se passer des médicaments chimiques. Que l’on songe aux antibiotiques, aux corticoïdes, aux hormones, aux tonicardiaques, aux antalgiques, aux anesthésiques. Inversement, les laboratoires ne peuvent se passer des médecins qui sont un intermédiaire obligatoire entre eux et le public. Médecins et Laboratoires forment donc un couple inséparable. Les laboratoires sponsorisent d’ailleurs les congrès médicaux et les revues médicales et font des visites régulières auprès des médecins  par l’intermédiaire de «  visiteurs médicaux » Mais on a vu avec l’affaire du «  médiator » que des dérives sont possibles. 

Pour conclure 
Le médecin peut avoir de nombreux autres interlocuteurs : l’école (médecine scolaire, carnet de santé, certificats) , le monde du travail ( médecine du travail, arrêts de maladie, accidents du travail.), les maisons de retraite , les associations de malades comme les clubs «  cœur et santé » . Il apparaît ainsi souvent, non plus comme un praticien isolé, mais comme le chef d’orchestre d’une équipe, passant cependant   parfois plus de temps derrière son ordinateur ou à remplir des papiers qu’à ausculter le malade et à l’écouter.

Malgré les principes de la médecine libérale : liberté de prescription, liberté d’installation, paiement à l’acte auxquels est attaché le conseil de l’ordre des médecins, la médecine est de plus en plus encadrée , surveillée et réglementée par les autorités de tutelle . 

Souhaitons que les malades puissent toujours trouver à l’avenir des médecins A : comme aimables, B : comme bienveillants, C : comme compétents et cliniques, D : comme disponibles et E : comme expérimentés.

http://www.guysen.com/articles.php?id=18572&art_mail=1

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