30 ans environ que je pratique les Mitsvoths de la Thora de manière assidue.
Depuis le début de cette magnifique aventure spirituelle, j'ai rencontré beaucoup de gens merveilleux et, malheureusement, beaucoup de gens très dangereux.
En effet, au début nous n'étions pas très nombreux à respecer les lois juives, tout en ayant une vision
moderne de la Thora.
Mon premier maître fut le Rav Chaïm Rottenberg zatsal, le "Rouv". Cet homme était lumineux dans ses positions,
et d'une modestie rare. Un grand sage, bien que je n'étais pas en mesure d'évaluer ce genre de chose.
Avant de quitter ce monde il m'a demandé de m'occuper du suivi financier des institutions. Ce fut un très grand honneur, mais je savais que les choses ne seraient pas simple.
Enuite, j'ai eu la chance d'étudier en tête à tête avec le Rav Gronstein, devenu aujourd'hui l'un des grands sages
de la "chita"(obédience) harédi. Cet homme brillant était docteur en mathématique, enseignant à la faculté de Lille,
et un grand hakham.
En parallèle , je suivais d'autres cours absolument géniaux: le rabbin Bernheim qui, à l'époque, était d'une rareenvergure intellectuelle; Manitou, éblouissant; le Rav Pachter (loubavitch) déconcertant.
C'était une époque bénie pour l'étude, le "limoud".
Puis, j'ai suivi, par bonheur les cours d'Emmanuel Lévinas. Un peu comme si je vous disais j'ai étudié un peu de physique,
et j'ai fréquenté assidument l'enseignement d'Albert Einstein! ça se vaut! J'ai même eu la chance à plusieurs reprises
de la raccompagner à son domicile, en profitant du chemin pour parler avec lui. C'est les seules fois de ma vie où je rêvais
d'embouteillages monstres.
J'ai cotoyé aussi le Grand Rabbin Jaïs, homme d'une culture inouïe. Et le Grand Rabbin Chouchena, dont la présence à vos côtés est un honneur et un bonheur; tout chez lui appelait la curiosité et l'intelligence, l'humour et la gentillesse.
Et mon Maître, Raymond Cicurel z"l, qui m'a enseigné ce que si peu de rabbins sont en mesure de transmettre: la finesse juive.
Puis beaucoup d'autres. Mes amis: Rav Mendy Azimov, Gary Cohen. Un Rav que j'appréciait tant : Rav David Messas etc...
Quoi de commun dans à peu près toutes ces magnifiques figures de la Thora à Paris? Tout simplement l'honnêteté intellectuelle
et l'ouverture d'esprit.
Mon propos ici est d'aborder des sujets sensibles des dérives actuelles des milieux religieux parisiens qui m'inquiètent
quant à l'avenir des jeunes. Je précise que, évidemment, je ne mets surtout pas en balance le risque d'excès religieux et d'assimilation.
Car dans ce cas je remercie Hachem de maintenir et de développer l'orthodoxie si ça peut endiguer les mariages mixtes.
Je vais donc prendre quelques sujets sur lesquels les rabbins harédis m'agaçent sérieusement:
1)Parlons, pour commencer, d'un phénomène délirant: la cashroute. On observe depuis plusieurs dizaines d'années des situations cocasses si elles n'étaient pas d'une grande tristesse.
Ainsi, des gamins de 18, 20 ou 25 ans, chauffés par des rabbins de "troisième catégorie"décident de ne plus manger chez leurs parents. La plupart du temps, les parents obtempèrent et font un maximum d'efforts.
Résultat: ta vaisselle n'est pas trempée, la viande n'est pas "glatt"(halak), tu n'as pas deux éviers(les parents ont une cuisine de 6m2mais le fils exige deux éviers, etc...). C'est un exemple d'incapacité du gamin et du rabbin de mesurer les enjeux affectifs de cette rupture.
Pour moi, vous avez un idiot et un salaud! Point barre!
2)Un autre sujet "marrant". Il est interdit de faire la bise, ou même de serrer la main, d'une femme. Je comprends sincèrement cette indication lorsque la femme est une jeunette , et même si elle n'est pas très belle. Mais que dire quand cette femme est votre cousine, votre tante,une amie de la famille qui a 75 ans et qui vous a bercé quand vous aviez un an. Soyons sérieux: je refuse d'être une grenouille de bénitier, a fortiori dans des situations aussi ridicules. Vous faites la bise et ce serait l'antichambre d'une orgie ou quoi?
3)Un sujet semblable: les soirées séparées. J'avoue que, pour toutes les fêtes de la famille, il n'y a jamais eu de débat: les danses étaient séparées;et je peux comprendre que cela gêne certain, mais là la halakha est indiscutable, et surtout évidente. Mais désormais plus une seule fête orthodoxe ne se fait sans que les hommes soient d'un côté et les femmes de l'autre.
A jérusalem, j'ai étudié longtemps avec un jeune Rav très brillant dont je tairai le nom. Un jour, je l'aborde sur ce point et lui demande:explique moi pourquoi on sépare le mari de sa femme, pourquoi on n'est pas mélangés dans les tables. Il me répond que cette proximité risque de faciliter des attirances entre hommes et femmes . Je lui rétorque: mais que fais-tu le chabbat quand tu invites un couple d'amis.
Réponse: je n'invite pas! Ai-je besoin de continuer l'histoire? Ce cher Rav a donc décidé (et sûrement beaucoup d'autres) qu'il préférait sacrifier la qualité du chabbat, le rapport à l'autre, l'humanité, au profit d'une vision épouvantable du judaïsme, complètement coupée du monde. Parfois, je me demande sincèrement s'ils estiment que tous les hommes sont de très sérieux obsédés sexuels.
4)La télévision: quelle horreur! C'est Sodome et Gomorre. Ah bon? le journal télévisé, les débats politiques, les reportages sur Israel les matches de foot, de tennis,etc..Oui, je sais, il y a des films violents, et d'autres érotiques. De façon générale, si on me dit je n'ai pas de télé pour que nous puissions parler entre nous à la maison, qu'on ait plus de temps pour faire autre chose de moins passif, je dis bravo.
Mais quand le petit écran devient le centre de tous les reproches sur l’épanouissement spirituel, je rigole. Et je rigole doublement quand mes copains viennent chez moi pour le foot, ou le débat Sarkozy-Hollande.
La télé c'est comme tout: si on contrôle combien de temps, et ce qu'on regarde le risque est quasi-nul.
Et mes copains , en plus, n'ont pas le choix puisque les rabbins des écoles en font un critère d'acceptation ou de rejet de leurs enfants.
5)Internet: c'est la dernière en date. Les orthodoxes ne peuvent plus utiliser internet. Je n'ai pas suivi précisément l'étendue de cet interdit.
Globalement, une fois de plus, on vous empêche d'utiliser cet outil incroyable parce que certains pourrait cliquer sur : porno xxx...
Moi, je leur suggère d'interdire l'accès de tous les quartiers ou arrondissements proches des rues de prostituées, "au cas où"!
Ainsi, j'ai vu des écoles(que je connais très bien) sans ordinateurs .Voilà des enfants qui, à cause d'un obscurantisme hystérique,vont être , à la génération du "tout internet", incapable de tripoter un ordinateur. Ils seront donc
condamnés(pour eux c'est le paradis)à vivre aux crochets de la société, au collel. Au mieux , ils seront serveur dans un bar, plongeur, ou jardinier...Bel avenir dans un monde où la misère est palpable à pleurer.
6)On ne travaille pas, en principe. Ceux qui le font ont "l'autorisation" du Rav de ne pas crever de faim!
C'est le monde à l'envers. Maïmonide , considéré comme le plus grand sage de la tradition, a dit: celui qui mendie pour étudier
fait haïr la Thora. un autre principe" im ein kemah ein Thora; im ein Thora ein kemah"(s'il n'y a pas de farine il n'y a pas de Thora;s'il n'y a pas de Thora il n'y a pas de farine)
en résumé: on ne peut pas vivre sans Thora, ni sans travailler.
Je vous passe les gesticulations intellectuelles des harédims pour contrer pas facialement) Maïmonide et trouver une autre voie. A votre avis, qui paie l'addition? les enfants, qui vivent dans une misère terrible,avec des chaussures trouées tout l'hiver, des pantalons élimés, aucun petit déjeûner, et souvent pas de déjeûner. Ah mais travailler c'est vraiment pas
respectable!
7)un petit sujet de détente: les cigarettes. Il n'est plus possible aujourd'hui de mettre en doute la nocivité mortelle de la cigarette à haute dose.
Or, un magnifique principe de la Thora est la préservation à tout prix de la santé. Et dès qu'une chose est vraiment dangereuse elle est immédiatement interdite. Or, chose curieuse, une proportion importante des étudiants de Yéshiva ou de collel , ainsi que les rabbanims fument comme des pompiers. Certes des rabbins ont commencé à interdire la cigarette, mais ils sont ultra-minoritaires.
A votre avis, pourquoi cette contradiction hypocrite? Je me lance, et fais l'hypothèse que les rabbanims qui fument ont trouvé une "astuce" pour ne pas interdire, puisqu'ils ne sont pas capables de s'arrêter. Où est donc l'esprit de la Thora? Sérieusement, qu'est ce qui est plus grave de s'asseoir à la même table que son épouse et ses amis, ou se suicider à petit feu avec trois paquets de clopes par jour?
8)l'armée en Israel. Les orthodxes refusent de la faire dans l'immense majorité des cas. Je les comprends: ils ont le droit avec eux, et ils n'ont aucune "hakarat hatov"(reconnaissance) pour le pays dans lequel ils vivent. Pourquoi mettraient-ils en danger la vie de leurs enfants? Que les juifs qui, pour eux, ne sont que des "partiellement juifs" la fasse, et qu'ils soient en couverture puisque leur "sang est moins rouge".
Mais le problème c'est que dans la Thora il est expliqué que les guerrier les plus valeureux étaient les princes d'Israel. A cette époque,dans les guerres dites "défensives" tout le monde allait à la guerre. Alors comment ces orthodoxes triturent le texte? Pas besoin: il suffit de dire que les dirigeants, et la loi du pays , ne sont pas conformes à la halakha. Magbifique excuse qui méconnait l'histoire du peuple juif à travers les siècles. Car le strict respect des mitsvoths a duré peu de temps, mais l'enrôlement beaucoup plus de temps.
Bon, mais c'est quand même des rabbins, hein!
9)Je terminerai sur le sujet qui, d'une certaine manière, pourrait englober le reste: la culture. Tous ces gourous sont, pour moi, extrêmement dangereux dans la mesure où leur ignorance de tous les sujets de la vie, de la science, de la politique, les poussent à enfermer leurs élèves dans ces "cloîtres".
Aujourd'hui l'alibi c'est Rav Bénichou a fait polytechnique. Je pose une question: combien de ces Rav ont eu leur bac? Un seul type va donner le ton de toute la communauté? Je vois ces Rav formés à Meknes ou à Marrakech, à Aix les Bains ou à Pavée. Ils ne parlent généralement pas un français correct,
et ils pensent que ça fait chic.
Chic de quoi? de ne pas être capables d'exprimer une idée de façon précise.De limiter son étude à prendre un texte puis le traduire en français. Et finir par une jolie image d'un midrach pour donner l'impression qu'on fait de la "philosophie", comme monsieur Jourdain faisait de la prose.
Le pire, c'est que tous les sages de la tradition, Hillel, Chamaï, Rav et Avtalion, Rabbi Meir, Rabban Gamliel, Rabbi Yehohoua, Rabbi hanania,Rabbi Akiva, Rabbi Chimon Bar Yohaï, etc...étaient versés dans toutes les sciences. En étudiant certains passages on voit bien leur immense culture, en finances, en agronomie, en astronomie, etc...
Les rabbins d'aujourd'hui ont peur de "perdre leurs clients"(je n'ai pas peur des mots)et s'escriment à limiter les questions à de simple points techniques. Jamais vous ne verrez un de ces types ouvrir le débat comme l'a fait Lévinas;également parce qu'ils n'en sont pas capables.
Et le pire c'est l'expression "il y a tout dans la Thora". J'acepte cette expression évidemment, mais selon moi le "tout" suggère "toute l'éthique,les comportements, le respect , et les lois". Mais interpréter qu'il y a aussi les mathématiques, la physique, la chimie, c'est totalement pueril.
Ah c'est vrai vous trouverez comment calculer l'aire d'un rectangle.Est-ce que le théorème de Fermat est inscrit?Le rabbin qui vous le confirme vous lui donnez l'adresse de Sainte-Anne ou, c'est plus sympa là-bas, de la Manouba! Et les pauvres gamins omnubilés par les gourous en noir sont persuadés qu'ils n'ont pas besoin du reste.
Je leur dit: vous n'en avez pas besoin. Mais si vous avez accès à tel ou tel sujet profane qui vous intéresse vous allez adorer. Etudier certains textes de Bergson , de Vladimir Jankelevitch, ou même de Lévinas ou de Manitou, et vous n'aurez plus le même regard sur le monde.
Ecouter de la grande musique , ou s'approcher de chefs d'oeuvre de la peinture, c'est un peu plus jouissif qu'écouter un chanteur à "oy oy oy oy oy"ou regarder des lithographies de lettres hébraïques d'un nouveau Johnny de l'Art juif!
En conclusion, je dis franchement qu'il existe aujourd'hui un courant d'orthodoxie d'une rare malhonnêteté intellectuelle, dont les victimes sont les jeunes.
A Paris, en outre, ces petits juifs pensent avoir acquis des lettres de noblesse , et une indépendance d'esprit en s'écartant à l'excès du modèle familial.
Le costume noir et le chapeau tout aussi noir leur donne un statut et une respectabilité, même à l'égard des copains pas encore initiés.
Mais le chemin est creux. Pas de culture, pas de vraie curiosité intellectuelle, une fermeture d'esprit affligeante.
Ils ont sûrement des choses à prouver, des comptes à régler. Mais s'ils sont intelligents, je suggère de leur ouvrir les yeux , et de leur montrer toute l'hypocrisie du système, et son étroitesse intellectuelle.

Tous les rav que vous citez , mon cher, sont peu être vos Rav ; mais sachez , qu'en vous lisant, l'on peut assurer sans hésitation aucune que vous n'étiez certainement pas leur élève .
RépondreSupprimerTout a fait d'accord avec anonyme, mais faut-il comprendre pourquoi?
RépondreSupprimerOn sent dans le texte une demarche de recherche véritable et une ignorance des problème sociaux de notre génération.
entièrement d'accord, aucun de ces maitres dirait une chose pareille.
RépondreSupprimerDans le traité des Pirké Avot il ya marqué, réponds avec force à un incrédule goy pour lui (dé)montrer la bêtise de ses propos, mais ne tente pas de convaincre un incrédule juif, donc chalom mon frère.
RépondreSupprimerrarement vu quelqu’un d'aussi petit dans le cerveau qui a côtoyé autant de rabanim et qui dit "30 ans environ que je pratique les Mitsvoths de la Thora de manière assidue" et prononcer un discours pareil
RépondreSupprimerTout a fait d'accord avec l'auteur, toujours aussi vrai aujourd'hui. Parcontre, ça m'étonnerait que l'article fasse effet sur ceux qui en ont besoin... il ne faudrait pas perturber leur fragile repère pseudo-rabinique qui fait office de véritable gourou pour certains... Les gens ne pense plus par eux même et considèrent comme hérétique tout propos non-consensuel à ce qu'ils pensent, un peu comme des croisés en fait...
RépondreSupprimerMessieurs Anonymes je cherche vos explications sur le prétendu "petit cerveau" de l'auteur ou autres. A quoi sert une telle critique sans explication, sans argument ?
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