jeudi 3 mai 2012

'Margin Call', 'Barbara', 'Miss Bala'… les films à voir cette semaine


Par Adrien Sene, Olivier de Bruyn, Manuel Delort, Jean-Christophe Ferrari et Étienne Sorin - Le 02/05/2012

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'Margin Call', 'Barbara', 'Miss Bala'… les films à voir cette semaine
Des requins de la finance, une innocente et belle jeune Mexicaine à la solde de narcotrafiquants, une femme amoureuse en RDA ou des adultes restés ados… Evene a choisi pour vous les films à découvrir ou à éviter cette semaine.

Les films à voir
© ARP Sélection© ARP SélectionMargin Call, de J.C. Chandor
Le trader est un loup pour le trader. Dans Margin Call, son premier film prometteur, le néophyte J.C Chandor, jusqu’alors réalisateur de pubs et de documentaires musicaux, met en scène la crise financière. Jouant habilement de l’unité de temps et de lieu, J.C Chandor observe l’arrogante déraison financière dans le blanc des yeux et réunit un casting pluri générationnel qui donne le tournis : Stanley Tucci, Paul Bettany, Jeremy Irons (le salaud en chef), Kevin Spacey et même Demi Moore (épatante en tradeuse sans foi ni loi). Une telle distribution aurait pu servir de prétexte à un défilé de numéros cabotins. Il n’en est rien. Aux antipodes des outrances et clichés façon Wall Street 2Margin Call, très documenté, met en scène avec une belle inspiration crépusculaire ses personnages. Un film qui n’a rien de révolutionnaire mais dont le rigoureux classicisme et l’impeccable direction d’acteurs suffisent à en faire une réussite qui mérite son triple A. 
© Ad Vitam© Ad VitamMiss Bala, de Gerardo Naranjo
À Tijuana, Laura, une ravissante jeune fille désargentée, s’inscrit à un concours de beauté. Hélas, avant même d’arpenter les podiums, l’héroïne est témoin d’une fusillade dans une discothèque et se retrouve embarquée dans une sinistre aventure où des narcotrafiquants la manipuleront pour le pire et encore pour le pire. La corruption à tous les étages institutionnels, la misère sociale, les femmes victimes du machisme vociférant : Gerardo Naranjo dresse un portrait au vitriol de son pays, mais, par chance, échappe constamment au didactisme et à l’écrasante leçon de choses. Entre film noir et trip hypnotique, Miss Bala suit au plus près le chemin de croix de l’héroïne ballotée (Stéphanie Sigman, une révélation) et rend compte au détour de chaque scène de la tension et de la peur panique qui étreignent celle qui salivait devant les feuilletons cathodiques à l’eau de rose. Aucun effet facile, aucune complaisance hémoglobineuse dans ce film envoûtant, mais une maîtrise formelle qui sert un constat terrible sur la situation contemporaine du Mexique.
© Pyramide© PyramideBarbara, de Christian Petzlod
"Nous n’avons jamais été plus libre que sous l’Occupation", affirmait avec une bonne dose de culot Jean-Paul Sartre. Pour paraphraser le philosophe existentialiste, on pourrait écrire que l’on n’a jamais été plus amoureux que sous la Stasi. C’est du moins ce que Christian Petzlod semble dire dans Barbara, beau film d’amour et de politique. Une fiction subtile et complexe sur la déchirure de l’Allemagne, qui tourne le dos aux canons hollywoodiens (et manichéens) de  La Vie des autres et à "l’Ostalgie" (la nostalgie de la RDA) sympathique de Good bye Lenin ! Barbara est avant tout un magnifique personnage de femme médecin, soupçonnée de vouloir passer à l’Ouest en 1980, mutée dans une clinique de province et éloignée de son amant, qui prépare son évasion. Mais Barbara (Nina Hoss, sublime) rencontre André, le médecin-chef de l’hôpital… Commence alors un marivaudage paranoïaque tout en non dits, un brillant film noir sentimental sur fond de suspicion généralisée.
© Zelig Films Dist.© Zelig Films Dist.La Rizière, de Zhu Xiaoling
François Truffaut disait que dans tout bon film de fiction il y a un documentaire. La Rizière se tient constamment sur la mince frontière entre fiction et documentaire. Le film est en effet constitué d’un tableau du pays Dong, l’une des cinquante minorités qui constituent la Chine. Les Dong ont leur propre langue et continuent de cultiver le riz de montagne avec une charrue et un bœuf. Mais les paysans sont aujourd’hui obligés d’aller à la ville pour pouvoir gagner de l’argent. La disparition des coutumes et le contraste entre tradition et modernité sont, dans La Rizière, vues à travers le regard d’une petite fille qui rêve de devenir écrivain. C’est la perception de la fillette qui transforme le spectacle des événements quotidiens en hymne à la vie. Tourné avec des acteurs amateurs dans des décors d’une beauté renversante qu’exaltent la photo de Philippe Bottiglione et la musique de Bruno Coulais, La Rizière, sans jamais ressembler à un reportage du National Geographic, propose une précieuse invitation au voyage.

Les films à voir à la rigueur
© Metropolitan Filmexport© Metropolitan FilmexportLa Cabane dans les bois, de Drew Goddard
Scénariste de la série Lost et deCloverfield, Drew Goddard est de ces cinéastes ayant ingurgité du cinéma de genre au point de le vénérer comme un objet de culte immuable. La Cabane dans les bois est bien un hommage aux "films de cabine" comme Evil Dead et Vendredi 13 mais c’est aussi et surtout un "meta-film" : un commentaire sur une longue lignée de divertissement horrifique. L’éternelle histoire des jeunes gens coincés dans une bicoque au milieu de nulle part se double d’un Truman Show sanglant dans lequel des cols blancs avachis tirent les ficelles des croque-mitaines. Si le principe donne lieu à de très bons gags, il montre aussi ses limites : à décortiquer la mécanique du frisson, celle-ci ne marche plus et grippe le rythme comique. Ni comédie, ni film d’horreur, la première œuvre de Drew Goddard est un entre-deux malicieux qui prête à sourire mais jamais à frissonner.
© UFO distribution© UFO distributionWalk Away Renée, de Jonathan Caouette
Dans Tarnation (2003), Jonathan Caouette avait compilé les home movies de son enfance pour évoquer sa mère, une bipolaire ingérable avec qui il entretint des rapports conflictuels. Dans Walk away Renee, présenté à Cannes en 2011, Jonathan Caouette a compilé les homes movies de son enfance - et des plus récents - pour évoquer la rechute de sa mère. Dit comme ça, la dernière réalisation du cinéaste américain a tout d’une redite. Et on a beau essayer de tordre le résumé dans tous les sens, l’impression de réchauffé persiste. Attention, cela reste bien réchauffé et assaisonné d’un savoir faire de monteur capable d’insuffler une énergie pop dans le moindre extrait de films de vacance. Malheureusement, les enjeux, le drame et les émotions étant les mêmes, le film ne surprendra que ceux qui ne connaissaient pas le cinéma de Caouette. Pour se renouveler, il lui suffira de passer à la fiction ou de couper le cordon ombilical. Indéniable, son talent devrait faire le reste.
© Jour2Fête© Jour2FêteBabycall, de Pal Sletaune
Le film du Suédois Pal Sletaune (deux prix à Gérardmer) ressemble à un pari : ancrer le cinéma de genre dans des questions sociétales. Avec l’histoire de cette femme battue qui tente de se reconstruire loin d’un mari violent, le cinéaste convoque M. Night Shyamalan et Ken Loach dans un même élan. Le problème ? À force de nager entre deux eaux, il boit un peu la tasse. En lançant des pistes différentes à chaque bobine, Sletaune fragilise la crédibilité du récit et maltraite la vraisemblance de l’intrigue. Et, malgré une très bonne première heure, le scénario deBabycall loupe alors le coche de la révélation finale. De cette déception, il faut pourtant retenir la performance de Noomi Rapace, incroyable dans le rôle principal, qui campe comme personne une mère courage au bord de la crise de nerfs. Pour elle seule, pour sa façon viscérale de vivre la condition de défouloir humain, 'Babycall' est l’occasion de découvrir une grande actrice. Pour le reste, on repassera.
Le film à ne pas voir
 © Universal Pictures© Universal PicturesAmerican Pie 4, de Jon HurwitzHayden Schlossberg
Ils sont passés par la fac, se sont mariés, séparés, ont eu des enfants, entamé des carrières àla télé ou dans la finance... Quinze ans après leur dépucelage périlleux, Jim, Kevin, Finch "Pause caca", Oz et Stifler se retrouvent pour célébrer leurs années insouciantes où libido et découverte du sexe (forcément) faible régnaient en maîtres absolus dans la cour du lycée. Un "back to basics" pitoyable dans lequel les vannes salaces et sans intérêt s'enchaînent mollement. Si l’on pouvait apprécier les blagues potaches et l'énergie du premier volet, fer-de-lance des teen-movies à l'américaine, cette comédie peine à nous décrocher le moindre sourire. Les personnages ont pris en muscle et en expérience, mais les scénaristes n’ont pas gagné en talent. Vivement qu'ils achèvent cette saga, déshonneur pour la comédie US made in Judd Apatow ou Todd Philips.

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