La Palestine déclare son indépendance et sa monnaie sera-telle le shekel israélien?

Par Malcolm Lowe

L’euphorie dans le monde entier a été générée par la menace palestinienne de “déclarer l’indépendance” en Septembre 2011. N’oubliez surtout pas que la Palestine n’a plus de parlement légitimement élu ou de président, donc pas de gouvernement légitime. À l’ouest de la Syrie, les arabes sont régis par des régimes illégitimes. Pourquoi ne pas en ajouter un de plus?

Cependant, l’argent est une réalité qui ne peut survivre à l’euphorie. L’argent qui circule sous l’Autorité palestinienne (PA) est le nouveau shekel israélien. Les taux d’intérêt mensuels fixés par la Banque d’Israël dictent la politique financière palestinienne. Tant que cela continue, les revendications palestiniennes d ‘«indépendance» ne seront qu’une mascarade, une farce !

Quelle aura été la blague récemment grossie par un coup de pub palestinienne. En mars 2011, deux petits malins de Ramallah ont commencé une campagne Internet appelant les Palestiniens à écrire ” Palestine Libre” sur des billets de banque israéliens. La machination s’est effondrée dans les quarante-huit heures quand les banques palestiniennes, et personne d’autre, ont annoncé quelles refuseraient d’honorer la monnaie barbouillée. Pourquoi ? Parce qu’elles savaient que les banques israéliennes ne l’accepteraient pas. Comme dans beaucoup de pays, c’est un crime en Israël d’écrire quoi que ce soit sur des billets de banque. Ceux qui avaient écrit “Free Palestine ” sur leurs billets, les ont rendus sans valeur.

Il faut savoir aussi que les banques ont constamment besoin de renouveler l’argent en espèces parce que les billets de banque s’usent et les pièces de monnaie se perdent. Ainsi une des matières premières que fournit Israël à Gaza, avec la farine et le papier toilette, sont des coupures de shekel fraîchement imprimées. Sans eux, le gouvernement du Hamas à Gaza verrait la vie économique sous son autorité devenir progressivement paralysée. Israël doit fournir sa monnaie à Gaza et le Hamas ne peut pas la refuser.

Curieusement, pendant les élections parlementaires en 2006 le Hamas a adopté une plate-forme qui incluait un engagement “à monnayer la monnaie palestinienne.” Mais le Hamas a mis en suspens sa promesse quand il a formé un gouvernement après la victoire des élections; il l’a ignoré depuis la prise du pouvoir absolu à Gaza en 2007.

Ce qui est incroyable c’est qu’au milieu de tout ce bourdonnement dans “la communauté internationale” comme quoi la Palestine serait prête pour l’indépendance, la question d’une monnaie palestinienne n’a pas été soulevée du tout. Maintenant que le chef du Fonds monétaire international a été jeté en prison, la question risque encore moins probablement d’être posée. Outre les études universitaires occasionnelles, les seules personnes qui semblent avoir pris le problème sérieusement sont quelques officiels de l’Autorité Monétaire palestinienne (PMA). C’est un organisme dont beaucoup de personnes n’ont jamais entendu parler. Il a été fondé comme une partie des Accords d’Oslo avec les attributions d’autorisation et de surveillance des banques sous l’AP. Si la Palestine devenait vraiment indépendante, le PMA devrait se transformer en banque centrale. Pour peu qu’on le sache, cependant, les billets de banque palestiniens ne sont pas imprimés secrètement en vue de préparer à la grande surprise de septembre 2011. La seule décision faite était de choisir un nom : la livre palestinienne. C’est-à-dire qu’ils veulent ranimer la monnaie du Mandat britannique en Palestine. C’est une autre manifestation de l’aspiration fondamentale palestinienne à revenir en arrière à une époque où Israël n’existait pas.

La plupart des Palestiniens embrasseraient sans aucun doute la livre palestinienne avec le même enthousiasme qu’ils se sont joints à la campagne de “la Palestine Libre”. Et sur qu’ils ne comprendraient pas, peut-être un peu trop tard, qu’ils pourraient mettre en danger non juste quelques coupures au fond de leurs poches, mais leur existence financière entière.

À l’heure actuelle, tel que déterminé aussi par les Accords d’Oslo, trois monnaies circulent légalement sous l’autorité palestinienne: le nouveau shekel israélien, le dinar jordanien et le dollar des États-Unis. Avec le renouveau de la livre palestinienne, il faudra s’attendre à ce que l’Autorité palestinienne, par fierté nationale, déclare que ceci est la seule monnaie autorisée et exigera que tous les comptes bancaires y soient convertis. Par la suite, tout dépendra de la probité financière palestinienne, qui n’est pas un élément de grande valeur. Si la livre palestinienne s’effondrait en s’écrasant à la manière du dollar zimbabwéen, les épargnes des Palestiniens pourraient être anéanties.

Pour rappel, après que le Hamas et le Fatah aient signé un accord de réconciliation en avril 2011, le ministre des Finances israélien a brièvement suspendu le transfert à l’Autorité palestinienne des recettes fiscales perçues en son nom. Le résultat a été que le gouvernement palestinien, qui est le plus gros employeur de loin dans le cadre de l’AP, ne pouvait pas payer les salaires mensuels pour mai 2011. Si la livre palestinienne avait été en place, pas de problème: les Palestiniens auraient du simplement imprimer beaucoup plus d’argent. Bien sûr, le taux de change de leur monnaie aurait alors chuté par rapport à tous les autres.

La suspension par Israël de ces transferts a réveillé le monde.

Ce que l’on se souvient moins aujourd’hui ce sont les suspensions beaucoup plus graves et prolongées des fonds palestiniens. Après la victoire du Hamas aux élections palestiniennes de 2006 et la prise du pouvoir par un gouvernement dirigé par le Hamas, et pas seulement Israël, mais aussi les États-Unis, le Canada et l’Union européenne ont gelé tous les fonds à l’Autorité palestinienne. La crise financière qui en a résulté, a contraint le Premier ministre du Hamas à démissionner en Janvier 2007. Ensuite, un gouvernement d’union a brièvement existé jusqu’en Juin 2007, après quoi le Hamas a gouverné Gaza, mais a été réprimé en Cisjordanie. Ces développements ont permis aux donateurs de reprendre leur fourniture des fonds à l’Autorité palestinienne

L’UE a également utilisé la menace de suspendre l’aide financière pour faire pression sur l’Autorité palestinienne afin qu’elle réduise un nombre sans cesse croissant d’employés du secteur public. Ainsi l’AP aurait à les payer avec ses propres devises, bien que, la plus grande pression allait venir d’un public palestinien avide des emplois publics.

Pour beaucoup de décideurs politiques européens, l’existence d’un tel problème a été obscurcie par l’introduction de l’euro il y a dix ans. Si, par exemple, le gouvernement de la région basque de l’Espagne avait déclaré unilatéralement l’indépendance, alors l’Euskadi indépendante aurait pu faire face à de nombreux obstacles, mais la monnaie n’aurait pas été l’un d’eux. Il aurait continué évidemment à utiliser l’euro comme à présent.
En effet, cela a été le modèle adopté par le gouvernement du Kosovo dans sa demande à l’indépendance en 2008. Il a aussitôt adopté le mark allemand en 1999 et est passé à l’euro avec l’Allemagne. Cela a été relativement facile, puisque les autres pays de la région du Kosovo avaient déjà adopté l’euro, comme son voisin le Monténégro, ou bien aspirent à le faire dans l’avenir.

La Palestine, cependant, est loin de la zone euro, et même encore plus des États-Unis. Prenons compte de ses voisins. Le nouveau shekel israélien a fluctué considérablement face à l’euro et le dollar américain, et il s’est renforcé par rapport aux deux ces dernières années. D’autre part, le dinar jordanien a progressivement régressé, passant de € 1,6 il y a dix ans à 1,0 euro a présent. La livre égyptienne a chuté de près des deux tiers face à l’euro actuellement.

De toute évidence, les économies des trois pays sont loin d’être en phase avec l’euro ou les unes avec les autres. En particulier, si l’Egypte avait été sur l’euro, elle aurait été forcée d’adopter les mêmes mesures drastiques que la Grèce actuellement, précipitant un effondrement préalable du régime de Moubarak. De même la livre sterling a fluctué de façon marquée face à l’euro, bien que seulement vingt miles séparent le Royaume-Uni de la France Le tunnel sous la Manche n’a pas empêché cela.

Tout cela montre que l’euro ou le dollar sont voués à l’échec pour la Palestine, même si le chef de la PMA a lancé l’idée d’un rattachement de la livre palestinienne à l’un d’eux. Tôt ou tard, l’indexation viendrait à échouer, probablement avec une grosse faillite. Il y aurait également des bénéfices fructueux à faire par les initiés palestiniens. Souvenez-vous comment George Soros aurait fait un milliard de dollars, en spéculant sur l’effondrement de l’indexation de la livre sterling à l’unité monétaire européenne (le prédécesseur de l’euro). Ce rattachement a survécu à peine deux ans.
Également, même si la Palestine optait pour une monnaie voisine, cela aurait des conséquences majeures diverses, selon le choix fait. Outre les fluctuations mentionnées, il y a là-bas des différences de PIB. Le PIB des territoires palestiniens est actuellement d’environ un quart de celui de la Jordanie, c’est tout simplement le trentième de celui d’Israël ou de l’Egypte. Ainsi, la Palestine aurait un impact limité au sein d’une union monétaire avec la Jordanie, il n’y en aurait aucun dans une union actuelle avec Israël.

D’autre part, n’importe quel remplacement du nouveau shekel israélien perturberait beaucoup de transactions financières qui sont actuellement faciles.. Cela inclurait non seulement les perturbations qui se produiraient si les pays européens retournaient de l’euro aux monnaies nationales. Il y aurait aussi des complications pour les arrangements considérables qui accompagnent les dons de l’UE à l’Autorité palestinienne.
À l’heure actuelle, l’UE contribue par de grandes sommes d’argent aux salaires des fonctionnaires palestiniens. Les Palestiniens dépensent beaucoup de cet argent dans les produits israéliens, pendant que les Israéliens dépensent beaucoup de leur argent dans ceux de l’Europe. Donc Israël a un grand excédent commercial avec la Palestine et un grand déficit avec l’UE, mais chacun est heureux sauf, peut-être, quelques contribuables européens. De toute évidence, l’utilisation de la monnaie israélienne par les Palestiniens facilite ce cycle des paiements.

En somme, la monnaie est une question majeure pour tout type de Palestine indépendante. Jusqu’à présent, cela a été ignoré par les décideurs politiques, que ce soit localement ou à l’étranger. Tant que c’est le cas, parler de l’indépendance palestinienne reste un bluff....

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