Une délégation musulmane à Auschwitz
Mustafa Ceric, le grand mufti de Bosnie, au camp d'Auschwitz.
REPORTAGE - D'éminentes personnalités venues du monde entier se sont rendues mercredi dans l'ancien camp de la mort.
Appréhender l'horreur
Auschwitz pleure sans bruit. Le froid fige tout. Il faut s'isoler pour distinguer les fantômes autour des ruines. Les chambres à gaz ont été détruites par les nazis avant qu'ils n'abandonnent le camp où 1 million et demi de personnes, juifs pour la plupart, ont été tuées. On ne voit plus que des escaliers effondrés, qui conduisaient vers les douches de la mort, le gaz, vingt minutes d'agonie. «Certains tentaient encore de graver leur nom sur les murs.» «Et j'entends encore, chaque jour, leur ultime chant, celui du désespoir et de la foi mêlés, le shema Israel», se souvient Samuel Pisar, sorti vivant de ces ténèbres.«C'est terrible», lâche alors Ndirio Ndiaye, ancienne ministre sénégalaise. «C'est incroyable que tout cela ait pu arriver. Cela nous rappelle l'esclavage et de quoi l'homme est capable», commente-t-elle, enroulée dans une couverture rouge, distribuée par les organisateurs. Les sommités ont l'air de réfugiés sous leurs capes improvisées. Le maire de Cotonou, ancien président du Bénin, Nicéphore Soglo, tente de s'abriter, lui aussi, sous son tissu rouge. Il marche dans Auschwitz, absorbé. Il pense lui aussi aux esclaves. Amin Bakhtiar, ancien ministre irakien d'origine kurde, raconte lui son peuple et les persécutions, comme si chacun ne pouvait appréhender l'horreur qu'à l'aune de son propre malheur. L'Égyptienne Amira Mostafa, qui dirige un centre pour les droits de l'homme (Arab Word Center for Democratic Development), évoque «l'expulsion des musulmans» par les rois catholiques espagnols en 1492 pour «comprendre cette souffrance». Et se dit prête à évoquer le génocide des Juifs en Jordanie où elle vit: «Pas de problème à condition de parler des autres génocides, des Ouïgours, des Palestiniens, des Cambodgiens…», lance-t-elle. «Tous les génocides sont terribles. Celui des Juifs n'est pas différent, c'est une question de nombre…», dit-elle sans réaliser combien elle heurte les victimes d'une extermination programmée. «Tout n'est pas comparable, mais ce n'est pas grave, c'est un début», assure l'écrivain israélien A. B. Yehoshua. «C'est la présence de cette délégation qui compte. Ils sont courageux d'être venus.»
Bonjour.
RépondreSupprimerÉtrange... se créer un blog = proposer un copié-collé intégral d'un article du Figaro ? Je ne comprends pas l'intérêt, je doute même de la légalité de la chose puisque le journal d'origine n'est pas cité.