jeudi 24 février 2011

REGARD SUR LE MONDE ARABE....

Luis Martinez: Kadhafi va chercher à "établir un statu quo avec les insurgés"

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Chercheur à Sciences-Po, Luis Martinez analyse les choix possibles du numéro un libyen.
Le Figaro - Que peut-il se passer au cours des prochains jours en Libye?
Luis Martinez - Kadhafi parait n'avoir à court terme d'autres stratégie que de sauver sa vie. Depuis lundi soir, il cherche à établir un périmètre de sécurité pour que les 60 000 hommes de la garde révolutionnaires et des comités du même nom, qui lui sont encore fidèles, puissent résister à la guérilla urbaine, qui se met en place actuellement à Tripoli. Dans le même temps, l’aviation de Kadhafi et ses mercenaires étrangers attaquent les insurgés. S’il parvient à établir une sorte de statu quo avec les insurgés, Kadhafi va chercher ensuite à garder le contrôle des ressources pétrolières, en s’appuyant sur certaines tribus. Avec les 100 milliards de dollars dont il dispose, Kadhafi peut encore faire venir des mercenaires de l’étranger pour créer des troubles. En revanche, si Kadhafi perd ses appuis parmi les tribus, son appareil sécuritaire se débande. A partir de là, sa chute est programmée. Mais de quelle façon se déroulera-t-elle ? Un départ à la Ben Ali me semble exclu. Kadhafi préférera se battre jusqu’au bout, il ne veut pas d’une vie de paria réfugiée à l’étranger avec la menace d'être poursuivi en justice pour la répression qu’il a ordonnée. Kadhafi préférera finir en "martyr" pour sauver, peut-être, le reste de son clan, car si on l’abat, on aura moins envie de liquider ensuite son entourage.
Kadhafi peut-il encore rester au pouvoir ?
 
Un retournement de situation me paraît improbable, mais il ne peut-être exclu avec Kadhafi. L’opposition peut-elle assumer le pouvoir ?
Deux oppositions existent en Libye. Celle installée à l’étranger, mais elle n’a jamais pu s’exprimer que de là-bas. Elle est composée de militants nassériens, monarchiste et nationalistes, avec quelques relais sur place. Comment va-t-elle récupérer les acquis de la révolte ? La seconde composante, ce sont les islamistes, qui eux, ont combattu le régime de l’intérieur, entre 1993 et 1998. Accepteront-ils que les autres récupèrent une part du gâteau. C’est une des nombreuses inconnues pour l’avenir. Quoi qu’il en soit, un même défi se posera rapidement à cette opposition : comment répondre aux 50% de jeunes Libyens âgés de moins de 20 ans, qui ne sont ni monarchistes, ni islamistes et ni nassériens. Cette génération née sous Kadhafi qui ne voulait pas mourir sous Kadhafi et qui veut plus de liberté, plus de droits, plus de justice.
 
Y a-t-il un risque de guerre civile ou de démembrement du pays en cas de chute de Kadhafi ?
Le régime n’a pas suffisamment de légitimité pour enrôler une partie de sa population afin de provoquer une guerre civile. En revanche, Kadhafi a suffisamment de fidèles à l’intérieur des appareils sécuritaires stratégiques pour provoquer une guérilla après sa chute, voire même d’ici-là à bombarder d’autres pays dans un geste de désespoir pour s’afficher comme le dernier héros arabe.

Un avion Le Caire-Paris deux fois par semaine pour les emplettes de Moubarak

moubarak france.jpgAffaires en tous genres. Deux fois par semaine, un appareil privé égyptien atterrissait à Paris en provenance du Caire pour approvisionner Hosni Moubarak et ses proches en produits alimentaires et esthétiques, vêtements divers et appareils électroménagers, mais aussi en pneus pour voitures de luxe ou pièces de Zodiac, dernier cri.

« Ces dernières années, les rotations s’étaient même accélérées », souligne un diplomate égyptien, qui rappelle que ce trafic durait depuis plus de quinze ans. « Il nous fallait dégoter le dernier costume Smalto, ou les plus chics des produits esthétiques ».

Un « bureau de liaison » au sein de l’ambassade égyptienne à Paris s’occupait de répondre aux demandes les plus diverses du raïs déchu. « Mais les jeunes militaires affectés à la tâche n’ignoraient pas qu’il s’agissait en fait du bureau des achats présidentiels », ajoute la source. « Je me souviens avoir été sollicité pour commander des pièces d’un bateau Zodiac, alors que le navire n’en était encore qu’au stade du prototype en France », se rappelle le diplomate.

Une nouvelle preuve que Moubarak appréciait notre beau pays, et cela depuis de nombreuses années. Il faut dire qu’à la longue, le volume des transactions a dû être conséquent.

Pour conclure cette note sur l'envers des relations franco-égyptiennes, je vous livre une très courte anecdote racontée par un ancien ambassadeur de France au Caire. « François Mitterrand adorait Moubarak parce qu’il le faisait rire quand il imitait Kadhafi »….

Des mercenaires africains pour les basses œuvres de Kadhafi

Par Tanguy Berthemet

Le soupçon date de plusieurs jours. Des mercenaires africains seraient en première ligne dans la répression en Libye, pour tenter de sauver le régime aux abois de Mouammar Kadhafi.

Un Africain présenté comme un mercenaire pris à partie par les manifestants, dans l'est de la Libye. Vidéo postée sur YouTube le 21 février.
Un Africain présenté comme un mercenaire pris à partie par les manifestants, dans l'est de la Libye. Vidéo postée sur YouTube le 21 février.Crédits photo : youtube
 
Mardi, Ali Essaoui, l'ambassadeur libyen en Inde, démissionnaire de son poste, s'est dit certain de la présence d'un grand nombre de ces soldats de fortune. «Ils viennent d'Afrique et parlent français et d'autres langues», affirme-t-il, sans fournir de preuves formelles. Selon le diplomate, l'arrivée de ces supplétifs aurait été contre-productive pour le pouvoir, précipitant la défection de nombreux militaires qui «ne supportaient pas de voir des étrangers tuer des Libyens».

Des salaires de 30.000 dollars

Saddam, un étudiant interrogé par Reuter affirme, lui, avoir vu ces mercenaires en action. «Le 18 février, ils ont tué 40 personnes près d'El Beida», précise-t-il. De son côté, la chaîne al-Arabiya rapporte qu'au moins quatre avions chargés d'étrangers, armés et en uniforme, auraient atterri à l'aéroport de Benina, près de Benghazi, avant de repartir vers une base militaire proche de Tripoli.
Dans une vidéo postée sur YouTube, un homme noir, présenté comme un mercenaire, reconnaît avoir été recruté par Khamis, l'un des fils du Guide, pour massacrer le peuple. Aveu véritable ou tentative désespérée d'un pauvre diable de se sauver d'une foule qui menace de le lyncher? D'autres films sur Internet montrent les dépouilles de supposés soldats de fortune morts au combat. Les sites des Libyens en exil parlent eux aussi de ces soldats étrangers, évoquant les rumeurs les plus folles, comme des salaires de 30.000 dollars. Selon les mêmes sources, invérifiables, les recrues viendraient du Nigeria, du Zimbabwe, du Liberia ou, le plus souvent, du Tchad et du Soudan voisins. Lundi, le quotidien pro-gouvernemental soudanais al-Intibaha affirmait que des rebelles darfouris du Mouvement pour la justice et l'égalité (Jem), groupe un temps proche de Kadhafi, seraient à Tripoli. Un porte-parole du Jem a démenti.
 
«Il est très plausible que des mercenaires agissent en Libye. Kadhafi soutient depuis des décennies des révolutions chez tous ces voisins. Il a les contacts et l'argent nécessaires pour recruter qui il veut», remarque Souhayr Belhassen, de la Fédération internationale des droits de l'homme, soulignant que la garde personnelle du Guide est «depuis des années composée uniquement d'étrangers». Pour cette militante, ces soldats représentent un grand danger pour le peuple mais aussi pour les 1,3 million de migrants africains vivant en Libye avec lesquels ils pourraient être confondus.
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La fuite de Ben Ali et le retour des hommes d'affaires

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Une employée décompte des billets de banque tunisiens à la Banque centrale.Une employée décompte des billets de banque tunisiens à la Banque centrale. Crédits photo : FETHI BELAID/AFP

Les clans de l'ex-président Ben Ali et de sa femme Leïla Trabelsi ont tenu d'une main de fer jusqu'au bout l'économie de la Tunisie. Leur fuite devrait donner une plus grande liberté aux chefs d'entreprise qui craignaient comme la peste «la Famille», comme ils surnommaient le pouvoir, en référence aux films évoquant la mafia.
«La famille élargie du président est fréquemment présentée comme le carrefour de la corruption en Tunisie», écrit un diplomate américain dans un mémo publié par WikiLeaks et Le Monde. «Expropriation», «extorsions de pots-de-vin», le fonctionnaire énumère les cas d'abus de pouvoir flagrants dans une note datée de juin 2008 et intitulée «ce qui est à vous est à moi».

La voracité des Trabelsi

«Ces personnes étaient présentes dans beaucoup de secteurs, ils ponctionnaient les profits des entreprises et ont réduit par conséquent la capacité de ces dernières à investir», note Jean-Raphaël Chaponnière, économiste à l'Agence française pour le développement (AFD). Moins d'investissement, c'est moins de croissance et moins d'emploi.
Pour échapper à la voracité des Ben Ali et des Trabelsi, les entrepreneurs avaient adopté un leitmotiv, «rester petit», rapporte Béatrice Hibou, économiste au CERI-Sciences Po. «Les chefs d'entreprises disaient avoir peur d'investir et de grandir. Si c'est vrai, alors le départ des clans devrait entraîner une reprise de l'investissement», ajoute la chercheur, qui avance aussi d'autres explications à ce phénomène, comme le maintien du contrôle des sociétés par la famille de l'homme d'affaires. Et la volonté de ne pas ouvrir les comptes.

Impôts arbitraires

Après 24 ans de règne de Ben Ali, la Tunisie se caractérise «par le nombre extrêmement faible de grandes (0,4 % du total des entreprises) et même de moyennes entreprises (0,3 % ou 1,7 %)», relève Béatrice Hibou. Même «le plus grand des groupes tunisiens, Poulina, est en réalité un conglomérat de 71 filiales pour 6 000 salariés seulement.»
Le pouvoir ne se contentait pas de spolier. Il utilisait aussi le fisc pour remercier ou punir. «Les impôts étaient prélevés de façon très arbitraire: si vous n'étiez pas en odeur de sainteté à Carthage, vous essuyiez un redressement fiscal ; si vous étiez un ami, vous ne payiez pas d'impôts», relève ainsi Mohamed Ali Marouani, économiste à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Les sociétés étrangères n'échappaient pas à la règle: «tout le monde est passé à la caisse!», dénonce un ancien ministre du prédécesseur de Ben Ali, Habib Bourguiba, et «exilé volontaire» à Paris. «Le pouvoir se servait sans retenue, c'est même ce qui a tué le régime», ajoute Catherine Graciet, auteur d'une enquête sur la femme de Ben Ali, Leïla (La Régente de Carthage).

«Des temps incertains»

Pas sûr toutefois que la disparition de cette quasi-mafia permette un rebond spectaculaire des investissements. «Avec l'évènement mouvementé de la démocratie, nous entrons dans des temps incertains peu propices aux investissements», prévient Jean-Raphaël Chaponnière, économiste à l'Agence française pour le développement (AFD). L'agence de notation Moody's a d'ailleurs dégradé la note du pays ce mercredi. La corruption, d'après de nombreux observateurs, devrait survivre à la dictature, bien qu'à une moindre échelle.
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/01/19/04016-20110119ARTFIG00569-la-fuite-de-ben-ali-et-le-retour-des-hommes-d-affaires.php
 
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Affrontements meurtriers à Zaouiyah, à 50 km de Tripoli
LeMonde.fr LeMonde.fr avec Reuters

LEMONDE.FR avec Reuters | 24.02.11 | 18h10 • Mis à jour le 24.02.11 | 18h11

La ville de Zaouiyah, située à 50 km à l'ouest de Tripoli, est le théâtre d'affrontements violents jeudi 24 janvier. Selon le site Internet du journal Kourina, rare média libyen a couvrir en détail la révolte, une dizaine de personnes au moins ont été tuées et des dizaines d'autres blessées. Mais le bilan pourrait s'avérer plus lourd car l'intensité des combats empêche l'acheminement des victimes vers les hôpitaux.

Des témoins ont fait état de tirs nourris d'armes lourdes et de scènes de chaos dans la ville, qui semble être devenue l'enjeu principal du soulèvement jeudi. Zaouiyah, sur la côte méditerranéenne, se trouve sur le principal axe routier reliant la frontière tunisienne à Tripoli, la capitale. Elle abrite notamment un terminal pétrolier.
 
AU MOINS UNE VINGTAINE DE TUÉS SELON DES IMAGES
Des images diffusées jeudi par la chaîne Al-Jazira montrent un poste de police en feu et une vingtaine de cadavres dans la ville. "J'ai entendu des tirs nourris à Zaouiyah. Des gens couraient partout dans les rues avec des armes", a déclaré un charpentier égyptien, après avoir gagné la Tunisie. "Il y a beaucoup de gens en civil qui se tirent dessus. Il semble y avoir des pro-Kadhafi et leurs ennemis", a ajouté un autre témoin. "C'est le chaos là-bas. Il y a des gens avec des armes à feu et des sabres."
Un autre Egyptien de 25 ans qui a fui jeudi la ville a déclaré que les insurgés, armés et au nombre de plusieurs centaines, avaient disposé dans les rues des portes hérissées de clous faisant office de herses de fortune pour entraver la circulation des véhicules militaires. Circulant dans des jeeps, les forces de sécurité, équipées de lance-roquettes, étaient déployées en force autour de la ville, toujours selon des témoins.
Dans son discours de jeudi, Mouammar Kadhafi a qualifié de dérisoires les événements de Zaouiyah. "Les gens sains ne participent pas à une telle farce", a-t-il affirmé. Exhortant les habitants à retenir les manifestants, le dirigeant libyen a déclaré : "Je suis sûr que les habitants de Zaouiyah sauront se défendre, ce sont des gens honorables, j'ai confiance en eux."
Par catger - Publié dans : ACTUALITE... - Communauté : Les Tendance des news

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