La grande manifestation contre l’antisémitisme à Paris a donc eu lieu. Dix à vingt mille personnes sont venues. C’était très peu. Nombre de Juifs se sont abstenus, et ils ont eu raison. Nombre de non-juifs, y compris des gens qui combattent l’antisémitisme avec détermination au côté des Juifs se sont abstenus aussi, et ils ont eu raison eux aussi.
Voir des gens qui soutiennent des tueurs de Juifs et qui souhaitent la destruction d’Israël manifester “contre l’antisémitisme” a été un spectacle hideux. Voir des gens dire “Ça suffit” alors qu’ils alimentent quotidiennement l’antisémitisme a été répugnant.
Macron n’est pas venu : il s’est rendu au Mémorial de la Shoah, comme il l’avait fait entre les deux tours de l’élection présidentielle, avec les mêmes arrière-pensées sournoises qu’à l’époque.
Comme la manifestation était une manifestation “contre l’antisémitisme”, et strictement rien de plus, les Juifs venus avec des drapeaux israéliens ont été priés de se faire très discrets : des drapeaux israéliens trop visibles auraient pu fâcher les amis des tueurs de Juifs israéliens.
Il a été très fortement recommandé aux participants de ne pas préciser qui était responsable des agressions et des meurtres de Juifs en France. Préciser aurait pu fâcher les quelques Musulmans présents, qui avaient déployé une banderole disant “Musulmans contre l’antisémitisme”.

L’antisémitisme qu’il fallait dénoncer à la manifestation est une entité abstraite.
C’était censé être un “antisémitisme d’extrême droite”, désormais très minoritaire et quasiment en voie de disparition.
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C’était censé être l’antisémitisme du Rassemblement National, et quand bien même il serait impossible de trouver la moindre parole antisémite chez Marine Le Pen, il faut continuer à agiter la peur du Rassemblement National aux fins de gagner les élections à venir en répétant “le fascisme ne passera pas”.
Ce n’était pas censé être l’antisémitisme qui agresse et tue des Juifs en France, celui de Mohamed Merah, Cherif et Said Kouachi, Amedi Coulibaly, et quelques autres répugnants et inhumains immondice, non.
Ce n’était pas censé être l’antisémitisme qui fait fuir des Juifs de la Seine Saint Denis, et qui a pour conséquence que, dans ce département où il reste quelques Juifs, il n’y a quasiment plus un seul enfant juif dans une école ou un lycée public.
Ce n’était pas l’antisémitisme du sinistre et criminel crétin qui a insulté Alain Finkielkraut.

Cet antisémitisme là, il ne faut pas en parler en contexte politiquement correct, ou alors rapidement, en passant, en ajoutant que l’islamisme n’a rien à voir avec l’islam, qui est une religion de paix, d’amour, de fraternité et de tolérance. Toujours. Partout. (Les islamistes, vous dira-t-on, sont des gens qui n’ont pas bien lu le Coran, et n’ont pas compris que lorsque le Coran stipule que les Juifs doivent être tués, c’est parce qu’il enseigne l’amour des Juifs)
Il ne faut pas parler non plus, en contexte politiquement correct, de l’antisémitisme des tueurs de Juifs israéliens : les tueurs de Juifs israéliens, vous dira-t-on, ne sont pas antisémites, pas du tout, ce sont des “résistants” à l’oppression israélienne.
Il ne faut pas parler, en contexte politiquement correct, de ceux qui soutiennent les tueurs de Juifs israéliens et qui souhaitent la destruction d’Israël, car ceux qui soutiennent les tueurs de Juifs israéliens et qui souhaitent la destruction d’Israël sont de gauche, et luttent avec ardeur contre l’antisémitisme. C’est une évidence.
Il ne faut pas voir, bien sûr, d’incitation à la haine dans les articles haineux envers Israël qui paraissent tous les jours dans la presse française.
On peut à la rigueur, en contexte politiquement correct, parler de “l’antisionisme” et dire que c’est “un visage de l’antisémitisme”, Macron l’a fait. Mais Macron a donné des explications, et si on dénude les explications qu’il a offertes pour les reconduire à leur essence, cela donne globalement ce qui suit : l’antisionisme qui dit qu’Israël doit être rayé de la carte du monde est un antisémitisme, l’antisionisme qui passe son temps à présenter Israël comme un pays criminel et qui soutient la “lutte du peuple palestinien” et les assassinats de Juifs israéliens n’est, par contre, pas un antisémitisme mais une opinion politique.
On peut, cela va de soi, défiler et crier dans la rue “Ça suffit”, ou “plus jamais ça” tout en sachant que “ça” va continuer, car on sait, en criant ces phrases, qu’on vise à côté de la cible, ce qui est le plus sûr moyens de manquer celle-ci. On se donne bonne conscience à peu de frais.
Et ce doit être dit, les mots ne sont que des mots : ni Macron ni un autre politicien susceptible d’arriver au pouvoir ne combat et ne combattra effectivement l’antisémitisme en France. Macron et les politiciens susceptibles d’arriver au pouvoir en France savent que pour être élu, il faut obtenir les voix musulmanes, et que dénoncer l’antisémitisme qui agresse et tue en France, l’antisémitisme musulman, implique de provoquer la colère des défenseurs de l’islam et d’une large part des Musulmans, et constitue le plus sûr moyen de perdre les voix de ces derniers. Dès lors qu’il y a au minimum dix fois plus de Musulmans que de Juifs en France, il est clair que les voix juives, elles, comptent très peu.

Ce doit être dit : Macron et les politiciens susceptibles d’arriver au pouvoir en France savent que dénoncer l’antisémitisme musulman fait, de surcroit, courir le risque de voir se déclencher des émeutes musulmanes, ce qu’ils ne veulent pas : ils sont donc les otages des risques d’émeutes musulmanes.
Ce doit être dit aussi : nul n’aurait parlé à ce point des insultes adressées à Alain Finkielkraut et de divers autres actes antisémites perpétrés récemment, et nul n’aurait organisé une manifestation contre l’antisémitisme s’il n’y avait des objectifs très politiques.
Macron et le gouvernement veulent en finir avec les gilets jaunes
Ils ont ignoré et méprisé les gilets jaunes dès le premier jour. Ils les ont traités de fascistes dès fin novembre. Ils ont été heureux des premières infiltrations d’antisémites dans les manifestations (Soral, Dieudonné, Ryssen) car cela leur a permis de décrire les gilets jaunes en leur ensemble comme des antisémites et des fascistes. Ils se sont autorisés à exercer une répression extrême et mutilatrice contre les gilets jaunes parce qu’ils l’avaient justifiée à l’avance : dès lors que ceux qu’ils réprimaient avaient été définis par eux comme antisémites et fascistes, il était possible de cogner. Ils sont ravis qu’aujourd’hui le mouvement des gilets jaunes soit gangrené par des islamistes antisémites et des gauchistes “antisionistes” car cela leur permet de dire encore plus fortement que les gilets jaunes sont des antisémites et des fascistes.
Macron et le gouvernement veulent gagner les élections européennes et entendent obtenir une mobilisation contre les antisémites et les fascistes, donc, bien sûr, contre le Rassemblement National. Ils mobilisent donc.
Dans le discours qu’il a prononcé au diner du CRIF, Emmanuel Macron a été très clair : il poursuivra la même politique étrangère. Ce qui signifie qu’il continuera à être résolument “pro-palestinien” et à embrasser chaleureusement l’antisémite tueur de Juifs Mahmoud Abbas en lui donnant des millions pour que l’Autorité Palestinienne continue à inciter à la haine anti-juive, à l’assassinat de Juifs et au terrorisme. Ce qui signifie aussi qu’il poursuivra ses tentatives de sauver économiquement et financièrement la République islamique d’Iran, régime dont les dirigeants rêvent d’exterminer les Juifs israéliens.
Il prétend qu’il combattra “les haines”, toutes les haines, et il a stipulé que derrière l’antisémitisme en France, il y a d’autres haines : la haine contre l’islam (bien sûr), la haine contre les institutions, la haine contre homosexuels et transsexuels (dans laquelle il inclut sans aucun doute les opposants au mariage gay et ceux qui pourraient craindre qu’un jour l’avortement en France puisse être autorisé jusqu’au neuvième mois).
Il a dit qu’il dissoudra des organisations, et il a décidé d’en dissoudre trois : l’une, minuscule, d’obédience vaguement fasciste, et deux groupuscules nazis, dont les membres sont si nombreux qu’ils peuvent se réunir dans une cabine téléphonique hors d’usage. Aucune organisation islamique ou gauchiste ? Non, cela va de soi.
Il a ajouté qu’il allait compléter sa “loi anti-fake news” qu’il a fait voter récemment par d’autres éléments allant dans le sens de la police de la pensée, et il a fait comprendre que la police de la pensée s’exercerait tous azimuts, contre toutes “les haines”, ce qui promet. Il veut la coopération de Facebook, des plateformes internet, etc. Il ne veut voir qu’une seule pensée, semble-il, la pensée Macron.
Il a été applaudi par ceux qui participaient au diner du CRIF. Moment consternant.
Résumons
Macron utilise la montée de l’antisémitisme et sa prétendue volonté de lutter contre l’antisémitisme pour en finir avec le mouvement des gilets jaunes désormais gangrené par des islamistes antisémites et des gauchistes “antisionistes”, et pour ignorer toutes les revendications initiales du mouvement. Il utilise aussi la montée de l’antisémitisme pour obtenir une mobilisation contre le Rassemblement National aux élections européennes.
Et sous une apparente mobilisation, purement verbale, contre l’antisémitisme, il ne fera strictement et absolument rien pour combattre l’antisémitisme. Il prendra par contre des mesures liberticides de police de la pensée.
Il veut utiliser les Juifs et les non Juifs qui combattent l’antisémitisme au côté des Juifs comme des idiots utiles de ses sordides manœuvres.

Ceux qui accepteront de jouer les idiots utiles découvriront vite le sort des idiots utiles, qui est d’être jetés après usage lorsqu’ils sont devenus des idiots inutiles.
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Nombre d’entre eux ne sont pas venus à la manifestation contre l’antisémitisme. Ils ont eu raison.
Nombre d’entre eux voient qu’on les prend pour des idiots, et se tiennent à distance. Ils ont raison.
Il ne serait pas étonnant qu’il y ait un surcroit d’actes antisémites dans les prochains jours et que des mises en garde contre le “fascisme” les accompagnent.

Bien évidemment, la politique d’immigration française ne sera pas modifiée par Macron : quatre cent mille immigrants supplémentaires sont admis en France chaque année, la plupart musulmans venant de pays où l’antisémitisme est omniprésent.
© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.
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