mercredi 17 novembre 2010

«A croire que mon prénom ne passe pas du tout»

Emploi, Saïd témoigne: «A croire que mon prénom ne passe pas du tout»


TEMOIGNAGE - Saïd, 28 ans, confie ses difficultés à trouver en emploi stable...
«Nous les Maghrébins, on n'a vraiment pas la tête de l'emploi, confie tout de go, Saïd, 28 ans, fils de parents tunisiens arrivés en France il y a quarante-cinq ans. Les recruteurs ne sont pas prêts à nous donner notre chance, car ils ont trop d'a priori à notre sujet.» Un constat amer dicté par une douzaine d'années de galère professionnelle pour ce jeune Parisien.
«Au départ, j'étais inscrit en BEP vente, mais j'ai arrêté ma formation car elle ne correspondait pas à mes attentes. A 16 ans, j'ai commencé des petits boulots : j'ai été manutentionnaire dans des supermarchés. Puis, je suis devenu livreur pendant cinq ans. Des jobs que j'ai toujours trouvés par relations, car j'ai rarement reçu de réponses à mes envois de CV.
A croire que mon prénom ne passe pas du tout. J'ai aussi tenté plusieurs fois de me réorienter pour décrocher un emploi stable: j'ai ainsi entamé une formation pour devenir chauffeur de taxi, une autre pour devenir conducteur de bus à la RATP, un concours pour devenir agent d'entretien à la Mairie de Paris. Des échecs à chaque fois, malgré ma bonne volonté.
«L'Urssaf m'est tombé dessus»
Je me suis tourné maintes fois vers Pôle emploi pour demander de l'aide, mais mon conseiller me proposait toujours des postes de manutentionnaire alors que j'avais fait le tour de ce type de boulot. Pas question pour autant de me laisser abattre et en 2007, j'ai monté une entreprise. Je vendais des vêtements sur les marchés dans le centre de la France.
J'étais enfin épanoui dans mon boulot, mais au bout d'un an, les ennuis se sont accumulés. L'Urssaf m'est tombé dessus, j'ai eu de grosses charges à payer. Et comme je maîtrisais mal la gestion, je n'avais pas mis assez d'argent de côté. J'ai dû fermer ma boîte et je suis repassé par la case chômage.
Aujourd'hui, je touche le RSA et j'habite encore chez mes parents. Ils sont très angoissés par ma situation, surtout que chez nous, les chômeurs sont mal perçus. Dans mon quartier, de nombreux jeunes d'origine maghrébine sont dans le même cas que moi. Même ceux qui ont un bac + 5. C'est désolant.
Même si certains jours, j'ai le moral à zéro, je continue à croire à ma bonne étoile. Actuellement, je suis suivi par un centre d'insertion qui aide les allocataires du RSA. J'ai plusieurs pistes en vue: soit monter à nouveau une petite entreprise de vente de produits déstockés dans le centre de la France. Soit m'engager dans une formation d'ambulancier. De toutes les façons, je n'ai pas le choix, il faut bien que je m'en sorte.»
Delphine Bancaud 

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