dimanche 28 octobre 2018

Mathématiques : la « méthode de Singapour » appliquée avec succès en Israël.....


Très peu de gens savent qu’Israël a importé en 2002 la méthode de Singapour en mathématiques. Ce transfert de connaissances a été l’une des clés du succès d’Israël dans la hightech. La France se pose des questions…
Selon (1) : « Malgré l’excellence de l’école mathématiques française avec un nombre record de médaillés Fields – quatorze dont dix issus de l’École normale supérieure – le niveau des élèves français en la matière est « catastrophique » selon le rapport rendu au ministre de l’Education nationale, par les mathématiciens Cédric Villani et Charles Torossian. Les choses pourraient changer si l’on s’intéressait, par exemple, à la méthode de Singapour appliquée avec succès dans nombre de pays.

« La bosse des maths, ça n’existe pas »,  assurent les spécialistes. Pourtant, ceux qui ne l’ont pas qui y croient dur comme fer.  Singapour semble en tout cas avoir trouvé la méthode pour la développer chez ses élèves. Et elle fait rêver le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qui voudrait que les quatre opérations soient maîtrisées en CP-CE1.
C’est au mathématicien Cédric Villani, médaillé Fields et député LRM, accompagné d’un inspecteur général, Charles Torossian, qu’il avait confié la tâche de « réfléchir à ce que nous devons faire pour donner l’appétit des mathématiques à tous les enfants ».
Il est vrai que les petits Français ne brillent pas dans cette discipline si l’on en croit la dernière enquête internationale PISA parue en 2016 qui révèle qu’à 15 ans, 24 % d’entre eux sont en difficulté. Toujours en 2016, une enquête TIMSS (Trends in mathematics and science study) a montré que les écoliers français de CM1 affichent les pires résultats de l’Union européenne en mathématiques.
« En 6e, moins de la moitié des élèves savent multiplier 35,1 x 100 et moins de 20% d’entre eux savent qu’1/4 = 0,25 », déplore Charles Torossian, mathématicien, copilote de la mission sur les mathématiques avec Cédric Villani.
Repères. 1995 : Singapour est, pour la première fois, classé 1er mondial selon une étude TIMSS basée sur la comparaison internationale des systèmes éducatifs en mathématiques. 2002 : Israël importe cette méthode dans son système éducatif avec succès. 2008 : La Librairie des écoles en France et les États-Unis. 2016 : le Royaume Uni. Aujourd’hui : soixante pays l’utilisent.
Les deux mathématiciens formulent 21 propositions en matière de formation des professeurs, de ressources pédagogiques. Ils encouragent aussi les activités qui renforceront le goût pour les mathématiques comme des jeux ou des concours. Les auteurs conseillent de lancer des évaluations de méthodes ayant fait leur preuve à l’étranger comme celle de Signapour. « Dans cette méthode, on commence par de la manipulation et de l’expérimentation, puis on nomme les choses et ensuite on est prêt à passer à l’abstraction » , explique Cédric Villani.
À Singapour, il a fallu beaucoup de temps pour rehausser le niveau. Le « Singapore mathematics project » a été lancé dans les années 1980. « Une équipe de spécialistes a passé cinq à sept ans à élaborer une méthode qui a ensuite été testée pendant quinze ans, corrigée, améliorée, grâce aux retours de terrain. Tous les enseignants ont reçu plus de deux cents heures de formation », rapporte Monica Neagoy, spécialiste de la méthode de Singapour…
Pourquoi c’est important de relever le niveau en maths ? « Parce que leur importance ne cesse de croître », affirme Cédric Villani. Les mathématiques sont partout, mais on ne les voit pas du commerce à la santé, du tourisme au management des grandes villes, de l’ingénierie à la gestion des territoires ou des réseaux sociaux…. Parce que miser sur les mathématiques et la physique est indispensable pour prendre en marche le train du big data ( mégadonnées, en français) , un outil central d’aide à la prise de décision dans de multiples domaines  et que le domaine de l’intelligence artificielle est un gisement d’emplois. En France, 2,4 millions d’emplois dépendent des maths.
Le secret de cette méthode est de partir systématiquement de choses concrètes pour aller progressivement vers l’abstraction, d’approfondir un sujet à la fois, et d’apprendre à l’enfant à raisonner du 1er jour du CP au dernier jour de 6e. « Avec cette méthode, tous les élèves progressent, quel que soit leur niveau. C’est une méthode très cadrante, très structurante, qui apprend aux enfants à construire leur raisonnement »,  assurent ceux qui l’ont essayé.
Les huit piliers de la méthode détaillés par Monica Neagoy. « Il y a beaucoup d’exercices et on répète beaucoup », s’enthousiasme une maman. Mais « ce n’est pas une méthode miracle », temporise une enseignante. Une autre ajoute :   « Ce qui est important, c’est d’asseoir l’enseignement des mathématiques sur la manipulation avec ou sans la méthode de Singapour. Et puis lorsqu’on met en avant les résultats de Singapour, on oublie de préciser la somme de travail imposée à ces élèves qui après leur journée de cours en entament une seconde… de cours particuliers cette fois ! »
Faire apprendre la division à un enfant de CP, c’est assez simple avec la méthode de Singapour!

De passage en Auvergne fin 2017, Cédric Villani avait confié à propos de la méthode de Singapour: « Les résultats sont remarquables. Et pas seulement pour les matchs. C’est une méthode établie avec énormément d’expérimentations. Très progressif. Les détracteurs disent que c’est sans surprise et trop lent. Les autres parlent des bons résultats. L’important, c’est que l’enseignant croit en cette méthode. Qu’il soit heureux de l’utiliser et convaincu de son utilité. Il ne faut pas imposer une méthode. On réforme sans cesse les méthodes, mais ce n’est pas le plus important. Il faut travailler avec les acteurs, et pas seulement les enseignants, les élèves et les familles. Les directeur d’établissement aussi, les formateurs, les inspecteurs, le système d’affectation, les RH… On surestime toujours l’objet technique. Pas seulement dans l’enseignement. La compétence est au moins aussi important. Les écoles qui ont de bons résultats, comme la Scandinavie ou l’Asie de l’est, utilisent des méthodes très différentes. »
Quant à savoir comment faire pour que la nouvelle génération aille plus loin que la précédente, « il n’y a pas de réponse ». « Mais le plus grand danger pour la recherche, c’est l’usure de la motivation qu’on constate dans les pays riches où les gens privilégient une carrière sûre ».
(1) Géraldine Messina pour lamontagne.fr (Copyrights)

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