lundi 17 juillet 2017

En quoi l’attaque de vendredi au mont du Temple était différente ?


Presque chaque aspect de l’attaque terroriste de vendredi à Jérusalem, dans laquelle deux officiers de police ont été abattus, semble étrange, même après deux années d’attaques terroristes quasi quotidiennes dans la Vieille Ville.

Selon la police, peu après 7h, trois hommes arabes israéliens (tous appelés Mohamed Jabarine) sont sortis à pied du complexe du mont du Temple et ont ouvert le feu sur un groupe d’officiers de police de garde à proximité, à l’entrée de la porte des Lions dans la Vieille Ville, les blessant grièvement.

Les terroristes se sont ensuite enfuis dans le mont du Temple avec la police à leur poursuite. Deux des tireurs ont été abattus, tandis que le troisième a été arrêté, mis au sol et entouré d’officiers. Il s’est soudainement relevé d’un bond, a brandi un couteau pour poignarder un officier avant d’être battu et tué.
Alors que des détails sur l’attaque ont été dévoilés, il est immédiatement apparu clair qu’il ne s’agissait pas d’une attaque normale. Tout, – de la localisation aux identités des personnes impliquées et les réponses à l’attaque, – était différent.
L’attaque s’est produite juste en dehors du complexe du mont du Temple, une zone qui a été le lieu de tensions importantes, mais de peu d’attaques de ce type.
Les trois tireurs n’étaient pas palestiniens, mais des Arabes israéliens, apparemment des cousins de la ville d’Umm al-Fahm dans le nord d’Israël. Les victimes n’étaient pas juives, mais des officiers de police israéliens druzes, les sergents-chefs Haiel Sitawe, âgé de 30 ans, et Kamil Shnaan, âgé de 22 ans.
L'adjudant Kamil Shnaan, à gauche, et l'adjudant Haiel Sitawe, à droite, ont été identifiés comme étant les policiers morts dans l'attentat terroriste perpétré à proximité du complexe du mont du Temple à Jérusalem, le 14 juillet 2017 (Crédit : Police israélienne)
L’adjudant Kamil Shnaan, à gauche, et l’adjudant Haiel Sitawe, à droite, ont été identifiés comme étant les policiers morts dans l’attentat terroriste perpétré à proximité du complexe du mont du Temple à Jérusalem, le 14 juillet 2017 (Crédit : Police israélienne)
Finalement, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a rapidement condamné la fusillade, tandis que des dirigeants arabes israéliens sont restés silencieux et n’ont pas publié de communiqué d’aucune sorte avant que dix heures ne se soient écoulées après l’incident.
Peut-être les deux seuls aspects de cette attaque terroriste qui semblaient familiers étaient les armes utilisées, la mitraillette très répandue, un pistolet et un couteau, et le moment auquel l’attaque s’est produite : vendredi matin, peu après les prières musulmanes.
La réaction israélienne à l’attaque était tout autant inhabituelle.
Pour la première fois depuis des décennies, Israël a fermé le mont du Temple aux visiteurs du vendredi, qui est habituellement l’un des jours les plus populaires pour les visites des Musulmans au lieu saint.
Dans un communiqué, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que le site resterait fermé jusqu’à au moins dimanche, et c’est à ce moment-là que des officiels de la défense évalueraient si et quand réouvrir le site, et à qui.
En réponse à la décision de fermer le site, des croyants musulmans se sont rassemblés dans la Vieille Ville et ont prié dans une rue à proximité en signe de protestation.
Les fidèles musulmans prient dans une rue aux abords de la porte des Lions, à proximité du mont du Temple, le 14 juillet 2017, après que trois terroristes israéliens arabes ont tué deux agents de police (Crédit : AHMAD GHARABLI/AFP PHOTO)
Les fidèles musulmans prient dans une rue aux abords de la porte des Lions, à proximité du mont du Temple, le 14 juillet 2017, après que trois terroristes israéliens arabes ont tué deux agents de police (Crédit : AHMAD GHARABLI/AFP PHOTO)
Après des attaques dans la Vieille Ville dans le passé, le gouvernement a restreint l’entrée au mont du Temple – autorisant typiquement seulement les hommes et femmes âgées – mais pas en le fermant entièrement.
On ne savait pas exactement quand était la dernière fois qu’Israël a fermé le mont du Temple pour les prières du vendredi. Selon le Waqf musulman, l’autorisé religieuse sur le mont du Temple, c’était la première fois qu’Israël a pris cette mesure depuis les 50 ans qu’il a contrôlé le lieu saint. D’autres ont pourtant dit qu’Israël avait fermé le mont du Temple en août 1969, après qu’un homme australien chrétien a essayé de brûler le Dôme du Rocher. Mais aussi au début de la Seconde intifada.
Le général de réserve Eitan Dangot, qui a auparavant servi comme Coordinateur israélien des Activités du Gouvernement dans les Territoires (COGAT), a averti que cette mesure forte pourrait être exploitée par des groupes terroristes pour inciter à plus de violence.
« Peut-être dans quelques jours, nous verrons une situation [tendue], de la part du Hamas à n’en pas douter et peut-être en Cisjordanie, a-t-il averti en s’exprimant lors d’un briefing pour l’organisation Projet Israël.
« Ils essaieront d’utiliser des photos et quelque chose pour inciter et pousser de plus en plus de gens vers le terrorisme, a déclaré Dangot. Nous devons ramener la sécurité à Jérusalem ».
Les tueurs
Selon Barak Ben-Zur, un ancien colonel des renseignements de l’armée et officier du service de sécurité du Shin Bet, l’aspect le plus marquant de l’attaque de vendredi était que les tireurs étaient des Arabes israéliens.
« C’étaient des gens qui ont grandi dans une ville avec des commissariats de police israéliens, avec des écoles israéliennes », a déclaré Ben-Zur.
Des citoyens arabes d’Israël ont perpétré des attaques terroristes dans le passé. Par exemple pendant la Deuxième intifada, une attaque suicide à la bombe en 2001 à la gare de Nahariya dans le nord d’Israël a été menée par un Arabe israélien.
Nashat Milhem, le suspect de la fusillade de Tel Aviv du 1er janvier 2016, ici en 2007 (Crédit : Dixième chaîne)
Nashat Milhem, le suspect de la fusillade de Tel Aviv du 1er janvier 2016, ici en 2007 (Crédit : Dixième chaîne)
Plus récemment, Nashat Milhem un résident de 29 ans de la ville arabe d’Arara, a ouvert le feu sur la foule dans la rue Dizengoff à Tel Aviv le 1er janvier 2016, tuant deux personnes et en blessant sept autres, dans une attaque dont Ben-Zur a dit qu’elle était inspirée par l’organisation terroriste l’Etat islamique. Milhem a ensuite tué un chauffeur de taxi arabe israélien alors qu’il s’échappait.
Pourtant, Ben-Zur a noté que la fusillade du nouvel an 2016 a été menée par un loup solitaire, quelqu’un avec des antédédents de maladie mentale et d’usage de drogue – alors que l’attaque de vendredi a été conduite par une cellule de trois citoyens israéliens qui avaient investi aussi bien du temps que de l’argent pour préparer la fusillade.
Les trois terroristes auraient dû acheter les deux mitraillettes et le pistolet qu’ils ont utilisés dans l’attaque, s’entraîner avec les armes, et les transporter à Jérusalem, a noté Ben-Zur, qui, depuis qu’il a quitté le service public, travaille en tant qu’analyste à l’Institut Washington pour une Politique de Proche Orient et au Centre Interdisciplinaire à Herzliya.
Les trois assaillants, — Mohamed Ahmed Mohamed Jabarine, 29 ans, Mohamed Hamad Abdel Latif Jabarine, 19 ans, et Mohamed Ahmed Mafdal Jabarine, 19 ans également — étaient tous membres de la Branche Nord du Mouvement islamique maintenant illégal, qui est dirigée par l’agitateur arabe israélienne Raed Salah, qui a été maire d’Umm al-Fahm.
La Branche Nord du Mouvement islamique a été considérée illégale par Israël en novembre 2015. Le groupe a été associé au Hamas et aux Frères musulmans.
A la suite de l’attaque, le président Reuven Rivlin, avec un certain nombre de politiciens israéliens, a appelé des membres arabes israéliens de la Knesset à condamner l’attaque. Pourtant, vendredi après-midi, seulement un membre de la Liste arabe unie, son président Ayman Odeh, ont fait une déclaration critiquant l’attaque devant les journalistes ou sur des réseaux sociaux.
Ayman Odeh parle avec la presse en face de la résidence du président lors d'une manifestation des militants bédouins à Jérusalem, le 29 mars 2015 (Crédit : Hadas Parush / Flash90)
Ayman Odeh parle avec la presse en face de la résidence du président lors d’une manifestation des militants bédouins à Jérusalem, le 29 mars 2015 (Crédit : Hadas Parush / Flash90)
S’exprimant en arabe sur une radio arabe israélienne environ 10 heures après l’attaque, Odeh a déclaré que lui et les autres députés arabes « sont contre l’utilisation d’armes » mais il a également accusé Netanyahu d’essayer de rendre le conflit religieux.
Ben-Zur a déclaré qu’il pensait que la raison pour justifier une telle réaction aussi tiède de la part des politiciens arabes israéliens était qu’ils ne savaient simplement pas quoi dire.
« Je pense qu’ils sont choqués », a-t-il déclaré.
Abbas a cependant bien publié une condamnation lors d’une conversation avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Abbas a également appelé Israël à rouvrir le mont du Temple pour les prières, une demande que le Premier ministre israéliens a refusée.
Aucun des Mohamed Jabarine n’avait d’antécédents d’activité terroriste, selon le Shin Bet.
En plus d’aborder la question critique de savoir comment et pourquoi trois citoyens israéliens ont décidé de commettre une attaque terroriste, les forces de sécurité travaillent également à comprendre certains des aspects plus pratiques de la fusillade, y compris comment les hommes ont pu réussir à faire passer en douce deux mitraillettes et un pistolet dans la Vieille Ville.
Un porte-parole de la police a déclaré que les assaillants sont venus du mont du Temple à la Porte des Lions avec les armes, laissant la police penser qu’ils les ont apportées vendredi ou ont récupéré des armées qui avaient été entreposées auparavant dans le lieu saint.
« Ce sont tous les éléments sur lesquels nous enquêtons actuellement », a déclaré Micky Rosenfeld, le porte-parole de la police. Tandis que le Waqf est globalement responsable de la gestion du mont du Temple, Israël fournit la sécurité pour le lieu saint.
Au cours des récentes années, il y a eu de nombreux cas où des armes ont été introduites en contrebande dans l’enceinte, qu’il s’agisse de batons en métal, de cocktails Molotov ou de bombes artisanales.
Selon Ben-Zur, s’il n’est pas facile de faire passer une arme en douce dans le mont du Temple, cela reste possible si la personne est « déterminée ».
En plus de faire passer une arme au contrôle de sécurité à l’entrée, il y a de nombreuses façons d’amener des armes, a-t-il indiqué. « On peut faire descendre une corde le long du mur et ensuite la remonter. Il y a de nombreuses manières de faire entrer une arme, a assuré Ben-Zur. Le mont du Temple n’est pas gardé à 360 degrés ».
Si l’attaque de vendredi était différente pour de nombreuses raisons, elle représentait une tendance, pas seulement en Israël mais dans le monde, d’individus menant des attaques terroristes sans directives spécifiques émanant de groupes ou d’organisation terroristes établis.
« C’est du terrorisme qui est organisé localement, par des individus et des proches », a déclaré Dangot.
Lutter contre ce type de terrorisme s’est révélé très difficile dans la mesure où le statut indépendant des assaillants rend leur traçage et leur arrestation avant une attaque, un défi de taille pour les forces de sécurité.
En outre, les répressions qui sont nécessaires en conséquences de l’attentat ont également montré qu’elles ont pour effet d’inspirer plus de gens à passer à l’acte. Une des caractéristiques de la vague continue de terrorisme est que les assaillants étaient parfois des proches ou liés l’un à l’autre.
« D’un côté, nous devons continuer à apporter de la sécurité et une réponse forte dans notre combat contre ce type de terrorisme, et, d’un autre côté, nous devons continuer notre vie quotidienne », a dit Dangot.

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