mercredi 21 juin 2017

Et quand le Rav répond......


Question :
Cher Rav, ma grand-mère me dit qu’en Tunisie, la coutume était pour les jeunes filles de se couvrir la tête lorsqu’elles récitaient le Birkat Hamazone. Cette coutume est-elle fondée ?
Réponse :
Votre question est plus que pertinente et je vais tenter d’y répondre de manière circonstanciée.
Le Choul’han Aroukh stipule à deux reprises (Cf. Ora’h ‘Hayim chap. 91 § 3 et Beth Yossef chap. 183), et de manière très laconique, que l’on est tenu d’avoir la tête couverte lorsque l’on prononce le Nom de D., sa manière de s’exprimer laissant entendre que tout le monde est concerné par cette obligation: les hommes tout aussi bien que les femmes mariées et les jeunes filles. C’est d’ailleurs dans ce sens que le Rav Ovadia Yossef zatsal (Yabia Omer tome 6 chap.15) tranche lorsqu’il recommande chaudement aux jeunes filles de se couvrir la tête lorsqu’elles prient, qu’elles récitent les bénédictions du Chéma ou encore le Birkat Hamazone.
Par ailleurs, le Rav Eliézer Yéhouda Valdenberg zatsal, l’auteur du Tsits Eliézer, relate dans cet ouvrage (tome 12 chap.13), qu’un jour des gens sont venus le trouver pour lui poser la question suivante : puisque le Choul’han Aroukh laisse entendre à deux reprises que les jeunes filles aussi doivent avoir la tête couverte lorsqu’elles récitent une quelconque bénédiction, comment se fait-il que cette règle ne soit en vigueur dans aucune école ni séminaire? Il rapporte que cette question le laissa sans voix pendant une heure entière qu’il passa à consulter plusieurs livres de Halakha qui lui permirent de constater que cet usage était effectivement rapporté pour le justifier par deux grands décisionnaires Séfarades, à savoir le Rav Ovadia Hadaya zatsal et le Rav Matslia’h Mazouz zatsal. Pourquoi donc cet usage n’a-t-il pas été adopté de manière unanime par toutes les communautés, s’étonna-t-il ? 
Poursuivant sa recherche, c’est grâce à une question posée par le ‘Hatam Sofer et à la réponse qu’il y apporte, qu’il découvrit, explique-t-il, finalement la clé de l’énigme. Cette question est la suivante: dès lors que le Talmud (traité Chabat 118 : b) enseigne que le port de la Kippa contribue à renforcer la Crainte de D., pour quelle raison les jeunes filles n’ont-elles pas, au même titre que les garçons, l’obligation de la porter ? Et de répondre que c’est afin de ne pas donner à penser que, ce faisant, elles s’inspirent de l’usage en vigueur dans l’enceinte des églises chrétiennes qui consiste pour les hommes à se découvrir la tête et pour les femmes à se la couvrir. D’où il apparaît que dans le monde chrétien, les femmes ont pour habitude de se couvrir la tête lorsqu’elles s’apprêtent à se livrer à leur service religieux.  On comprend à présent, conclut le Rav Valdenberg zatsal, que dans le monde Achkénaze, c’est par crainte de copier un usage chrétien, que les décisionnaires n’ont pas  recommandé aux jeunes filles de se couvrir la tête lorsqu’elles se livrent à leur propre service religieux en récitant une bénédiction.
Il va de soi que cette crainte ne pouvant concerner les femmes mariées, vu que celles-ci ont continuellement la tête couverte à l’extérieur, elles devront l’avoir aussi couverte lorsqu’elles réciteront une bénédiction à l’intérieur de leur domicile. C’est d’ailleurs dans ce sens que tranche le Rav Eliachiv zatsal rapporté par le Rav Ovadia Yossef zatsal (Yabia Omer tome 6 chap. 15).
Pour conclure, ces deux usages sont fondés, mais tandis que les décisionnaires séfarades ont tendance à recommander aux jeunes filles de se couvrir la tête lorsqu’elles récitent une bénédiction, tous les décisionnaires Achkénazes s’y opposent. Il semblerait que cette différence d’appréciation soit liée à l’environnement religieux et culturel dans lequel ces décisionnaires vivaient.
Rav Azriel Cohen-Arazi

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