lundi 20 février 2017

Le Pen et ses fantômes...Petit rappel de son parcours !


En populiste policé, le Le Pen 2002 semble avoir pris ses distances avec les compagnons de route bien encombrants et les frasques de son parcours d'aventurier de la politique. Le Point a ouvert quelques- uns de ses placards.
« Les collabos de Le Pen »
Le président du Front national, qui jure avoir pris la route des maquis du Morbihan à l'âge de 17 ans, n'a jamais manqué de mettre en avant les anciens résistants membres du FN : Michel de Camaret, compagnon de la Libération, le colonel Etienne François, grand officier de la Légion d'honneur, Robert Hemmerdinger, Roger Holeindre...
Proche lui-même de l'ancien nazi belge Léon Degrelle, Le Pen se montre en revanche beaucoup plus discret sur les anciens du régime de Vichy et autres admirateurs de l'Allemagne hitlérienne étroitement mêlés à l'histoire du FN.
Léon Gaultier. Cet ancien lieutenant Waffen SS a fondé une maison de disques, la SERP, avec Le Pen en 1963. Il fut membre du conseil national du FN dès sa création, en 1972.
André Dufraisse. Ex-membre du Parti populaire français et de la Légion des volontaires français (LVF), c'est à son engagement sur le front de l'Est sous l'uniforme allemand qu'il dut son surnom de « Tonton Panzer ». Membre du bureau politique du Front national de 1972 à sa mort, chargé du recrutement des chefs d'entreprise, André Dufraisse fut aussi le compagnon de Martine Lehideux, actuelle présidente du groupe FN au conseil régional d'Ile-de-France, elle-même nièce de François Lehideux, ministre de l'Industrie de Pétain. A la mort de « Tonton Panzer » en 1994, Le Pen prononça sur le parvis de l'église de Saint-Nicolas-du-Chardonnet un bref hommage au défunt, avec lequel il avait milité depuis 1956.
François Brigneau. Cet ancien milicien, qui connut les geôles de Fresnes au temps de Brasillach, fut vice-président du FN à sa création. Editorialiste de National Hebdo, condamné plusieurs fois pour incitation à la haine raciale, il a pris ses distances au moment de la scission mégrétiste.
Roland Goguillot, alias Roland Gaucher, s'occupa pendant la guerre des jeunesses du RNP de Marcel Déat, qu'il suivit à Sigmaringen en 1944. A la Libération, il prit le pseudonyme de Roland Gaucher. Journaliste à Minute , Gaucher-Goguillot fut fondateur en 1972, puis membre du bureau politique du Front. Grand spécialiste du PCF, il a sensibilisé Le Pen à l'efficacité des techniques militantes communistes. Il sera conseiller régional FN de Franche-Comté et directeur de National Hebdojusqu'en 1993.
Pierre Bousquet, premier trésorier du FN, décédé en 1991, était un ancien caporal de la division Charlemagne.
Victor Barthélemy, secrétaire général du Front national de 1973 à 1978, décédé en 1985, fut le secrétaire de Jacques Doriot, chef du PPF. Il a été membre du comité central de la Légion des volontaires français (LVF).
Gilbert Gilles fut de tous les combats de l'extrême droite. Aujourd'hui retraité et auteur de livres sur la Seconde Guerre mondiale, il ne cache rien de son passé : « J'ai été à la Waffen SS et adjudant de la division Charlemagne, j'ai combattu en Ukraine du Nord et purgé quatre ans et demi de prison pour appartenance à l'OAS : nous avions fait sauter les pylônes à haute tension à Sarcelles un jour où de Gaulle devait y faire un discours. » En 1984, Gilbert Gilles devint le chargé de mission de Le Pen (qu'il tutoie) afin de récolter des fonds en Afrique, mais fut écarté par Jean-Pierre Stirbois.
La « question »
Alors lieutenant dans les paras, Le Pen a pris part pendant trois mois à la bataille d'Alger en 1957. Considéré, selon ses propres termes, comme un officier de renseignement, il est envoyé dans la capitale algérienne pour arrêter des suspects, qu'il ramène ensuite à la villa des Roses, où se déroulent les interrogatoires. La participation de Le Pen dans ce dispositif a fait l'objet d'âpres controverses. Il a lui-même alimenté le débat, laissant entendre, selon de nombreux témoins, qu'il avait participé à des actes de torture. Mais, en 1989, Libération et Le Canard enchaînéont été condamnés pour avoir publié des propos l'accusant d'avoir pratiqué ou fait pratiquer la torture en Algérie. « Si j'avais commis des actes répréhensibles, a conclu Le Pen, j'aurais été poursuivi et jugé. Tout au contraire, j'ai été décoré par le général Massu. » (Sic.)
Les hymnes du Reich
Battu aux élections législatives de 1962, Jean-Marie Le Pen a fondé la Société d'études et de relations publiques (SERP) le 15 février 1963 avec son ami l'ex-Waffen SS Léon Gaultier. Faute de clients, il convertit la SERP à l'édition de disques politiques. Il rachète un stock de disques réalisés à partir d'enregistrements clandestins des plaidoiries de Me Jean-Louis Tixier- Vignancour au procès du général Salan, chef des putschistes d'Alger. C'est un succès commercial.
La petite équipe de la rue de Beaune découvre un nouveau filon : le « disque document », et lance la collection « Hommes et faits du XXe siècle ». En novembre 1963, la SERP publie « Philippe Pétain, maréchal de France » et, en 1965, un disque intitulé « Le IIIe Reich, voix et chants de la révolution allemande ».
On lit sur la pochette du 33-tours : « La montée vers le pouvoir d'Adolf Hitler et du Parti national-socialiste fut caractérisée par un puissant mouvement de masse, somme toute populaire et démocratique, puisqu'il triompha à la suite de consultations électorales régulières, circonstance généralement oubliée » (1).
Il faut donner acte à la SERP du pluralisme de son catalogue : les discours du chantre du régime de Vichy Philippe Henriot côtoient ceux de Léon Blum, de Staline ou de Malraux. On y trouve même des refrains du Front populaire, enregistrés par une chorale de la CGT ! Au total, en 1984, plus de 140 titres. Mais les réminiscences sonores de l'ordre brun restent une spécialité de la SERP, entreprise qui permit à Le Pen, selon un de ses proches, de « joindre l'utile à l'agréable » : trois disques sur le IIIe Reich, les Waffen SS, et de nombreux titres sur les SA, la Wehrmacht, Hitler, Mussolini, l'Action française et Pétain...
Un héritage providentiel
Le 27 septembre 1976, Hubert Lambert de Saint-Julien meurt à l'âge de 42 ans. Fruit des amours tardives d'une sage-femme de 44 ans et de Léon Lambert, héritier d'une famille enrichie sous le second Empire par l'exploitation de carrières et de plâtrières, Hubert Lambert est une plante de serre chaude, qui grandit reclus avec sa mère dans une villa spacieuse au sommet de la butte de Saint-Cloud. Riche, oisif, chétif, il se découvre une vocation pour le financement de l'extrême droite dès les années 50. Il adhère au Front national en 1973 et remet à Le Pen l'équivalent de 200 000 francs en espèces pour financer sa campagne législative. A partir de 1974, Pierrette et Jean-Marie seront très assidus auprès du riche héritier, saturé d'alcool et de médicaments, et de sa mère. Tant et si bien que la mère d'Hubert Lambert, qui ne veut pas laisser son fils seul après sa mort, semble avoir influencé celui-ci pour qu'il fasse des Le Pen ses légataires. Elle compte, en contrepartie, qu'ils prennent soin de lui.
Un testament est rédigé le 21 janvier 1976 au bénéfice de Jean-Marie Le Pen. Hubert Lambert meurt le 27 septembre 1976, un mois après sa mère, d'une crise d'éthylisme. Le Pen est le seul à produire un testament olographe, l'instituant légataire universel. Philippe Lambert, cousin d'Hubert et qui vit au rez-de-chaussée de l'hôtel particulier, conteste la validité du testament. Son avocat plaide qu'Hubert n'était plus dans son état normal au moment de le rédiger. En décembre, Le Pen obtient gain de cause, à titre provisoire, en attendant que la justice tranche sur la validité du testament. Mais, en septembre 1977, après un an de batailles juridiques, un arrangement entre les deux prétendants à l'héritage est trouvé. Philippe Lambert reconnaît la validité du testament rédigé au profit de Le Pen et reçoit en échange un tiers de la fortune de son cousin, généralement estimée à environ 80 millions de francs (2001), Le Pen conservant notamment la maison de Saint-Cloud. « C'est un "conte de fées" », dit Pierrette. L'héritage Lambert, qui met fin à une période de vaches maigres, assure à Le Pen une assise matérielle décisive pour sa carrière politique.
« Querelles d'Allemands »
Le 23 avril dernier, sur France 2, Jean-Marie Le Pen s'indignait qu'on lui cherchât des « querelles d'Allemand » pour « une ou deux phrases malheureuses » prononcées « il y a quinze ans ». En réalité, les dérapages verbaux du président du Front national, qu'il s'agisse de gaffes ou de signaux envoyés sciemment, furent assez nombreux et systématiques pour lui valoir des condamnations en justice.
Le président du FN a ainsi été condamné en 1991 à 1,2 million de francs de dommages et intérêts pour avoir déclaré, quatre ans plus tôt, que les chambres à gaz sont « un détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale ». Un propos réitéré le 5 décembre 1997 à Munich, où Jean-Marie Le Pen s'était rendu à l'invitation de l'ancien Waffen SS Franz Schönhuber, chef des Republikaner.
Le président du FN a également été condamné à 10 000 francs d'amende pour « injure publique envers un ministre » pour son sinistre calembour « Durafour crématoire », proféré en 1987.
La même année, Le Pen déclarait : « Le sidaïque est contagieux par sa transpiration, sa salive, son contact. C'est une espèce de lépreux. » Le 30 août 1996, il affirmait croire « à l'inégalité des races ». Mais le président du FN avait aussi dénoncé en 1989 dans l'hebdomadaire Présent le rôle de l' « internationale juive »dans « la création d'un esprit antinational » ou en 1996, à propos du onze de Zidane, estimé « artificiel de faire venir des joueurs de l'étranger et de les baptiser équipe de France ». Et caetera...

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