mercredi 31 août 2016

François Hollande, la cécité fait loi....


On le dit fin politique, mais il n'a pas vu venir Ségolène Royal en 2007, ni cru que Macron le quitterait pour le défier. Retour sur un aveuglement.


Combien de fois la rouerie de François Hollande fut-elle soulignée ? Combien de fois les journalistes ont-ils écrit qu'il était un brillant analyste des situations politiques ? 

Et pourtant, à deux moments-clés de sa vie politique, le président n'a rien vu venir, n'y a pas cru en dépit de tous les clignotants, de l'évidence même : en 2007, quand Ségolène Royal lui dame le pion et se présente à sa place alors qu'il dirige le PS ; et lundi, quand Emmanuel Macron lui présente sa démission pour courir sous ses propres couleurs... 

François Hollande tombe de sa chaise. Il ne pensait pas que son ancien conseiller, élevé aux meilleurs grains par ses soins, puisse lui faire défaut, notamment après les attentats de l'été.

Comment Hollande peut-il s'aveugler à ce point alors que les signaux d'une émancipation de Macron étaient évidents. Quand le ministre de l'Économie fonde son propre mouvement en avril, François Hollande laisse faire... Se croit-il assez finaud pour se servir de Macron comme d'un rabatteur ? Pense-t-il sincèrement que l'impétueux ministre de l'Économie va se mettre au service d'un homme tombé dans les abysses des sondages de popularité tandis qu'il caracole 20 points au-dessus ? « Il ne faut jamais oublier que François Hollande se croit plus intelligent que tout le monde depuis 40 ans », confie l'un de ses amis.

Hollande, c'est Hubble

Se croyait-il supérieur à Ségolène Royal lorsque, en 2006, celle-ci, prenant appui sur les fédérations du Sud – celle de feu Georges Frêche et celle des Bouches-du-Rhône (avec Patrick Menucci) –, a commencé à faire son chemin vers l'investiture. On sait depuis ce qu'il en était de ses relations dégradées avec sa compagne et nul ne saura jamais exactement ce qui a pu motiver Ségolène Royal à sortir des rangs. En tout cas, sa « nouveauté » fait de l'ombre à son compagnon, alors premier secrétaire du PS. Au début, il pense l'instrumentaliser pour ringardiser les éléphants DSK et Fabius, mais la « créature » finit par lui échapper.

Dix ans plus tard, c'est le même scénario : la « fraîcheur » d'un Macron, son réformisme transgressif ringardisent Manuel Valls et empiètent, en partie, sur son credo. Hollande croit jouer de la rivalité de deux dauphins potentiels. Lui-même se recentre au passage : il y aurait donc plus à droite que lui dans le paysage de la gauche. Mais comme le disait Jean-Luc Mélenchon, Hollande produit des « monstres politiques ». D'abord Manuel Valls, 5,63 % à la primaire de 2011, qui devient le pivot de son gouvernement alors que, en vérité, si Hollande a gagné en 2012, c'est parce que Martine Aubry lui a laissé le champ libre... Elle aurait pu lui mener la vie dure. 

Elle n'a rien dit et s'est tenue longtemps silencieuse au cours de ce quinquennat avant de commencer à dire son « ras-le-bol ». Ensuite, c'est Macron, sorti comme un lapin du chapeau présidentiel et qui coupe un à un les fils qui le relient à l'homme qui l'a fait prince.

François Hollande ne voit pas venir les astéroïdes géants qui percutent son ambition, mais il est capable de détecter la moindre poussière d'étoiles aux confins d'un congrès du PS. Hollande, c'est Hubble : réglé pour voir de loin, aveugle devant l'affaire qui se déroule sous son nez. Quelle présidence !

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