mercredi 27 juillet 2016

"Israéliser" la sécurité en France....


Il est difficile de comparer la situation en France avec celle d’Israël. Israël est en état de conflit depuis sa création et sa population a fini par s’habituer et par participer à la sécurité qui est enseignée à l’école primaire. Le modèle israélien n’est pas exportable en France sauf à maintenir la société française dans un état de guerre permanente. Les événements dramatiques y prennent toujours des proportions politiques car les dirigeants des partis exploitent la situation pour faire de la surenchère sécuritaire à des fins de politique intérieure. On ne réfléchit plus ensemble en France pour trouver les moyens pour faire échec au terrorisme. 



Jacques Hamel

          En Israël il y a un consensus général pour le combat contre le terrorisme qui dépasse les clivages politiques de droite et de gauche. Dans le malheur, l'unité du pays est respectée. Quels que soient les joutes et les combats politiques la couleur politique ne transcende pas le besoin de sécurité.

Depuis les attentats, les discours politiques dans les médias en France tournent autour des tactiques de sécurité pour prévenir de nouveaux attentats et automatiquement vient à l'esprit le modèle de sécurité israélien. Mais les Israéliens se sont habitués aux contrôles des sacs à l’entrée des supermarchés et des centres commerciaux. Ils approuvent la présence de vigiles dans les transports publics et à l’entrée des restaurants ; d’ailleurs ils paient sans rechigner un surcoût de quelques centimes sur leur addition pour rétribuer le garde armé qui les protège à l'entrée. Ils se sentent en sécurité avec les unités de gardes frontières qui quadrillent les principaux lieux publics. Que d'emplois pourraient être développés en France pour endiguer le chômage !

En Israël, la préparation psychologique de la population existe depuis l’enfance. Les bâtiments publics et les ambassades sont entourés de plots en béton pour contrecarrer les attaques à la voiture-bélier. Lors des manifestations publiques, la circulation est totalement interdite aux voitures ce qui fait que l’incident de Nice n’aurait jamais pu arriver en Israël. Les officiers de réserve, en civil, ont le droit de porter une arme pour venir au secours de citoyens attaqués. C'est d'ailleurs pourquoi les terroristes ne réchappent jamais et sont abattus sur place.  On ne porte pas de gants avec des sauvages sanguinaires. 

Certains plaisantent en assimilant la situation à l'époque des westerns mais il ne transpire aucune impression de ce genre dans les villes malgré le nombre d'armes qui circulent légalement en Israël. Même les touristes ne se sentent pas dans un Etat policier.


Le «modèle» de l’aéroport Ben Gourion est souvent évoqué mais on oublie que le profilage des suspects est la règle et que le renseignement humain est la base de la sécurité d’Israël. Tout est informatisé et chaque citoyen dispose d’un numéro unique pour tous les usages : banque, sécurité sociale, armée, passeport, impôts, ce qui permet de croiser tous les fichiers. Il n’existe pas de CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) pour s’opposer à ces méthodes d’identification par un numéro unique. Là où il se trouve, le citoyen est pisté par sa voiture, sa carte de crédit ou même par un achat d'aspirine en pharmacie. 

Le voyageur étranger, à l’entrée ou à la sortie d’Israël, est lui aussi fiché ce qui permet de renvoyer immédiatement tout suspect.  Les étrangers non fichés sont soumis à un interrogatoire, courtois mais serré, par deux officiers de sécurité. Les touristes l’acceptent avec résignation parce qu’il en va aussi de leur sécurité. C'est la rançon du succès de la sécurité en Israël. Mais cela ne pourra jamais marcher en France où les citoyens sont très chatouilleux sur la préservation des libertés publiques.  

L’État israélien est soumis au risque d’attentats de la part des Palestiniens mais il sait le gérer. L'investissement sécuritaire permet d’endiguer les violences mais sans pouvoir les éradiquer définitivement. Le risque zéro n'existe pas. Certains accusent Israël pour ce tout-sécuritaire qui provoque la répétition des actes de violence palestiniens. Mais le problème est ailleurs parce qu’il s’agit d’une question purement politique liée à l’absence de perspective d’avenir pour une majorité de Palestiniens qui sont alors tentés de passer à l’acte. Les services de sécurité intérieure, Shin Beth, sont conscients de la difficulté et ils insistent auprès du gouvernement pour lâcher du lest. Mais les mesures pour dissuader le terrorisme existent aussi, quand la carotte ne suffit pas : destructions de maisons, expulsions, détentions administratives. 

Djihadistes français

Ce qui distingue aussi la violence israélienne de la violence française est la motivation des terroristes.  Après chaque attentat, la France réactive les frappes en Syrie et en Irak créant une amertume auprès des sympathisants islamistes. Par ailleurs, la question ne s’est pas posée pour comprendre pourquoi des jeunes Français trouvent dans le djihadisme le moyen de se venger de la France jusqu’à la détester.

L’instauration d’un État d’urgence est une mesure symbolique, une sorte de voile de fumée qui empêche les politiques de prendre ensemble les problèmes à bras le corps. Ils restent dans leur guéguerre interne. La classe politique doit comprendre que, devant ce grave danger, la réflexion collective et critique est indispensable, à condition de ne pas politiser le débat. Il faudra pourtant repenser à certains choix de politique intérieure ou étrangère qui donnent de l'eau au moulin des islamistes. On ne peut pas éluder la question de l’intégration des Français d’origine musulmane qui refusent l’adhésion au modèle républicain. La solution sécuritaire en France passe donc par l'analyse des mécanismes psychologiques qui poussent des jeunes à passer à des actes criminels, crescendo vers l'horreur.

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