vendredi 3 juin 2016

Paris: La capitale serait-elle mieux armée que les autres villes pour résister à la crue?


INONDATIONS Alors que de nombreuses communes sont victimes d’inondation, la capitale semble moins touchée. Notamment parce qu’elle se prépare depuis longtemps à la possibilité d’une crue centennale…

La Seine déborde. L’eau vient même de dépasser les 5 mètres, ce jeudi au pont d’Austerlitz, et devrait atteindre un « pic » de 6 mètres vendredi selon le ministère de l’Environnement. « Pour mémoire on parle de crue majeure à 7 mètres, et la crue de 1910 a atteint 8,62 mètres », rappelle Magali Reghezza, maître de conférences en géographie à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm. Mais alors que des dizaines de communes de la région Ile-de-France ont les pieds dans l’eau, Paris semble davantage préservé.

Quatre lacs-réservoirs en bouclier


C’est qu’après les deux grandes crues de 1910 et 1924, puis la sécheresse de 1921 qui ont touché la capitale, décision a été prise de créer l’organisme responsable des quatre lacs-réservoirs de la Seine, l’EPTB Seine Grands Lacs. Deux missions lui sont alors confiées : d’un côté diminuer le débit maximum des crues printanières et hivernales, de l’autre soutenir les débits d’eau des rivières en été et en automne.

Sortes de boucliers pour Paris, auxquels vient s’ajouter le projet d’une nouvelle zone de rétention d’eau, uniquement utilisée en cas de crue, prévue à l’horizon 2020 : « Ce projet c’est celui de la Bassée, un tronçon de la vallée de la Seine situé à la confluence Seine-Yonne. L’idée serait d’avoir un cinquième ouvrage pour améliorer la protection de la région Ile-de-France. Mais même avec cette zone, on ne pourra jamais réduire totalement à néantune crue telle que celle de 1910 », nuance Stéphane Demerliac, chargé de projet en hydrologie à l’EPTB. Les actuels lacs-réservoirs (Marne, Aube, lac du Der et lac de Pannecière) détiennent à eux quatre une capacité totale de 830 millions de m3 d’eau.
Una capacité de stockage qui n’empêche pourtant pas aujourd’hui les lacs d’être proches de la saturation, avec encore une « marge de manœuvre » de quelque 60 millions de m3 d’eau, si les intempéries se poursuivent. Mais alors, les lacs-réservoirs risquent-ils de déborder ? « Nos lacs ne débordent pas, car ils sont construits en dérivation. Ils ne sont pas directement dans la rivière. Dans chaque lac il y a un canal, qui prend l’eau dans la rivière et l’amène dans le lac. Et de l’autre côté du lac on a un autre canal, qui quand on n’en a besoin va prendre l’eau et la rejeter dans la rivière », explique Stéphane Demerliac.

Barrages, batardeaux et murettes


La Seine déborde à Paris. Juin 2016
La Seine déborde à Paris. Juin 2016 - SIPA

Mais les lacs ne sont pas les seuls à protéger la capitale de l’inondation. « Il existe plusieurs formes de protection : des barrages en amont du bassin-versant de la Seine et de la Marne permettent d’écrêter les crues [environ 70 cm]. Il existe également des digues et des murettes. On a aussi la possibilité d’installer des protections temporaires, les "batardeaux" », rappelle Magali Reghezza.
En revanche en cas de crue majeure, la docteur en géographie rappelle que l’inondation « par débordement » n’est pas la seule cause naturelle à craindre en Ile-de-France : « Au débordement du fleuve s’ajoute celui de la nappe phréatique qui peut causer de graves problèmes. L’eau va circuler dans les sous-sols où se trouvent des réseaux, de tunnels, du métro ou encore des réseaux d’assainissement ».

Paris mieux protégé que le reste de l’Ile-de-France ?

Par rapport aux communes voisines,la capitale semblerait presque plus préservée des inondations actuelles. Une meilleure « défense » qui s’explique par la spécificité des plus petits ouvrages de protection, mis en place au cœur de la ville, tels que les murettes présentes sur les quais. Sauf à deux endroits, rappelle Stéphane Demerliac : « Du côté de Javel, dans le 15ème arrondissement où il n’y pas de murets de protection. Et une partie située en amont de la gare d’Austerlitz, où il y a des remontées par la banlieue qui sont moins bien protégée que le reste de Paris ».
Autre explication, les différences météorologiques de ces derniers jours. « Les communes situées sur le Loing et l’Yonne sont inondées car il y a eu de grosses pluies très localiséesqui font que les cours d’eau sont en crues sur ces tronçons. Pour qu’une crue majeure arrive à Paris, il faudrait notamment que la Marne soit aussi en crue exceptionnelle ce qui n’est heureusement pas le cas », précise Magali Reghezza.
Dernier point la préparation particulière à laquelle s’est livrée la ville de Paris et sa région en mars 2016 :l’exercice EU Sequana, ayant permis à quelque 87 partenaires de la Ville de tester leurs plans de crise en cas d’inondation. Des exercices nécessaires selon Magali Reghezza. « L’épisode actuel montre qu’une crue de la Seine ne relève pas du fantasme mais est devenue une menace réelle ».

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