mercredi 29 juin 2016

Le militant copte Medhat Kelada : Les Egyptiens accusent Israël de racisme alors que leur pays en regorge........


Le 2 juin 2016, le site libéral Elaph a publié un article intitulé « Racisme sur le sol égyptien ». L’article de Medhat Kelada, activiste copte des droits de l’Homme et des droits des minorités, et chef de l’Union des organisations coptes européennes, accuse la société égyptienne d’utiliser de deux poids deux mesures face au problème du racisme. Kelada écrit que les Egyptiens accusent Israël d’être raciste et d’opprimer les Palestiniens, alors que leur pays lui-même est en proie au racisme, à l’oppression et à l’extrémisme religieux. 
Notant que les révolutions égyptiennes avaient aspiré à apporter au pays justice, liberté et égalité, sans y parvenir, il estime que les institutions égyptiennes, notamment religieuses, doivent connaître une « révolution ». Il appelle à créer une « nouvelle religion », qui puisse « donner naissance à des personnes dotées de valeurs d’amour, de loyauté et de dévouement pour la patrie et autrui ». Extraits : [1]
Dans notre misérable région, il n’est pas étonnant de voir un voleur se tenir debout et prêcher la morale, ou des prostituées prêchant la morale aux femmes vertueuses. Il n’est pas non plus étonnant de voir un haut fonctionnaire maudire Israël pour son racisme envers les Palestiniens. Nous, [Arabes], croyons que nous sommes les meilleurs au monde, dotés des [meilleures] valeurs morales, religion et culture, et que nous détenons le monopole de la vérité. Nous vivons dans le déni complet de la triste réalité et de l’avenir encore plus sombre qui nous attend.
Dans nos universités religieuses, on enseigne [métaphoriquement] aux étudiants à manger de la chair humaine ; [pourtant] nos religieux rivalisent en discours clamant au monde que ces universités n’ont jamais produit un seul terroriste !… Notre glorieuse nation est l’incarnation parfaite de la schizophrénie religieuse qui caractérise l’ensemble de notre région : tout le monde parle de morale, sans l’appliquer, parle de nationalité, sans en comprendre le sens, parle d’honnêteté, en ignorant ce qu’elle implique, et parle de virilité, sans vivre selon ce [principe]. Nous maudissons le racisme d’Israël envers les Palestiniens, alors que nous [Egyptiens] nous comportons plus mal et plus honteusement.
Se référant à des incidents ayant eu lieu en Egypte, Kelada écrit :
Avez-vous déjà entendu parler de 300 Israéliens criant « Dieu est grand » en déchirant les vêtements d’une femme âgée qu’ils ont encerclée ? Avez-vous déjà entendu dire qu’Israël a persécuté et expulsé des Palestiniens parce qu’ils ont « aimé » quelque chose sur Facebook ? Avez-vous entendu dire qu’[Israël] a arrêté des enfants de quatre à cinq ans pour s’être moqués de l’Etat islamique ? Avez-vous entendu parler d’un Israélien incendiant 85 églises en deux jours ? Avez-vous entendu parler d’écoliers israéliens se rassemblant pour protester contre la nomination d’un directeur palestinien à leur école ? Avez-vous entendu parler d’un cas où le gouvernement israélien a été contraint de renvoyer le directeur d’une autorité locale tout juste nommé, [simplement parce] qu’il était musulman ?… Et il y a des dizaines d’[autres] exemples vivants de racisme flagrant dans l’histoire de l’Egypte…
Notre peuple et notre régime souffrent de la maladie de la haine et de l’absence de succès. Des centaines de milliers [d'étudiants] absorbent cette haine dans les écoles religieuses fermées [aux non-musulmans]. Chaque année, ces écoles produisent des centaines de milliers de demi-humains qui ne reconnaissent pas l’existence des autres, ou que [ces autres] ont une patrie. Ils vivent à l’intérieur d’une seule culture [monolithique] et enseignent à des millions d’autres [le sens du] vrai racisme…
Il existe une corrélation directe entre la maladie et le traitement : plus grave est la maladie, plus radical sera le traitement. [La maladie] des institutions égyptiennes [est suffisamment grave] pour justifier une révolution. [Elles doivent entendre] une critique sévère et brutale pour vaincre les narcissiques religieux qui croient à tort qu’ils sont les meilleurs, quand ils échouent en termes de valeurs humaines, morales et nationales.
[Les Egyptiens] ont orchestré deux révolutions contre l’oppression et la corruption sous le slogan « justice, liberté et égalité », mais nous n’avons ni justice, ni liberté ni égalité. A la place, nous avons l’injustice, le racisme, les prisons et des services de sécurité experts en simulation d’accusations contre les adversaires [du régime].
Nous avons besoin d’une révolution interne. Nous avons besoin de bombes nucléaires pour percer les murs du narcissisme religieux… Nous avons besoin d’une auto-flagellation. Nous avons besoin d’une révolution pour mettre fin aux traitements inéquitables et à l’oppression, et pour punir les responsables, les renvoyer [de leurs postes] et leur demander de rendre des comptes si nécessaire. Nous avons besoin d’éradiquer la pensée obsolète qui anime l’Egypte depuis 1952, selon laquelle « les admirateurs [du dirigeant] remplacent les experts », quels que soient leurs erreurs, échecs et leur ignorance, et souvent au mépris de leur racisme…
Enfin, nous avons besoin d’une nouvelle religion qui puisse donner naissance à des gens dotés de valeurs d’amour, de loyauté et de dévouement envers la patrie et autrui. Pour prouver que nous sommes meilleurs qu’Israël, nous n’avons pas besoin de prédicateurs, mais plutôt de citoyens qui aiment leur pays. [Mais] je m’interroge : verrons-nous jamais ce jour ?!
Note : 
[1] Elaph.com, 2 juin 2016.

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