dimanche 29 mai 2016

LE PREMIER DÉFI DE LIEBERMAN...Thérèse Zrihen-Dvir.


La semaine dernière, une troupe de 300 musulmans dans le sud de l'Égypte ont dénudé une femme chrétienne âgée de 70 ans et l’ont trainée dans sa nudité dans les rues.

Cette horreur islamiste nous fut révélée quelques jours avant l’explosion dans l’espace aérien d’un vol d’Egyptair de Paris près d'Alexandrie. C’est le deuxième avion de passagers bombardé par les djihadistes en Égypte au cours des derniers mois.
Il semble que l'Égypte n’est suspendue qu’à un fil. Conforme à l'attaque qui avait détruit un avion russe avec tous ses voyageurs dans les cieux du Sinaï en octobre dernier, l'attaque de cette semaine est probablement l’œuvre d'un employé de l'aéroport égyptien. Ce qui prouve qu’après la destitution d’il y a trois ans ou presque, du gouvernement djihadiste de la Confrérie Musulmane par l'armée égyptienne, les partisans de ce groupe restent disséminés dans tout le pays et sont capables de menacer le régime et la survie même de l'État égyptien.
Rien de surprenant que les islamistes aient ce pouvoir. La plupart des Égyptiens les soutiennent. Lors des élections législatives il y a quatre ans et demi, les islamistes ont remporté plus de 65% du vote. Ces élections furent les plus ouvertes de l'histoire égyptienne.
Compte tenu de leur force, il est loin d'être certain que le président Abdel Fatah al-Sissi puisse réussir à empêcher le pays le plus puissant et le plus peuplé du monde arabe de devenir une autre branche de l'État islamique.
Du point de vue d'Israël, comment cette bataille se déroulerait est d'une importance primordiale. Mais vous ne l’apprendrez jamais des médias, ni de nos leaders de la sécurité nationale. En ce qui les concerne, la menace la plus grave à laquelle Israël fait face est la droite israélienne. De leur point de vue, le développement le plus important de l'année a été la décision du Premier ministre Benjamin Netanyahu de nommer Avigdor Lieberman pour remplacer Moshe Ya'alon comme ministre de la Défense.
Considérons par exemple un programme récent de sécurité nationale sur la radio militaire. Le mardi dernier Avi Issacharof, correspondant vétéran des affaires arabes avait interviewé Munib Muhamed, journaliste égyptien dans son émission de radio. Étant donné que le spectacle a été diffusé deux jours après l'attaque d’Egyptair, Issacharof devrait en principe poser des questions à Muhamed sur le bombardement.
Mais ce ne fut pas le cas. Issacharof demanda à Muhamed ce que les Égyptiens pensent de Libermann. Et encore une fois, il n'y avait rien hors de l'ordinaire dans son sujet de discussion.
Alors que les États autour de nous s’effondrent ou luttent pour survivre, nos médias et notre élite de la sécurité passent la majorité de leur temps à nous bourrer les oreilles avec « combien la société israélienne est dangereuse. Notre démocratie est en danger. Nous sommes des gens dangereux. Et nous énervons nos voisins ».
Le harcèlement de nos élites sur la composition de la coalition et leur appel au reste du monde à les joindre pour tourmenter la coalition de Netanyahu, n’accorde aucun laps de temps qui permettrait d’analyser avec lucidité les implications stratégiques à long terme des évolutions révolutionnaires autour de nous.
La semaine prochaine marquera le 16ième anniversaire du retrait de la zone de sécurité libanaise. Cela marque aussi le 16ième anniversaire de la prise du sud du Liban par le Hezbollah. Il y a neuf ans, le Hezbollah prenait le contrôle du gouvernement libanais. Aujourd'hui, la légion étrangère iranienne est également censée contrôler l'armée libanaise.
Au cours des 10 dernières années depuis la fin de la seconde guerre du Liban, l'ancien Premier ministre Ehud Olmert et ses alliés militaire ou hors militaires ont à plusieurs reprises fait valoir que le calme dont jouit largement la frontière du nord prouve qu’Israël a gagné la guerre. Israël, selon eux, a rétabli sa dissuasion. Le Hezbollah n’osera pas nous attaquer à nouveau.
Mais il est loin d'être clair qu’Israël ait réussi à dissuader le Hezbollah. Depuis la guerre, le Hezbollah a amassé un arsenal de 150.000 missiles qu'il pointe sur Israël. Ceux-ci comprennent une gamme de missiles à guidage précis à portée assez longue pour atteindre et détruire des cibles dans le sud d'Israël. Le Hezbollah a installé une «salle de missiles », dans chaque maison et appartement dans le sud du Liban. Sa stratégie offensive repose sur la prise en otage de civils libanais.
L’attitude du Hezbollah est évidente, car il sait qu'il peut compter sur l'Occident. Si Israël frappe ses missiles, et nuit aux civils qui défendent sa machine de guerre, alors l'Europe va condamner Israël et les États-Unis vont lui imposer un cessez-le-feu.
En d'autres termes, avec ses facilitateurs occidentaux, c’est le Hezbollah qui dissuade Israël en apprêtant sa capacité de paralyser le pays. Et cela même sans tenir compte de ses plans pour une offensive terrestre dans le nord d'Israël. Pour marquer le 16e anniversaire du retrait de l'armée israélienne, le porte-parole des médias du Hezbollah As-Safir vantait cette semaine les tunnels souterrains du Hezbollah qui traversent la frontière. Selon le journal, les forces du Hezbollah le long de la frontière avec Israël « travaillent jour et nuit ... dans la conduite d’observations, de préparation, et de forage de tunnels qui empêchent les colons et les soldats ennemis de dormir ».
Et encore, si Israël frappe les positions du Hezbollah le long de la frontière, l'Occident le condamnera. Ce qui fait du Hezbollah le jumeau du Hamas palestinien - le Hamas, dirige sa propre tyrannie terroriste à Gaza.
Le mardi dernier Dore Gold, directeur général du ministère des Affaires étrangères, déclarait au Sommet humanitaire de l'ONU à Istanbul que le Hamas détourne 95% du ciment importé par Gaza pour construire des tunnels offensifs. Israël autorise l’importation de ciment pour faciliter la reconstruction de Gaza à la suite de la guerre 2014.
La révélation de Gold soulève naturellement la question, pourquoi Israël permet au Hamas d'importer du ciment ? La réponse est tout aussi claire. Israël continue de fournir au Hamas les moyens d'attaquer nos citoyens parce que nous avons peur de la condamnation internationale.
Identique au Hezbollah sous la protection des puissances occidentales, le Hamas a développé des moyens pour dissuader Israël et le contraindre à rester en alerte et même à assister à la reconstruction de la machine de guerre qu’il emploiera contre les habitants d’Israël. Cette alliance occidentale avec des armées djihadistes n’est pas susceptible d'être brisée dans un avenir prévisible.
Compte tenu de la dynamique démographique, politique et sociale du monde occidental, il est assez clair que l'animosité occidentale ne reflète pas le comportement israélien. Alors que ces dynamiques se renforcent, l'hostilité occidentale est susceptible d’accroître. Aujourd'hui encore, les mauvais traitements quotidiennement infligés par l'Occident à Israël ont atteint de nouveaux sommets.
Cette semaine, par exemple, Israël a été condamné par l'Organisation Mondiale de la Santé de l'ONU. Avec le soutien de l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et d'autres États membres de l'UE, il est accusé de commettre des crimes fictifs contre la santé des Palestiniens et des Syriens. Il va sans dire que l'OMS n’avait rien à dire sur l'usage du Hamas de l'hôpital Shifa dans la ville de Gaza comme son poste de commandement ni au sujet de l’usage répété du régime Assad d’armes chimiques.
Le temps est venu pour Israël de reconsidérer sa position stratégique et ses alternatives. Depuis que l'OLP a créé son État au sein du Liban dans les années 1970, la politique d'Israël pour lutter contre les acteurs sub-étatiques a été de tenir l'état où ils opèrent comme responsable des agressions. C’était donc ainsi, lorsque l'OLP, ou le Hezbollah, attaquait Israël qui ripostait contre des cibles libanaises. De cette façon, Israël arrivait à éviter de frapper les cibles civiles que les terroristes employaient comme boucliers humains pour leur agression.
L'idée était qu'en attaquant le régime, Israël serait en mesure de le contraindre à lutter lui-même contre les milices terroristes. Mais aujourd'hui, le Hezbollah domine le gouvernement libanais.
Dans la mesure où il fonctionnerait, le gouvernement libanais sert plutôt de garçon errant au Hezbollah. Le gouvernement libanais ne freinera pas le Hezbollah. S’il tente, ses dirigeants se réuniront comme le fit Rafik Hariri. Et l'Occident répondra avec la même paralysie lors de l'assassinat de Hariri.
Tout comme le Hezbollah domine le gouvernement libanais, le Hamas domine le Fatah. Et tout comme le gouvernement libanais sert de substitut au Hezbollah pour attaquer Israël dans la sphère diplomatique, l'OLP utilise la diplomatie internationale pour criminaliser l'État juif.
Dans ces circonstances, la première démarche qu’Israël à besoin de prendre pour développer une stratégie constructive pour sa défense est de reconnaître la nature de la menace et le système d'exploitation hostile contre lui. Pour ce faire, il faut d’abord cesser notre auto-obsession. Nous ne sommes pas l'histoire.
Nous ne sommes pas le moteur d'événements régionaux.
Pour Lieberman, ministre de la défense entrant, cela signifie que sa tâche principale est de ne pas convaincre les puissances occidentales qu'il veut la paix. Sa tâche principale est de développer une stratégie pour la restauration de la dissuasion.
À ce stade, la dissuasion ne peut pas être restaurée par des menaces. Des promesses de raser le Liban si le Hezbollah attaque à nouveau ne sont plus prises au sérieux. La seule façon de restaurer notre dissuasion est d'affaiblir le Hezbollah sur le terrain. Et nous ne devons plus attendre que le Hezbollah entame sa prochaine guerre.
En effet, étant donné les capacités offensives que le Hezbollah a mises au point, nous ne pouvons pas nous permettre de déclencher la prochaine offensive. Israël doit être celui qui initie le prochain tour, sur un champ de bataille qui exploite nos avantages relatifs.
Comment allons-nous frapper et les moyens que nous choisiront dépendront de la décision de Libermann et du gouvernement. La furtivité peut-être employée. Des substituts aussi. Envahir le sud du Liban peut-être aussi une alternative. Mais le temps est essentiel. Avec le soutien occidental, l'Iran continuera à étendre sa puissance dans toute la région.
En ce qui concerne le Hamas, la planification d'une stratégie pour réduire la taille du régime terroriste est nécessaire et Israël devrait prendre pour exemple la Syrie. Il y a une demi-douzaine de milices d'État islamiques opérant le long de la frontière sur les hauteurs du Golan. Mais ils sont trop occupés à combattre les uns les autres pour attaquer Israël. Ces milices opèrent aussi bien à Gaza et sont déjà engagées dans une bataille fratricide avec le Hamas.
Israël doit constamment vérifier et diminuer les capacités militaires du Hamas pour l'empêcher de reconstruire ses arsenaux et capacités offensives.
Il devrait également contribuer à le déstabiliser en tant que groupe de combat cohérent. La présence d'autres milices djihadistes à Gaza facilite l'accomplissement de cet objectif.
Enfin, Israël doit se rendre compte qu’une résolution claire de ce conflit a très peu de chances de poindre, au moins pour la prochaine génération.
Avec les régimes arabes traditionnels encore en place, qui luttent pour leur survie, et l'Iran ascendant, Israël a besoin d’assumer que des régimes plus féroces que le Hezbollah, l’ISIS et le Hamas se formeront à partir de l'épave du système d'État arabe à l'avenir. L’instabilité, alors, peut aussi se transformer en maladie chronique du monde arabe.
Les bonnes nouvelles sont qu’Israël a la capacité d'adaptation et de forger des stratégies constructives pour affaiblir et diviser ses ennemis. Les mauvaises nouvelles sont que tant que nous persistons dans l'obsession de nous-mêmes, il est peu probable que nous réussissions à accomplir notre projet de survie.

1 commentaire:

  1. Au responsable de ce site : Je suis l'auteur de cet article sur lequel il est mentionne que la reproduction integrale de l'article doit etre sous mon autorisation ecrite... Or je n'ai jamais recu votre demande. Je vous prie donc de ne prendre de mes textes qu'une partie et mentionner le lien pour la suite. Priere de ne pas me contraindre a vous sanctionner. Merci. Cordialement,
    Therese Zrihen-Dvir.

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