lundi 2 mai 2016

La cohérence de Donald Trump...


J’ai, lors d’un débat sur France24.com, en parlant avec mon interlocuteur avant et après le passage à l’antenne, en parlant aussi avec des journalistes avant l’émission, pu voir que Donald Trump était pris bien davantage au sérieux dans les médias français qu’il y a quelques semaines à peine.

Il y a une raison à cela : il sera, cela ne fait plus guère de doute, le candidat républicain à la présidence des Etats-Unis. Cela n’empêchera sans doute pas le déferlement d’ironie condescendante et de mépris qui se déverse sur lui depuis des mois de se poursuivre, mais ce n’en est pas moins un virage notable.
Ce virage est dû à son statut de quasi candidat, à sa victoire dans cinq Etats de la cote Est mardi dernier, mais aussi au discours de politique étrangère qu’il a prononcé mercredi. Ce discours a été qualifié ici ou là d’isolationniste : il n’était en rien islationniste. Il a été qualifié d’incohérent par quelques-uns : il n’était pas du tout incohérent. Il était, et est, porteur d’une ligne qui est désormais assez précisément définie.
Comme je l’ai dit sur France 24, cette ligne peut se trouver définie par le slogan (emprunté à Ronald Reagan) que Donald Trump a choisi pour sa campagne : Make America great again. Rendre l’Amérique grande à nouveau. Elle pourrait se trouver définie aussi par une veille expression que Ronald Reagan utilisait souvent : Peace through strength, la paix par la puissance.
Donald Trump entend redonner pleinement aux Etats-Unis leur statut de première puissance du monde, profondément ébanlé par les désastreuses années Obama. Il entend redonner à l’armée américaine les moyens d’action potentielle ou effective dont elle ne dispose plus aujourd’hui et, depuis là, faire que les Etats-Unis soient à nouveau pleinement respectés par leurs alliés, et craints par leurs ennemis.

Trump désigne explicitement un ennemi principal, l’islam radical

Il désigne explicitement un ennemi principal, l’islam radical, et promet d’en finir avec l’Etat Islamique, vite et sans hésitation : il a raison, et il est effectivement possible d’en finir vite avec l’Etat islamique, si l’on n’hésite pas, et si l’on désigne explicitement l’ennemi.
Il dit qui sont les amis que les Etats-Unis doivent indéfectiblement soutenir : Israël, l’Egypte d’Abdel Fattah al-Sissi.
Il dit que l’accord passé avec l’Iran est absolument désastreux et doit être renégocié : ce qui ne signifie pas qu’il entend céder quoi que ce soit aux mollahs, mais qu’il entend les traiter comme Ronald Reagan a traité l’Union Soviétique, et utiliser la dissuasion. Le régime des mollahs est totalitaire et fanatique, mais il n’est pas du tout certain que les dignitaires du régime veulent mourir carbonisés à brève échéance. Il semble, par contre, certain que, le cas échéant, un Président Trump ne leur cédera rien.
Trump entend négocier aussi avec la Russie et la Chine, et ne les a pas désignées comme des ennemis.
Il voit que Poutine est un acteur rationnel et froid : Poutine a poussé son avantage d’une façon remarquable sous Obama. Trump entend lui faire comprendre que l’ère Obama sera achevée si un Président Trump entre à la Maison Blanche en janvier 2017 : le cas échéant, un Président Trump sera poli avec Poutine, mais ferme. Le cas échéant encore, un Président Trump adoptera la même attitude vis-à-vis de la Chine, et incitera très nettement celle-ci à cesser de tolérer les dangereux délires de la dynastie Kim en Corée du Nord.
Trump entend demander aux alliés des Etats-Unis de payer davantage pour leur propre défense, et c’est une demande légitime.
Les pays d’Europe occidentale ont vécu pendant des décennies sous le parapluie de la défense américaine et, du coup, ont gaspillé de l’argent au service de lubies socialistes plutôt qu’au service du maintien de forces armées efficaces, et ont cédé à la tentation de l’apaisement. Trump veut que les alliés des Etats-Unis qui ont tiré avantage du parapluie de la défense américaine se ressaisissent : c’est une attitude salubre et saine.
Trump sait, comme aimait le rappeler mon regretté ami Martin Anderson, que Ronald Reagan a fait tomber l’empire soviétique sans que les Etats-Unis n’entrent en guerre : en redonnant leur force et leur détermination aux Etats-Unis.
Trump est très critique vis-à-vis du néo-conservatisme : je dirai sur ce point que les idéaux du néo-conservatisme n’ont cessé d’être nobles, et que je continue à les partager.
Qui ne peut penser que la démocratie, le droit et la liberté doivent valoir pour tous les êtres humains ? Mais j’ajouterai qu’il apparaît de plus en plus nettement que certaines cultures sont assez nettement hermétiques à la démocratie, au droit et à la liberté.
Trump prend acte du fait que, sitôt les troupes de combat américaines retirées d’Irak, le pays a glissé vers une guerre de factions. Il note l’écrasante responsabilité d’Obama dans le chaos actuel au Proche-Orient. Il sait que le peuple américain ne veut plus s’engager dans des opérations longues, incertaines, coûteuses en vies humaines.
Ceux qui ne discernent pas que certaines cultures sont assez nettement hermétiques à la démocratie, au droit et à la liberté et qui, tout en notant l’écrasante responsabilité d’Obama dans le chaos au Proche-Orient, ne discernent pas l’état d’esprit actuel du peuple américain, et ne voient pas qu’il y a de la lucidité dans cet état d’esprit, et une volonté de tirer des leçons du passé récent ne tirent eux-mêmes pas les leçons du passé récent. George Walker Bush a été le capitaine courageux d’une Amérique à qui l’islam radical a déclaré la guerre, et les attaques qu’il a subies étaient injustes, souvent ignobles.
Nous sommes aujourd’hui dans les derniers mois de la pire présidence de l’histoire des Etats-Unis. Il faut partir de la situation telle qu’elle est aujourd’hui, pas de la situation telle qu’elle était en octobre 2001.
J’ai eu l’occasion de parler souvent de tout cela avec Walid Phares [lire son interview exclusive pour Dreuz ici], qui joue un rôle important auprès de Donald Trump, et pour qui j’ai estime et amitié. J’ai pleinement confiance en des hommes de la qualité de Walid. J’ai, dès lors, confiance en Donald Trump.
L’estime et l’amitié que je porte à des conservateurs américains hostiles à Trump est intacte. Je pense que, malgré leur lucidité sur tant de sujets, ils se trompent sur ce sujet là.
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Donald Trump va prononcer d’autres discours sur des sujets tels que l’économie et la justice. Ce sera pour moi l’occasion de revenir sur ces sujets.
Je publierai dans quelques semaines un livre appelé, simplement, Après Obama. Ce livre sera l’analyse du bilan des années Obama, et une mise en perspective de la situation présente. J’y traite des enjeux de l’élection de novembre prochain. J’y traite de Donald Trump.
J’avais prévu, dès novembre 2008, que la présidence Obama serait désastreuse. Je ne m’étais, hélas, pas trompé. Il importe aujourd’hui de regarder en face l’étendue du désastre. Je donne dans le livre des moyens pour cela.
J’avais prévu dès juillet 2015 que Trump serait le vraisemblable candidat républicain. Je ne m’étais pas trompé, là encore.
J’explique dans le livre ce qui se passera si Trump est élu, et je pense qu’il peut être élu. J’explique aussi ce qui se passera s’il n’est pas élu.
Je sais d’avance que je serai le seul en langue française à écrire ce que j’écris. Une fois de plus. J’assume.
© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.
PS. Je n’ai pas traité ici des émeutiers qui tentent d’empêcher Trump de parler : ils prétendent dénoncer le « fascisme » de Trump sans discerner que ce sont eux, les fascistes. Nous avons les mêmes en France. Les fascistes américains ont vu leurs positions confortées sous Obama. Une victoire d’Hillary Clinton serait pour eux un triomphe. Ce triomphe ne doit pas survenir. C’est impératif.

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