Immersion dans un des postes de commandement les plus secrets de l'armée israélienne.....
"La banque cible" de l'armée israélienne a enregistré des centaines d’éliminations de terroristes réussies ces dernières années au nord et au sud du pays. Les opérations sont gérées à partir d'un centre de commandement et de contrôle appelé "Canopée” de feu" .
Cette salle mobile est remplie d'écrans plats indiquant aux agents tout ce qui se passe aux frontières d'Israël. Les officiers qui dirigent ce centre commandent également l'utilisation de la puissance de feu aux clôtures frontalières qui, de temps à autre, font la une des infos: l’élimination d’un commando qui tentait de poser un engin explosif le long de la frontière, la destruction d’une pièce d’artillerie syrienne ou une tentative d’infiltration de terroristes en Israël qui a été déjouée.
Ynet a visité les centres de commandement et de contrôle "Canopée de feu" dans le nord afin faire découvrir les opérations de ceux qui, au moment de vérité, devront prendre des décisions en quelques secondes pour arrêter des terroristes de l’Etat islamique tentant d'infiltrer le plateau du Golan ou d’empêcher une nouvelle guerre causée par l'enlèvement d'un soldat.
Le centrs de commandement et de contrôle le plus secret sera bientôt l'objet d'une remise à jour importante, quand le nouveau système technologique qui doit aider les commandants de "canopée de feu" à superviser la destruction de dizaines de cibles dans un temps très court, sera déclaré opérationnel.
“Le défi est non seulement d’identifier et de neutraliser des cellules terroristes individuelles qui s’approchent de la clôture de la frontière pour poser un engin explosif, mais aussi de détruire une très grande quantité de cibles repérées à l'avance”, explique à Ynet le colonel Guy Markizno, l’officier "Canopée de feu” de la Division du Golan.
Le nouveau système informatisé a été ajusté avec une interface facile à utiliser qui montre des images sur grand écran en haute résolution. L'interface du système est similaire à celle de Facebook, avec des icônes conviviales.
Le système, toujours classifié, n'a pas encore de nom, mais il a des algorithmes qui permettront de calculer, en quelques secondes et sans intervention humaine, quelle roquette, obus ou autre bombe sera “jumelée” et lancée sur la cible visée (un centre de commandement ennemi, une importante cellule terroriste, ou une patrouille syrienne se rendant vers la ville frontalière de Kuneitra, transportant des djihadistes). Ces algorithmes ont déjà prouvé leur efficacité ces dernières semaines.
IDF Spokesperson's Office
"centre de commandement "Canopée de feu" de l'armée israélienne"
"centre de commandement "Canopée de feu" de l'armée israélienne"
Les chefs d’un orchestre mortel
La banque cible de la division Golan de l'armée israélienne, qui a été créée il y a deux ans à la lumière de la guerre civile qui fait rage en Syrie, se trouve au centre de commandement et de contrôle “Canopée de feu”, et subit souvent des mises à jour.
"Au moment où cette histoire sera publiée, l'information que je vais vous donner sur ce qui se passe dans le Golan syrien sera considérée une archive”, prétend le colonel Markizno. "Les choses changent si souvent ici. Il y a des pouvoirs multiples dans le Golan, par rapport à Gaza ou au Liban, où l'ennemi est clairement identifié. Il n'y a pas de un pouvoir unique du côté syrien. Là-bas, les groupes ne répondent à personne.
Aujourd'hui, ils se battent les uns contre les autres et demain, ils se battront ensemble. La brigade des martyrs de Yarmouk (affiliée à l’EI), par exemple, se bat pour le territoire, à la différence du front al-Nosra (affilié à al-Qaida), qui se bat pour un idéologie”.
Au milieu de ce chaos, l'armée israélienne se prépare à une attaque terroriste de grande ampleur que les islamistes pourraient lancer contre des cibles israéliennes. L’hypothèse de travail des militaires est qu'il n'y aura pas d'avertissement d'une attaque au cours de laquelle des dizaines de militants tenteront d'infiltrer Israël et de tirer des roquettes sur le Golan israélien.
Afin de parer à cette éventualité, la division Golan de l'armée israélienne s’est entraînée à ce scénario lors d’un exercice surprise de grande ampleur, il y a deux semaines, qui comprenait également la formation d’attaques au sol à l'intérieur de la Syrie.
Un tel scénario impliquera l’intervention d’avions et d’hélicoptères de combat, de chars tirant des obus et de bombes, et de troupes d'artillerie capables de tirer des missiles Spike de façon très précise. Les chefs de cet orchestre mortel seront installés au centre de commandement et de contrôle "Canopée de feu”, dans la base de la division, située dans les forêts du nord du Golan.
“Tout commence avec le renseignement, un domaine que nous avons grandement amélioré cette année. Ces renseignements peuvent provenir d'une variété de sources, y compris des observations du bataillon de la division", explique le colonel Markizno. "Nous devons traduire rapidement ce renseignement”.
Aujourd’hui, l’armée de l’air israélienne est beaucoup plus attentive aux événements sur le plateau du Golan, menant notamment des centaines de raids au nord chaque année. Par ailleurs, une batterie d'artillerie et des garnisons de chars sont stationnées à la frontière sur une base permanente, chose qui jusqu'à ces dernières années n’avait court qu’à la frontière libanaise.
Ces troupes ont déjà bombardé des dizaines de cibles sur le côté syrien de la frontière au cours des trois dernières années, tout en maintenant des règles prudentes d'engagement.
“Nous opérons selon un procédé de dissuasion”, ajoute le colonel Markizno. “Nous ne ripostons pas avec la même intensité, mais avec une puissance de feu qui fera réfléchir l'ennemi à deux fois avant de tirer à nouveau".
IDF Spokesperson's Office
"centre de commandement "Canopée de feu" de l'armée israélienne"
"centre de commandement "Canopée de feu" de l'armée israélienne"
Décider de tirer en quelques secondes
Les décisions prises dans le centre de commandement et de contrôle “Canopée de feu” doivent être prises en quelques secondes (minutes tout au plus) parce que les “cibles” ont tendance à fuir et disparaître. L'autorité d'utiliser la puissance de feu est est de la compétence du colonel Markizno et de deux autres officiers d'artillerie.
“L’objectif n’est apparent que sur un court laps de temps, parfois seulement quelques secondes”, explique un des officiers. “Nous devons travailler ensemble et rapidement avec toutes les parties concernées”, ajoute-t-il.
L'étape la plus cruciale du lancement de la “Canopée de feu" est celle de l’”attaque, ou incrimination”. C’est le moment où les officiers du centre de commandement et de contrôle déclarent que la cible sur les écrans plats est hostile, et donnent le feu vert pour la détruire.
“A ce moment, vous ne traitez plus avec les hypothèses et les suppositions. Quand il y a un doute, vous ne tirez pas”, précise Markizno.
“ ‘L’incrimination’ est le résultat du recoupement des renseignements avec des informations provenant d'autres sources : radars, caméras de surveillance, drones, et plus encore”, ajoute-t-il.
Celui qui décide si une cible est “incriminée” est l'officier du renseignement en poste au centre de commandement et de contrôle, qui a été spécialement formé à cette fin. Après l’"incrimination”, la responsabilité est transmise au commandant en service qui examine la “moralité” d'une cible, un terme assez nouveau dans l'armée israélienne.
Tout comme “Canopée de feu” du Golan, un système similaire a été installé sur une base de la division Galilée, à la frontière avec le Liban, et se prépare à un changement qui pourrait bien être imminent.
"Nous finaliserons chaque incident, comme ceux sur le mont Dov cette année et l'année dernière, le plus rapidement possible”, a expliqué le colonel Alon, l’officier en charge de "Canopée de feu". “Le Hezbollah se bat en Syrie, acquiert de l'expérience et se transforme en une organisation paramilitaire. Nous savons comment répondre avec force et leur porter un coup dur”.
Ce reportage de Yoav Zitun est publié avec l"aimable autorisation de Ynet.
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