vendredi 29 avril 2016

France, entends gronder la « Grande muette »


Depuis plusieurs mois la « Grande muette » gronde et plusieurs généraux font entendre les revendications de l’armée et l’inquiétude de l’institution militaire en général : les généraux Didier Tauzin, Vincent Desportes, Bertrand Soubelet, Christian Piquemal et d’autres que l’on entend moins, et qui n’écrivent pas.
Le « gaulliste » Alain Juppé vient de faire entendre son avis sur ce sujet :
« Un militaire c’est comme un ministre : ça ferme sa gueule ou ça s’en va ».
Il faisait sans doute référence au général De Gaulle, en juin 1940.
Il a sans doute oublié que De Gaulle ne s’était pas enfui en Angleterre par opposition au gouvernement de l’époque, celui de Paul Reynaud, mais uniquement par ambition politique contrariée : il espérait être nommé ministre de la guerre du nouveau gouvernement Pétain ou, tout au moins, être reconduit à son poste de secrétaire d’Etat à la défense. Si cela avait été le cas, il serait resté en France. Et alors ? La suite aurait sans aucun doute été tout à fait différente.
Un militaire, du simple soldat au général, est un citoyen comme vous et moi.
Il doit obéïssance au pouvoir en place à la condition que cela ne porte atteinte ni à son honneur ni à sa conscience car il sert avant tout la France, sa Patrie, et non pas un président et un gouvernement [éphémères] susceptibles d’œuvrer contre les intérêtes vitaux du pays.
Après l’exemple le plus célèbre du XXe siècle, De Gaulle, un autre exemple est celui du général de Bollardière qui, refusant la pratique de la torture en Algérie (autorisée par le gouvernement socialiste de Guy Mollet) fut relevé de son commandement en 1957 et démissionna en avril 1961, au moment du putsch des généraux.
Cela nous amène à une autre constatation.
Si un officier, un général, peut et doit refuser obéissance et s’opposer à des ordres ou à des décisions contraires à sa conscience et à son honneur, il ne doit en aucun cas faire état de ses opinions politiques. Il sert le pays et non pas un parti quelconque.
Or le général Soubelet s’est découvert lors de son entretien à Paris-Match :
« Je me retrouve même parfois davantage dans les idées de gauche que de droite. Et quand je constate qu’aux dernières élections régionales, six millions de Français ont voté FN, cela me glace le sang »
Cela peut vouloir dire que, si demain le FN devait gouverner la France, le général Soubelet (et d’autres comme lui) démissionnerait ou quitterait le pays, car il n’obéirait pas au nouveau gouvernement ? Ce serait grave pour la République et pour la démocratie !
D’autres généraux, les plus prestigieux de l’armée française, n’ont pas hésité à placer leur honneur et leur conscience bien plus haut que l’obéissance à un Président, et un gouvernement qui bradaient une partie du territoire français et se sont révoltés contre lui. Non pas comme De Gaulle, par ambition politique, mais pour respecter leur serment, ne pas faillir à la tâche qui leur avait été confiée, et défendre la mémoire des milliers de soldats morts sous leurs ordres, morts pour la France.
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  • Ce fut le cas du général Leclerc, qui demanda à être relevé de son commandement et quitta l’Indochine le 19 juillet 1946, s’élevant ainsi contre la politique d’abandon déjà proposée par De Gaulle et dont on a pu constater le résultat final : Dien Bien Phu !
  • Ce fut le cas également en 1961 : les généraux Salan, Challe, Jouhaux, Zeller, Faure, Gardy, Bigot, Gouraud, Mentré, Nicot, Petit et de plus de 1.000 officiers démissionnèrent.
  • Ce sont, dans tous les cas, les militaires qui ont obéi aveuglément à un président de la République, à un gouvernement, au pouvoir civil, qui resteront dans les mémoires comme des « serviteurs ».
  • Ce fut le cas en 39/45.
  • Ce fut le cas en Indochine.
  • Ce fut le cas en Algérie.
En 1970, dans ses « Mémoires d’espoir » De Gaulle n’hésita pas à affirmer que :
« La rébellion devient héroïque quand elle réussit et trahison quand elle échoue ! ».
Le général de Pouilly, un fidèle parmi les fidèles à De Gaulle, n’hésitera pas à écrire après le « putsch » de 1961 :
« J’ai choisi la discipline mais choisissant la discipline, j’ai également choisi avec mes concitoyens et la Nation Française la honte d’un abandon et, pour ceux qui n’ayant pas supporté cette honte et se sont révoltés contre elle, l’Histoire dira peut-être que leur crime est moins grand que le nôtre. »
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.

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