mardi 1 décembre 2015

La France ou le Liban ?


Il était un pays à très large majorité chrétienne. Sa prospérité, liée à son ouverture à la modernité et au monde, attira de nombreuses familles musulmanes qui parlaient la langue de ce pays et recherchaient de meilleures conditions de vie. Et ce pays acceptait généreusement d’accueillir aussi des réfugiés, très majoritairement de religion musulmane.
Ajoutons à cela que les élites politiques et intellectuelles adoptaient une attitude très anti-israélienne, en phase avec un fond d’antijudaïsme historique profondément ancré, et espérait d’ailleurs que ces positions contribueraient à éviter tout risque de rupture communautaire entre chrétiens et musulmans.
Au fil du temps, le cumul de cette immigration et de la différence entre le nombre d’enfants dans les familles chrétiennes et musulmanes limitèrent l’ampleur de la majorité chrétienne. Les fissures entre communautés, malgré toutes les tentatives d’accommodement, se firent béantes.
L’on crut résoudre les graves problèmes que cette dislocation progressive de l’unité nationale provoquaient, sur le plan social comme en termes de sécurité, en prenant acte de la communautarisation de la société dans son organisation politique, allant jusqu’à inscrire certains aspects de cette organisation dans la Constitution. Pendant quelque temps, un fonctionnement relativement paisible – même si ambigu – des institutions fit illusion.
Mais vint un moment où une partie de la communauté musulmane, notamment celle qui avait été accueillie en tant que réfugiée, et vivait majoritairement dans des quartiers spécifiques, supporta de moins en moins l’impression qu’elle avait, à tort ou à raison, d’être traitée avec mépris et maintenue dans une situation inférieure du point de vue économique comme dans la vie publique. Elle exigea qu’on la laissât se donner ses propres moyens d’assurer sa sécurité et de défendre par elle-même ce qui lui apparaissait comme des exigences normales d’autonomie dans l’organisation de sa vie collective. Un État se créait au sein de l’État, qui obtint quelques concessions, mais créa une situation qui finit par provoquer des troubles graves et dégénéra en guerre civile d’une extrême violence.
Est-ce là un bref résumé retraçant, en 2075, les étapes de la dégradation de la situation intérieure de la France depuis le début du XXIe siècle ? Non, il s’agit simplement de l’histoire du Liban au XXe siècle.

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