vendredi 25 décembre 2015

Analyse: préparer Israël pour la Troisième guerre du Liban...


Au-delà de l'analyse de la probabilité d'un tel conflit, il est important de traiter de notre politique vis-à-vis du Liban, vis-à-vis de la Syrie, tout comme indirectement vis-à-vis de la Turquie et de la Russie, qui sont impliquées dans le conflit syrien..
Nous pouvons affirmer, avec toutes les précautions qui s’imposent, que l'assassinat de Kuntar ne servira pas de déclencheur à un conflit dans le nord. L'homme n’était pas assez important pour le Hezbollah, et en général, le Hezbollah n'a aucun intérêt à créer un autre front en raison de l'implication croissante de l'organisation en Syrie.
Cette réalité pourrait changer à la suite d'un incident qui conduirait à une réponse et à des ripostes faisant suite à des modifications de la réalité et à des changements dans la liste des priorités du Hezbollah ou de son patron (l’Iran).
En ce qui concerne Israël, il est important de respecter un principe: si et quand des activités hostiles étaient initiées à partir du territoire libanais, elles devraient conduire à une guerre entre Israël et le Liban.
Durant la deuxième guerre du Liban nous avons essayé de vaincre le Hezbollah seul, en laissant l'Etat libanais, son gouvernement, son armée et ses infrastructures "hors du jeu".
Si nous gérons la troisième guerre du Liban de cette manière, les résultats seront bien pires que lors de la guerre précédente.
Comment? Apparemment, nous nous sommes améliorés de manière significative depuis 2006. Le problème est que sur le plan tactique, et surtout en termes du nombre de roquettes, de leur taille, de leur portée et de leur précision, le Hezbollah s’est comparativement bien plus amélioré que nous. Donc, si un tel conflit surgit, et s’il se poursuit durant 34 jours (comme la Seconde guerre du Liban), les dommages, les pertes et les destructions en Israël seront insupportables.
La conclusion est simple: la prochaine guerre sera menée contre l'Etat libanais. En plus des cibles du Hezbollah, nous devrions également attaquer l'armée libanaise, les infrastructures au Liban, les aéroports et les ports, et tout autre lieu stratégique. 
Puisque personne dans le monde (la Syrie et l'Iran d'une part, et l'Arabie saoudite, l'Europe et les Etats-Unis d'autre part) n’est intéressé par la destruction du Liban, et puisque ce sera le résultat inévitable d'une guerre totale entre Israël et le Liban, il y aura une énorme pression internationale sur toutes les parties pour parvenir à un cessez-le-feu après trois jours plutôt qu'après 34 jours, et c’est exactement ce dont Israël a besoin.
Israël peut prétendument décider de la bonne stratégie lorsque commence le conflit, mais ce fut précisément la grande erreur de 2006. Il est crucial d'expliquer au monde, et surtout aux États-Unis, à l’avance et de manière claire, la politique que vous envisagez d’entreprendre.
Il y aura un double avantage ici: tout d'abord, il sera possible d'empêcher la guerre, car la majorité des gens est indifférente à tout dommage causé au Hezbollah (ou à Israël), mais ne sera pas indifférente à la possible destruction du Liban; d'autre part, quand une guerre éclate, il est trop tard pour convaincre le monde que la façon que vous avez choisie de combattre est la bonne.
La politique d'Israël en ce qui concerne la Syrie est plus compliquée. Pour l'instant, nous pouvons être passifs et intervenir seulement lorsqu’il y a nécessité d’action ponctuelle concrète. 
Notre influence sur la situation en Syrie est très limitée, mais il devrait être clair qu'il vaut mieux pour Israël soutenir l'approche russe qui envisage de parvenir à un accord en Syrie, avec ou sans le président Bachar el-Assad, plutôt que de soutenir l'effondrement du régime actuel. Il est vrai qu'une chute du régime syrien nuira à l’Iran et au Hezbollah, mais tout ce qui est mauvais pour mon ennemi n’est pas nécessairement bon pour moi.
L'effondrement du gouvernement en Syrie amènera l'État islamique à nos frontières. Cela peut ne pas être si mauvais, mais une prise de contrôle par Daech de la Syrie va rapidement conduire à une prise de contrôle par Daech de la Jordanie, et cette évolution va dramatiquement aggraver notre situation.
Le général de réserve Giora Eiland est un ancien directeur du Conseil national de sécurité d'Israël.
Cet article est publié avec l’aimable autorisation de Ynet.

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