INFOGRAPHIE - Des chasseurs turcs ont frappé des positions de Daech en Syrie. Au même moment, une intervention spectaculaire mobilisant 5000 policiers et plusieurs hélicoptères visait à la fois les cellules dormantes de Daech et les militants du PKK à Istanbul. 251 personnes ont été arrêtées.
Ankara a décidé de bombarder, tôt vendredi matin, plusieurs objectifs tenus par le mouvement radical État islamique en Syrie, au lendemain d'un accrochage entre l'armée turque et les djihadistes à la frontière. Les trois F-16 ont décollé de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, aux premières heures de la matinée, visant deux positions de l'État islamique et un «point de rassemblement» de combattants, avant de regagner leur base. Un tournant dans l'attitude jusque là ambigüe de la Turquie vis-à-vis de l'Etat islamique, le pays pourtant membre de l'OTAN, refusait toujours d'intervenir militairement dans la coalition.
Cependant, «les chasseurs turcs n'ont pas franchi la frontière durant l'opération», a dit un responsable turc. Le gouvernement veut pour le moment éviter une «intervention» directe sur le sol syrien, se gardant de traverser la frontière.
Des rumeurs diffusées par la presse ces dernières semaines laissaient entendre qu'une intervention d'envergure des forces militaires turques dans le Nord de la Syrie pourrait avoir lieu, afin d'établir une zone tampon pour les réfugiés syriens et empêcher les Kurdes de contrôler la zone.
Le président Recep Tayyip Erdogan a autorisé hier les Américains à frapper la Syrie depuis le sol turc.
Selon le quotidien Hürriyet citant des responsables turcs, le gouvernement envisage aussi de déployer des dirigeables au-dessus des 900 km de sa frontière syrienne et de doubler celle-ci par un mur afin d'empêcher les mouvements des djihadistes.
La Turquie constitue le principal point de passage des recrues djihadistes vers la Syrie.
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5000 policiers des forces spéciales mobilisés, 251 arrestations
La police turque a également lancé vendredi à l'aube à Istanbul une vaste opération visant une centaine d'adresses contre des militants présumés du groupe djihadiste État islamique (EI) et des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Ce raid de la police antiterroriste, mené par 5000 policiers des forces spéciales et des hélicoptères selon l'agence de presse Dogan, a visé 140 adresses simultanément dans 26 des 39 arrondissements d'Istanbul, d'après RFI, sans doute des cellules dormantes de l'État islamique. D'autres opérations ont été lancées dans 13 provinces du pays. Ce coup de filet antiterroriste a permis l'arrestation de 251 personnes dans tout le pays.
Une militante d'extrême gauche a été tuée lors de ce raid lors d'une fusillade avec la police dans un quartier d'Istanbul, a rapporté l'agence progouvernementale Anatolie.
Elle faisait partie du Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C), un groupe marxiste auteur de nombreux attentats en Turquie.
Cette intervention intervient après l'attentat suicide meurtrier de Suruç (sud), attribué à l'EI, où 30 jeunes militants pro-kurdes avaient perdu la vie, mais aussi de l'assassinat de trois policiers turcs revendiqué par le PKK (parti indépendantiste kurde) en représailles à l'attaque de Suruc.
Les Kurdes accusent le gouvernement d'Erdogan d'avoir un une position trouble vis-à-vis des djihadistes de Daech.
«La Turquie ne permettrait jamais la formation d'un État (kurde) sur sa frontière sud»
En s'attaquant aussi aux militants du PKK, le gouvernement turc entend montrer qu'il n'entend lâcher aucun des deux fronts, et que la lutte contre l'Etat islamique ne passera à aucun prix par la création d'un Kurdistan indépendant au sud de sa frontière.
Le gouvernement turc a engagé en 2012 des discussions avec le PKK pour tenter de mettre un terme à la rébellion, qui a fait quelque 40.000 victimes depuis 1984. Un fragile cessez-le-feu est en cours depuis plus de deux ans mais les négociations n'ont pour l'heure abouti à aucun accord. Erdogan avait prévenu début juillet: «La Turquie ne permettrait jamais la formation d'un État (kurde) sur sa frontière sud».
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