Depuis la décision de la Cour de justice européenne, instaurant le « droit à l’oubli », les internautes ont demandé à Google de faire disparaître plus d’un million de pages du moteur de recherche. Et les Français sont en tête, un an après la loi.
En mai 2014, la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) a reconnu le droit à l’oubli sur internet et contraint les moteurs de recherche à effacer certaines informations à la demande des internautes lorsqu’elles « ne sont pas ou plus pertinentes ou sont excessives au regard des finalités du traitement réalisé par l’exploitant ».
Le plus célèbre d’entre eux, Google, a annoncé le 15 juillet avoir reçu 284.000 demandes pour retirer 1,03 million de liens menant vers des pages web comportant des informations personnelles ou privées.
Après avoir déterminé si leur contenu était d'intérêt public ou non, la firme américaine a accepté de « déréférencer » 41,3 % de ces pages. Voici tout ce que l’on sait sur ces demandes.
Les Français, les plus demandeurs
Avec 198.546 pages concernées, ce sont les Français qui ont le plus sollicité le géant Google - avec une réponse positive à 47,7% - suivi des Allemands (185.919) et des Anglais (139.667).
En proportion de la population, c’est toutefois l’Estonie qui arrive en tête avec 6.944 suppressions de pages réclamées pour 1,3 million d’habitants. Sans surprise, les demandes les plus courantes concernent des déréférencements sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Google+ ou YouTube) et des aggrégateurs d’information (ProfileEngine, Yasni, 192.com) et le site de rencontres Badoo.
95% des demandes concernent la vie privée
Paradoxalement, Google avait oublié de sécuriser son propre rapport de transparence, ce qui a permis au quotidien britannique The Guardian de récupérer les trois-quarts des demandes de suppressions en fouillant dans le code source de la page. Grâce à ces requêtes, aujourd'hui supprimées par Google, on découvre que plus de 95% des demandes concernaient des informations relatives à la vie privée (contenus embarrassants, photos…). Un chiffre qui monte à 98,3% en France où seulement 224 demandes provenaient d’hommes ou femmes politiques et 191 de personnalités publiques (sportifs, patrons, artistes).
Enfin, si à peine 0,6% des demandes françaises concernaient des crimes, c’était 12% du total en Italie ! Remarquable aussi, la Roumanie arrive en tête des demandes « politiques » (7% du total) et la Hongrie en provenance de « personnes publiques » (8%).
Quelques requêtes adressées à Google
Google a donné une vingtaine d’exemples marquants dans son rapport de transparence. Parmi elles, le moteur de recherche a accepté la demande d’une femme italienne qui voulait voir disparaître un article sur l'assassinat de son mari et dans lequel son nom apparaissait et également accepté celle d’une personne belge déclarée coupable d'un crime grave, mais dont la condamnation a ensuite été annulée en appel.
En Angleterre, Google a refusé la demande d’un médecin de supprimer plus de 50 liens vers des articles de journaux concernant une intervention mal exécutée.
En Pologne, un célèbre homme d'affaires a demandé de retirer des articles relatifs à son procès contre un journal, là aussi en vain. En Hongrie, Google n’a pas non plus accepté la demande d’un fonctionnaire de haut rang qui souhaitait retirer des articles relatifs à une condamnation pénale. Enfin, en France, le moteur de recherche a refusé de supprimer des pages concernant un prêtre condamné pour possession de pornographie enfantine.
Alors ces informations ont-elles vraiment disparu de Google ?
Pas du tout. Les résultats litigieux sont seulement retirés des versions européennes du moteur de recherche mais apparaîtront toujours dans les autres versions de Google (140 en tout !). De plus, les liens resteront accessibles en tapant d’autres mots-clés que le nom de la personne concernée. Malgré ces inconvénients, si vous souhaitez aussi vous faire oublier, il suffit de remplir cette page .
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