Assad a bien lâché ses chiens de l’Etat Islamique contre les Palestiniens piégés dans le camp de Yarmouk : un nouveau partenariat particulièrement sinistre
Le rapprochement d’Obama avec l’Iran et ses alliés moyen-orientaux a provoqué un nouveau virage bien sinistre, dans le cadre de la guerre en Syrie, alors qu’elle entre dans sa 5ème année sans le moindre répit. Ce conflit semé d’atrocités voit 16.000 Palestiniens piégés dans d’horribles conditions, dans le camp de réfugiés de Yarmouk, près de Damas, et pris en étau par deux ennemis : l’Etat Islamique et l’armée du Président Bachar al Assad.
On montre au monde trois acteurs de ces combats cruels à Yarmouk : l’Etat Islamique, dont les Jihadistes ravagent le camp de réfugiés en massacrant ses résidents palestiniens captifs, qui représentent le deuxième de ces acteurs et l’armée syrienne, le troisième, qui paraît combattre pour empêcher les Islamistes d’atteindre le centre de Damas. Ce camp se situe, en effet, à 8, 5 kms du Palais présidentiel d’Assad.
On présente, d’habitude, ces Islamistes comme cherchant à régler leurs comptes avec ces résidents, parce que la majorité du Hamas s’aligne sur l’Iran et le Hezbollah, les pires ennemis mortels de l’Etat Islamique.
Mais même ce scénario maléfique n’est pas assez fou pour rendre compte du patchwork des nouvelles alliances qui se sont tissées au fil de la guerre et que révèlent, ici, les sources des renseignements militaires proches de Debkafile.
Assad a, en réalité, bien donné l’ordre aux troupes syriennes d’ouvrir les routes de Damas et d’offrir un libre accès aux Islamistes pour qu’ils atteignent leurs victimes palestiniennes. Cela a évité à l’Etat Islamique la nécessité d’envoyer des forces substantielles en les retirant d’autres fronts pour les besoins de son opération à Yarmouk.
Daesh remporte sa victoire la moins coûteuse, et elle n’est jamais que la conséquence d’une entente secrète passée entre le Président syrien et le calife des Islamistes, Abu Bakr al Baghdadi, qui a continué de progresser depuis leur partenariat secret [évoqué, l’an dernier, par Laurent Fabius] autour de l’exploitation des champs de gaz et de pétrole de l’Est de la Syrie.
Quand Al Baghdadi a conquis 90% des richesses de ces champs pétroliers, l’an dernier, Assad était à court de forces militaires pour déloger les envahisseurs sans diluer et éparpiller les troupes combattant sur des fronts stratégiquement plus importants, comme Damas, la capitale, Dera’a dans le sud et Alep au nord. Aussi le dictateur syrien a t-il négocié de sang-froid une entente en quatre points avec le Calife :
1. L’armée et les forces aériennes syriennes s’abstiendraient d’attaquer les positions de l’Etat Islamique et de tout effort pour reconquérir ces champs énergétiques.
2. Daesh pomperait le pétrole et le gaz et transférerait ces produits vers Damas, en utilisant ses installations de distribution pour vendre le carburant au marché noir, après en avoir retenu une partie pour la consommation intérieure.
3. Damas et les Islamistes se partageraient les revenus entre eux. L’an dernier, l’Etat Islamique a empoché entre 2 et 4 millions de $ par jour, un rapport financier qui va bien au-delà des besoins de financement des opérations de guerre du groupe.
4. Les centrales électriques syriennes continueraient de livrer de l’électricité aux bases islamistes.
Le dictateur syrien a ensuite décidé, selon nos sources, de sceller cette alliance pour en faire une opportunité lui permettant d’exécuter une toute autre manœuvre : elle lui offre la sous-traitance nécessaire pour relever certains de ses défis dans cette guerre. Pour Assad, le plan consistait à téléguider à distance l’action menée par les Jihadistes, de façon à éviter de mettre ses propres hommes sur le terrain.
L’opération de Yarmouk représente la première expérimentation in vivo des liens d’Assad sur le champ de bataille avec les Islamistes.
En prenant les Palestiniens pour cible , le dirigeant syrien avait trois objectifs en tête :
(a) Démontrer à ses alliés les plus proches, l’Iran et le Hezbollah, qu’il n’est pas totalement dépendant d’eux en matière d’effort de guerre, mais qu’il dispose encore d’une main libre pour continuer à combattre sans eux.
(b) Punir le Hamas palestinien, qui dirige et gère le camp de Yarmouk, pour lui avoir retiré le soutien à son régime, depuis le début de la guerre civile.
Le Hamas devait comprendre que la réconciliation du mouvement terroriste avec Téhéran et le Hezbollah ne vaut absolument pas pour une absolution de la part de Damas. Assad a toujours un contentieux très personnel à régler avec les extrémistes palestiniens.
(c) Assad a gagné un second souffle de vie, grâce à la volte-face de Washington, reconnaissant la légitimité de sa présidence (ce qu’ont signalé les propos du Secrétaire d’Etat John Kerry, acceptant le pouvoir de Bachar al Assad comme partie intégrante de tout processus de paix pour la Syrie). Il a aussi su exploiter la validation américaine des conceptions expansionnistes de l’Iran dans la région, comme un point marqué en sa faveur.
Le dictateur damascène a décidé qu’il avait suffisamment confiance en lui pour faire de ces Palestiniens sa carte maîtresse, face à Israël, la Jordanie et l’Autorité Palestinienne à Ramallah. Assad voulait leur faire bien comprendre à tous, qu’il tient solidement les rênes, assez en tout cas, pour décider du sort des Palestiniens : il ne revient qu’à lui de décider s’il compte encore les sauver ou les jeter aux chiens. Et c’est exactement ce qu’il a fait en lâchant ses chiens de l’E.I contre eux. Il pourra, ensuite, renégocier des « couloirs humanitaires » et redevenir « un dirigeant qui compte »…
debka.com, Exclusive Reportage Exclusif 8 Avril 2015, 1:45 PM (IDT)
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