samedi 15 novembre 2014

Pourquoi et quand le mythe d’al-Aqsa a-t-il été créé? Comment Jérusalem a pris de l’importance pour les musulmans?


L’importance de Jérusalem pour les juifs et les chrétiens est incontestable, puisque la connexion de cette ville au judaïsme et au christianisme fait partie des concepts universels sur l’histoire et la théologie. Cependant, quand on en vient à la politique moderne, nous entendons sans cesse que les palestiniens, les arabes et les musulmans exigent que Jérusalem devienne la capitale du futur Etat palestinien, en raison de sa sainteté pour l’islam. La question est de savoir comment et quand cette ville est devenue sainte pour les musulmans.
Quand les musulmans occupaient la Palestine, la capitale était Ramleh, à 45 km à l’ouest de Jérusalem, ce qui montrait que Jérusalem ne signifiait rien pour eux.
Quand le Prophète Mahomet établit l’islam, il introduisit un minimum d’innovations. Il utilisa les personnages sacrés, les légendes historiques et des sites sacrés du judaïsme, du christianisme et même du paganisme, en les islamisant. Ainsi, selon l’Islam, Abraham fut le premier musulman et Jésus et Saint-Jean (le fils de Miriam, la sœur de Moïse et d’Aaron) furent les prophètes et les gardiens du deuxième ciel. De nombreuses légendes bibliques (« Asatir al-awwalin »), qui était familières aux arabes païens avant l’aube de l’Islam, subirent une conversion islamique, et le Coran ainsi que les Hadith (la tradition orale islamique), en sont remplis.
L’islamisation s’appliqua aussi bien aux sites qu’aux personnes : La Mecque et la pierre sacrée-al-Kaaba – étaient les sites sacrés des arabes païens pré-islamiques. La mosquée des Omeyyades à Damas et la Grande Mosquée d’Istanbul ont été érigées sur les sites d’églises chrétiennes-byzantines –deux des exemples les plus connus illustrant la manière dont l’islam traite les sanctuaires des autres religions.
Jérusalem, aussi, a subi le processus d’islamisation: d’abord Mahomet tenta de convaincre les Juifs près de Médine de rejoindre sa jeune communauté, et, pour mieux les persuader, établit que la direction de la prière (kiblah) se ferait vers le nord, en direction de Jérusalem, conformément à la pratique juive; mais après avoir échoué dans sa tentative, il se retourna contre les Juifs, en tua un grand nombre, et dirigea la kiblah vers le sud, en direction de la Mecque.
L’abandon de Jérusalem par Mahomet, explique le fait que cette ville n’est pas mentionnée une seule fois dans le Coran. Lors de l’occupation de la Palestine par les musulmans, sa capitale était Ramleh, à 30 miles à l’ouest de Jérusalem, ce qui signifie que Jérusalem ne voulait rien dire pour eux.L’Islam a redécouvert Jérusalem 50 ans après la mort de Mahomet. En 682, ‘Abd Allah ibn al-Zubayr se révolta contre les dirigeants islamiques à Damas, conquit la Mecque et empêcha les pèlerins d’atteindre la Mecque pour le Hajj.’ Abd al-Malik, le Calife des Omeyyades, avait besoin d’un site alternatif pour le pèlerinage et s’installa à Jérusalem qui était alors sous son contrôle. Pour justifier ce choix, un verset du Coran fut choisi (17,1 = sourate 17, verset 1) qui stipule (traduction de Majid Fakhri.):«Gloire à Celui qui fit voyager Son serviteur de nuit depuis la Mosquée sacrée à la Mosquée la plus éloignée, dont Nous avons béni l’enceinte, afin de lui montrer certains de Nos signes, Il est en effet l’Audient, le Clairvoyant. » Le sens attribué à ce verset (voir le commentaire dans al-Jallalayn) est que «la mosquée la plus éloignée» (al-aqsa al-masgid) est à Jérusalem et que Mahomet y a été convoyé en une nuit (même si à ce moment le voyage durait trois jours à dos de chameau), chevauchant al-Buraq, un cheval magique à tête de femme, avec les ailes d’un aigle, la queue d’un paon, et les sabots touchant l’horizon. Il attacha le cheval au Mur occidental du Mont du Temple et de là monta au septième ciel avec l’ange Gabriel. En chemin, il rencontra les prophètes des autres religions qui sont les gardiens des sept cieux: Adam, Jésus, Saint Jean, Joseph, Idris (= Seth?), Aaron, Moïse et Abraham qui l’accompagnèrent sur le chemin de Dieu (d’Allah) et qui l’acceptèrent comme maître.
Ainsi l’islam tente d’acquérir une légitimité en englobant les autres religions, plus anciennes, en créant une scène dans laquelle les anciens prophètes sont d’accord pour la domination de Mahomet, faisant ainsi de lui le Khatam al-Anbiya ‘(« le Sceau des Prophètes »). Selon cette légende, l’islam est venu au monde pour remplacer le judaïsme et le christianisme plutôt que de vivre côte à côte avec eux.
Sans surprise, ce compte miraculeux contredit un certain nombre de principes de l’islam: Comment un homme vivant de chair et de sang peut-il monter au ciel? Comment une créature mythique peut-elle transporter un mortel à une véritable destination? De telles questions ont poussé des penseurs musulmans orthodoxes à conclure que le voyage nocturne était un rêve de Mahomet. Le voyage et l’ascension permettent à l’Islam de « faire mieux » que la Bible: « seul » Moïse monta au Mt. Sinaï, au milieu de nulle part, et s’approcha du ciel, alors que Mahomet a fait tout le chemin jusqu’à Allah, et depuis Jérusalem elle-même.
Quelles difficultés a-t-on avec la conviction que la mosquée al-Aqsa décrite dans la tradition islamique se trouve à Jérusalem? D’une part, les gens de la Mecque, qui connaissaient bien Mahomet, n’ont pas cru à cette histoire. Seul Abu Bakr, (qui deviendra plus tard, le premier calife), l’a cru et donc a été appelé al-Siddiq (« le croyant »). La deuxième difficulté est que la tradition islamique nous dit qu’al-Aqsa est près de la Mecque sur la péninsule arabique. Ceci a été affirmé sans équivoque dans « Kitab al-Maghazi » (Oxford University Press, 1966, vol. 3, p. 958-9), un ouvrage de l’historien et géographe musulman al-Waqidi. Selon al-Waqidi, il y avait deux « masjeds» (lieux de prière) dans al-Gi’irranah, un village entre La Mecque et Taïf, l’un était «la plus proche mosquée » (al-masjid al-ADNA) et l’autre était « la mosquée lointaine » (al-masjid al-aqsa), et Mahomet allait prier là quand il sortait de la ville.
Cette description par al-Waqidi qui est soutenue par une chaîne de transmission (isnad), n’a pas été « pratique » pour la propagande islamique du 7ème siècle. Afin d’établir une base pour la prise de conscience de la «sainteté» de Jérusalem dans l’islam, les califes de la dynastie omeyyade ont inventé beaucoup de «traditions» qui défendent la valeur de Jérusalem (connue sous le nom « fadha’il bayt al-Maqdis »), qui justifierait le pèlerinage à Jérusalem pour les fidèles musulmans. Ainsi al-Masjid al-Aqsa était « transporté » à Jérusalem. Il est à noter que Saladin a également adopté le mythe d’al-Aqsa et ces «traditions» dans le but de recruter et d’enflammer les guerriers musulmans contre les Croisés au 12ème siècle.
L’autre but de l’islamisation de Jérusalem était de saper la légitimité des anciennes religions, le judaïsme et le christianisme, qui considèrent Jérusalem comme une ville sainte. L’islam est présenté comme la seule religion légitime, destinée à remplacer les deux autres, parce que les juifs et les chrétiens ont changé et déformé (« ghyyarou wa-baddalou ») la Parole de Dieu, chacun à leur tour.
Sur les falsifications présumées de la Sainte Ecriture, faites par les juifs et les chrétiens, voir le troisième chapitre de: MJ Kister, « haddithu ‘un bani Isra’il wa-la Haraja », IOS 2 (1972), pp 215-239.. Kister cite des dizaines de sources islamiques).
Bien que le judaïsme et le christianisme puissent exister côte à côte dans Jérusalem, l’Islam les considère toutes les deux comme des trahisons d’Allah et de ses enseignements, l’a toujours fait, et continuera de le faire, avec tout pouvoir pour expulser l’un et l’autre de cette ville. Il est intéressant de noter que cette expulsion est rétroactive: Les diffuseurs islamiques des stations de radio palestiniennes prétendent avec insistance que les Juifs n’ont jamais eu de temple sur le Mont du Temple et certainement pas deux temples. (Où, alors, selon eux, Jésus a-t-il prêché?)
Arafat, lui-même une personne laïque (demandez au Hamas!), a fait exactement ce que les califes de la dynastie omeyyade ont fait il y a 1300 ans: il a rassemblé autour de la sainteté de Jérusalem pour servir ses fins politiques. Il ne pouvait pas donner le contrôle de Jérusalem aux Juifs puisque, selon l’Islam, ils sont impurs et la colère d’Allah est sur eux (« al-maghdhoub ALAYHIM»; Coran 1,7, voir al-Jalalayn et autres commentaires, notez que les numéros de versets peuvent différer légèrement dans les différentes éditions du Coran). Les Juifs sont les fils des singes et des porcs (5,60). (Sur l’idée que les Juifs ont des liens avec les porcs et les singes voir, par exemple, Musnad al-Imam Ahmad ibn Hanbal, (Beyrouth 1969) vol. 3, p. 241. Voir aussi pages 348, 395, 397, 421, et vol. 6, p 135.) Les Juifs sont ceux qui ont déformé les saintes écritures qui leur ont été révélées (2,73; 3,72) et qui ont nié les signes de Dieu (3,63). Comme ils ont violé l’alliance avec leur Dieu (4154), Il les a maudits (5,16) et ils sont pour toujours les héritiers de l’enfer (3112). Alors comment Arafat pouvait-il abandonner Jérusalem aux Juifs?
Les médias arabes palestiniens  ces jours-ci sont pleins de messages de Jihad, appelant à élargir la guerre nationale-politique entre Israël et les palestiniens dans une guerre de religion islamique entre les juifs et les musulmans. Il FAUT BIEN COMPRENDRE CE QU’ILS DISENT : le christianisme ne vaut pas mieux que le judaïsme, puisque les deux ont « perdu » le droit de régner sur Jérusalem.
Seul l’Islam – Din al-Haqq (« la religion de la vérité ») – a ce droit, et pour l’éternité. Cela a été et c’est encore le leitmotiv des sermons du vendredi dans les mosquées et les médias palestiniens officiels.
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Keffiyeh montrant sur le foulard, l’espoir d’une prise de Jérusalem aux mains d’Israël et la destruction d’Israël. Sur le côté droit, il est dit: «Jérusalem est à nous» et à gauche. « Palestine » sans Israël sur la carte.
Puisque la sainteté de Jérusalem pour l’Islam n’a toujours été, et n’est toujours rien d’autre qu’une sainteté politiquement motivée, tout homme politique arabe palestinien met sa tête politique sur ce billot quitte à la perdre. Le Judaïsme et le Christianisme doivent-ils être déférés aux mythes relatés dans les textes islamiques ou prétendument imaginés dans les rêves de Mahomet, longtemps après que Jérusalem ait été établi comme l’ancien, le véritable centre de ces deux religions qui ont précédé l’islam?
Le monde devrait-il remodeler la carte du Moyen-Orient juste parce que les musulmans ont décidé de recycler les problèmes politiques des Omeyyades, 1250 ans après que le rideau soit tombé sur leur rôle dans l’histoire?
Dr Mordechai Kedar est maître de conférences au département de la langue arabe à l’Université Bar-Ilan. Il a servi dans le renseignement militaire de Tsahal pendant 25 ans, se spécialisant dans le discours politique arabe, les médias de masse arabe, les groupes islamiques et la sphère domestique syrienne. Complètement familiarisé avec les médias arabes en temps réel, il est fréquemment interviewé sur les divers programmes d’information en Israël.
Traduction Europe Israël

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