vendredi 10 octobre 2014

Zemmour chez Ruquier : le grand émoi..


Il est piquant d'entendre dénoncer un "discours habituel" quand sa critique représente aujourd'hui le comble de la convention.

[…] Dans quel monde vit-on, dans quelle France pour que des controverses normales sur le plan intellectuel suscitent un tel émoi, comme on si on venait de découvrir que la contradiction existe, que le langage est capable de brutalité et l’esprit de vérité ? Et qu’aucune émission n’est condamnée à la fatalité de la médiocrité à cause de la grisaille insipide et bienséante de la plupart des invités ?
Dans quelle République pense-t-on, pour que le plus sérieusement du monde Aude Baron, rédactrice en chef du Plus (Nouvel Observateur), puisse lancer un débat sur l’interrogation suivante : Laurent Ruquier a-t-il bien fait d’inviter Éric Zemmour ?
D’abord, le premier n’avait aucune raison de ne pas convier le second pour la promotion de son livre tout à fait remarquable au demeurant. Laurent Ruquier sait tout ce que son émission lui doit ainsi qu’à son brillant complice d’alors Éric Naulleau. Éric Zemmour n’a jamais eu, en dépit de leur départ, la moindre aigreur publique à l’égard de Laurent Ruquier qui les avait remplacés par Natacha Polony et Aymeric Caron. (…)
Que Léa Salamé, Aymeric Caron, Daniel Cohn-Bendit, Michel Denisot qui est demeuré d’une placidité tolérante ou Anne Dorval, égérie de Xavier Dolan, aient pour une fois trouvé face à eux une personnalité digne de ce nom non seulement n’a pas été une catastrophe mais s’est au contraire avéré une aubaine. C’est ce type d’émission qui devrait constituer la référence, et non pas l’inlassable défilé promotionnel d’artistes et de politiques, pour les uns trop creux, pour les autres trop prudents (Figaro Vox).
La question sur la présence d’Éric Zemmour ou non renvoie en réalité à un procès bien plus profond. Non seulement il avait toute légitimité pour être présent, non seulement il permettait à ses interlocuteurs de montrer leur pugnacité lucide ou convenue mais en plus il avait osé exprimer ce que lui avait envie de dire, avec force et sans détour, et pour cela il n’avait pas hésité à secouer le cocotier médiatique et le ronron qui impose de ne jamais aller trop loin dans l’analyse historique, sociale et politique. Il y a des limites à ne jamais franchir car les grands espaces font peur aux petits du cercle, qui s’adorent et se congratulent dans leur réserve. Dans tous les sens du terme. […]
Comment ne pas percevoir le tremblement intellectuel causé par une démarche si ouvertement atypique quand on lit le billet, toujours sur Le Plus, d’un certain Clément Avarguès-Charriéras qui reproche à Éric Zemmour d’avoir proféré« le discours habituel sur le déclin de la France, l’immigration, l’islamisation de la société et la hausse de la délinquance. Des propos dangereux… »
Il est piquant d’entendre dénoncer un « discours habituel » quand sa critique représente aujourd’hui le comble de la convention.
Aurait-il fallu, pour plaire à ceux qui ont besoin, comme on respire, de poncifs généreux mais faux, soutenir que la grandeur de la France ne cessait de s’amplifier, que l’immigration était une formidable chance pour elle, que l’islamisation, si elle était constatée, constituait une avancée et non pas un risque pour la démocratie et qu’enfin, contre toute évidence, la délinquance baissait ? […]
Pour que nos timorés de la pensée et du langage, nos amoureux d’une contradiction mais douce, quasiment consensuelle soient comblés, que la gauche continue son mouvement de moins en moins dissimulé vers un paradis qui serait un enfer : nous n’aurions plus le droit d’être nous-mêmes parce que la liberté et le talent – l’apanage de quelques-uns – seraient une intolérable offense pour tous les autres.
Vite, une loi contre Éric Zemmour !

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