Le salut économique viendra de l'Allemagne. Et seule la France peut se montrer persuasive.
L'analyse de Sophie Coignard.
À Washington, ministres, gouverneurs de banques centrales, financiers, universitaires sont réunis pour quatre jours au chevet de l'économie mondiale, à l'occasion de l'Assemblée annuelle du FMI. Dans les conversations informelles comme dans les réunions plus officielles, l'objet de toutes les inquiétudes, c'est l'Europe, et plus spécialement la zone euro.
En même temps que les prévisions de croissance européenne sont, pour la seconde fois en six mois, révisées à la baisse pour 2014 et 2015, un scénario noir gagne en crédibilité. La probabilité que le Vieux Continent soit frappé d'une récession est désormais évaluée à 37 % : plus d'une chance sur trois ! Et le risque de déflation de la zone euro est un "sujet majeur" pour l'économie mondiale, selon l'économiste en chef du FMI Olivier Blanchard. Autrement dit si l'Europe plonge, le reste du monde va tanguer.
La stratégie de l'autruche
Ce qui ne rassure personne, à Washington, c'est la désinvolture avec laquelle les dirigeants européens eux-mêmes traitent la question. À plusieurs reprises déjà, ils ont levé les yeux au ciel devant les mises en garde du FMI, qui se sont pourtant révélées justes.
Cette fois, le fonds préconise une politique d'investissement public soutenue : construire ou réparer des routes, des infrastructures... Qui peut la mener ? Un pays dont l'économie pèse lourd et qui dispose de marges financières confortables. Il n'y en a pas dix-huit, il n'y en a qu'un : l'Allemagne.
Qui peut convaincre Merkel ?
Mais Berlin fait de la résistance au nom de l'orthodoxie. Les États-Unis, qui craignent qu'une récession européenne vienne étouffer leur propre reprise, ont bien essayé de persuader Angela Merkel. En vain.
Le FMI n'a pas plus de succès. L'Allemagne adopte une attitude de défiance assez compréhensible, qui peut se traduire ainsi : nous sommes vertueux, nous avons fait des réformes de structure et nous sommes entourés de gens qui font n'importe quoi... Une fin de non-recevoir sans appel.
Qui, alors, pourrait convaincre la chancelière ? Étonnamment, les regards à Washington se tournent vers... la France, ultime recours pour faire bouger son riche voisin. L'idée générale ?
Arriver avec un plan de réformes structurelles crédibles et un calendrier resserré, bref, donner des gages de sérieux et de courage inattendus. Reste toutefois une question : comment faire pour que Merkel prenne Hollande au sérieux ? Et là, personne n'a de réponse...
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