jeudi 23 octobre 2014

Armées arabes : des soldats de pacotille !


Le 19 juin dernier, l’« Etat islamique » (EI) lance une offensive contre le nord de l’Irak dans les provinces de Salaheddine et d’Al-Anbar. En quelques jours, les jihadistes conquièrent de vastes pans du territoire irakien.
Où était « l’armée » irakienne ?.
Selon les dépêches des agences de presse et les témoignages de la population, les hommes d’armes avaient déguerpi dans de honteuses débandades abandonnant armes et chars aux jihadistes. A peu de chose près, le même scénario s’est répété en Syrie où les mêmes jihadistes de l’EI n’ont pas trouvé une résistance farouche de la part des forces armées syriennes, empêtrées dans une guerre mal engagée et à laquelle elles n’étaient pas préparées.
Des volontaires irakiens portant l’uniforme pour faire face à la progression des jihadistes de Daech vers Bagdad. MOHAMMED SAWAF/AFP

Le résultat est que « l’Etat islamique » s’est emparé de provinces, villes et aéroports en sus d’un armement considérable, lui permettant de disposer d’un matériel de guerre sans précédent pour un groupe terroriste. Nous avons là, les exemples irakien et syrien qui, outre d’être congrus, marquent l’actualité internationale.
En fait, lors des cinquante dernières années - pour ne pas remonter plus loin et s’en tenir à une période où les Etats arabes (la plupart ayant vu le jour au lendemain de la Seconde Guerre mondiale) avaient tous des « armées nationales - les armées arabes, formatées dans le même moule, n’ont été efficaces que dans la répression des populations et de l’opposition.

Faut-il s’en étonner ?
Il y a cette permanence dans le fait que la sécurité et la sauvegarde du régime avaient primé sur toute autre considération, y compris sur la sécurité du pays et de la nation. Républiques ou monarchie, la même philosophie conduit les affaires sécuritaires des Etats arabes où les dirigeants sont plus préoccupés de leur pérennité au pouvoir que jaloux de la prospérité et de la grandeur du pays qu’ils pilotent. Cela a été démontré lors dudit « Printemps arabe » quand le premier réflexe des Ben Ali et autre Moubarak, pour ne citer que ceux-là, a été de lancer la police et l’armée contre les manifestants avec les victimes que cela a induit sans pour autant sauver leur régime. Et pour cause !

La disparition des anciens régimes était en fait inscrite dans le calendrier de ceux-là même qui - pour des raisons de stratégie et d’intérêt - les ont jusqu’alors protégés.
Les dictatures arabes n’ont pu durer aussi longtemps que du fait de la protection dont elles ont bénéficiée de la part de certaines grandes puissances à leur tête, les Etats-Unis. En fait, en fonction de leurs intérêts et de la stratégie de l’heure, les Etats-Unis avaient ces dernières années fait et défait les régimes arabes.

Avant de devenir l’ennemi des Américains, Saddam Hussein était leur feal, qui mena une guerre éreintante (1980-1988) contre l’Iran pour le compte des Etats-Unis. Aucune des armées arabes - qui ne manquaient ni d’hommes ni de matériel militaire le plus performant existant sur le marché - n’a réussi à vaincre l’armée israélienne.

Seules, les milices du Hezbollah en 2006 et - à un degré moindre, vu le rapport des forces - celles du Hamas cette année, ont réussi à lui donner du fil à retordre. Les milices du Hezbollah et du Hamas se battaient avec coeur pour des objectifs auxquels elles croyaient. Ce qui manquait cruellement aux soldats arabes formés pour réprimer non point pour, éventuellement, faire la guerre.

De même, les généraux arabes sont plus prompts à fomenter des coups d’Etat qu’à élaborer des stratégies de guerre à une échelle régionale ou continentale. La nuance est énorme et explicite la faillite générale des armées arabes à être ce rempart protecteur de la nation. Le monde entier a enregistré avec étonnement, sinon mépris, la débâcle des soldats irakiens face à des jihadistes déterminés qui étaient moins nombreux que les soldats qui leur faisaient face.

Une honte !
Et les dirigeants irakiens comptent sur les armées étrangères pour les délivrer du fléau jihadiste qu’ils sont dans l’incapacité de contenir et encore moins d’éliminer. Toutefois, on n’accusera jamais le président américain, Barack Obama, d’être parti au secours de l’Irak qui, le 8 août dernier, décida de « frapper » l’EI soulignant qu’il le fait dans « l’intérêt suprême » des Etats-Unis. Les frappes US avaient pour cause essentielle et « suffisante » la sauvegarde des intérêts américains. Pas plus, pas moins.
Les énormes richesses énergétiques irakiennes, qui justifièrent l’invasion de 2003, risquaient de tomber aux mains d’un ennemi déclaré. Les armées arabes pour lesquelles des dizaines de milliers de milliards de dollars sont dépensés sont incapables d’assumer la protection de leur nation, se défaussant de cette mission sur des « coalitions » internationale.

Fallait-il en attendre plus de ces armées ?
Quand on forme des policiers et des soldats pour protéger le régime de la colère du peuple, il est absurde de prétendre défendre ce peuple et la nation.

NDLR - C’est lui qui le dit.

L’armée irakienne minée par une corruption endémique

L’armée irakienne qui s’est désintégrée face à la progression rapide des jihadistes de Daech (l’Etat islamique en Irak et au Levant, EIIL) est une force minée par la corruption, un commandement médiocre et des dissensions inter-communautaires - le contraire de ce que les Américains espéraient laisser derrière eux après leur retrait.

Les Etats-Unis ont démantelé l’armée de Saddam Hussein après l’invasion de l’Irak en 2003 et ont consacré depuis lors 20 milliards de dollars à la mise sur pied d’une nouvelle armée de 800.000 hommes, misant sur son aptitude à préserver la paix après le retrait américain, qui s’est achevé en décembre 2011.
En 2011, les affrontements inter-communautaires avaient nettement marqué le pas et l’armée irakienne en place était jugée dans l’ensemble compétente, ce qui donnait relativement confiance au président américain Barack Obama au moment où le contingent américain pliait bagages.
La corruption a cependant ponctionné les fonds destinés aux rations des soldats, à l’entretien des véhicules et au carburant, déclare un officier irakien de la province d’al-Anbar, dont certains secteurs échappent au contrôle du gouvernement depuis plus de six mois maintenant. Les soldats en sont réduits à acheter sur les marchés locaux des pièces détachées pour leur matériel car les dépôts du gouvernement sont vides, dit-il.

L’armée irakienne a été fortement politisée sous le Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite, explique le général américain à la retraite Jim Dubik, qui a dirigé la formation des troupes irakiennes assurée par les Etats-Unis et l’Otan en 2007 et 2008.

"Leur aptitude à encadrer (l’armée) a fortement décliné", a ajouté M. Dubik à propos des officiers irakiens. "Si vous êtes un combattant et pensez que votre camp va perdre, vous ne luttez pas jusqu’au dernier homme. Vous sauvez votre peau."

Selon un ancien responsable américain en Irak, les mauvaises conditions de vie que réservaient les officiers aux hommes de troupe expliquent aussi les désertions en masse des derniers jours. "Ces gars-là, ces unités étaient démoralisés. Ils étaient mal payés et constamment escroqués par leurs officiers, qui volaient leurs soldes et profitaient de leur position pour améliorer leur propre situation", ajoute cet ancien responsable.

Une déroute au sommet
Hormis quelques unités exemplaires, comme les forces spéciales, qui ont subi la plupart des combats, "l’armée était une coquille vide", résume-t-il.
Le comportement des forces irakiennes était loin d’être parfait avant même le retrait américain. Les militaires américains qui avaient formé cette armée n’ont jamais réussi à venir à bout des problèmes endémiques de fraude ou de racket aux postes de contrôle, et fermaient par moments les yeux sur ces pratiques.
La déroute a commencé au sommet, avec la fuite des officiers supérieurs commandant les forces à Mossoul, à mesure que les combattants de l’EIIL progressaient dans la ville.

Les défenseurs de Mossoul ont bien résisté pendant trois jours, jusqu’au soir du 9 juin, mais au cours des heures suivantes, le contingent irakien s’est désagrégé avec la fuite du chef des troupes de l’ensemble de la province de Ninive, Mahdi Garaoui.

Le commandant des forces terrestres irakiennes, le général Ali Ghaïdan, et le chef d’état-major adjoint, le général Abboud Kanbar, ont eux aussi abandonné leur poste, selon un responsable irakien et un spécialiste occidental des questions de sécurité.

L’ensemble de la structure militaire déployée par le gouvernement chiite de Bagdad pour protéger le nord du pays s’est ainsi disloqué avant même l’arrivée des jihadistes sunnites, qui progressaient depuis plusieurs semaines à travers l’ouest du pays.
"Il ne fait aucun doute qu’il y a eu effondrement, un effondrement structurel, à Mossoul", estimait à Washington le porte-parole du Pentagone, le colonel Steve Warren.

Le président Barack Obama lui-même s’est ému de la situation vendredi dernier.
"Le fait qu’ils (les militaires) ne veuillent pas lutter et tenir leurs positions face à des terroristes, certes aguerris mais qui sont loin d’être supérieurs en nombre, laisse penser qu’il y a un problème" de moral et de détermination des troupes, qui découle de la situation politique, a-t-il dit.

La débâcle militaire de la semaine dernière a aussi ses origines dans l’incapacité du gouvernement Maliki à déloger l’EIIL de la province d’al-Anbar au cours des mois précédents. Les jihadistes se sont emparés de la ville de Fallouja à la fin de l’an dernier et l’armée n’a jamais réussi à la reprendre, tout comme elle n’a pas pu reconquérir certains quartiers de Ramadi, la capitale de la province d’al-Anbar.

Reuter

http://www.jforum.fr/forum/international/article/armees-arabes-des-soldats-de

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