lundi 1 septembre 2014

Les Etats-Unis sur le chemin de Damas contre l'Etat Islamique ?


Depuis les images de la décapitation du journaliste américain James Foley, le discours des autorités et des médias américains a nettement changé à l'égard de l'Etat islamique, certains appelant même à une alliance avec l'ennemi d'hier, Bachar Al-Assad. 


Revue de cette presse favorable à une nouvelle "guerre contre le terrorisme" avec Alain Chouet, spécialiste du Moyen-Orient et ex-responsable du renseignement de sécurité à la DGSE.


s Américains et les Européens ont changé d'ennemi. Longtemps voué aux gémonies, le démon d'hier, Bachar Al-Assad commencerait-il à redevenir fréquentable au point même d'envisager une alliance de circonstances entre les Etats-Unis et la Syrie pour stopper la progression de l’Etat islamique ? Bombarder l'Etat islamique en Syrie apporterait par ricochet, même involontaire, un sérieux soutien à Bachar Al-Assad. Barack Obama n'a pas encore tranché ce terrible dilemme, mais dans son état-major, certains l'ont fait pour lui.    

Dans sa dernière livraison, le Canard enchaîné affirme que l’alliance improbable est déjà effective. « Au début de l’été, les services américains ont en effet transmis à l’armée syrienne,via leurs homologues allemands, des informations sur la localisation et l’armement des combattants de cet émirat si détestable. L’aviation de Bachar a pu ainsi mener pendant plusieurs jours des bombardements précis, et ses chefs l’ont fait savoir », écrit l’hebdomadaire.  

L’idée a germé notamment dans la tête de Max Abrahms, chercheur en terrorisme à l’Université de Boston sur le mode « entre deux maux, je choisis le moindre » : « Il y a une contradiction dans  la politique américaine. Nous envoyons des avions frapper des cibles en Irak en faisant mine d’ignorer que les bases de Etat islamique se trouvent en Syrie et nous ne faisons rien pour traiter le problème en Syrie. 

Aujourd’hui, nous sommes face à une situation nouvelle : Assad est une menace régionale. Il n’y a aucun risque de voir Assad hisser le drapeau syrien sur la Maison blanche alors que l’Etat islamique est une menace bien plus forte pour les Etats-Unis ». 

Une approche pragmatique - ou cynique, c’est selon - qui rencontre un certain écho à Washington depuis la diffusion des images de la décapitation du journaliste James Foley.    
  
Depuis la diffusion de ces images, c’est une déclaration de guerre à l’Etat islamique que certains hauts gradés réclament. Ainsi de John Allen, ancien chef des forces interalliées en Irak et en Afghanistan qui, dans une tribune, appelait à une « destruction totale et immédiate de l’Etat islamique ». Mais les modalités de cette intervention restent un casse-tête pour Obama. 

Si l'habile ministre des Affaires étrangères syriens a fait une offre de service claire aux Américains pour un combat commun contre l'Etat islamique, il a tout aussi clairement mis en garde les Etats-Unis contre toute violation de l'espace aérien syrien. 

Terrible dilemme stratégique : les Américains n'avaient pas suivi la France dans ses velléités interventionnistes contre le régime syrien par la crainte de voir s'effondrer le régime de Bachar, laissant la voie libre aux islamistes. Bachar a tenu bon, et l'Etat Islamique s'est répandu au-delà des frontières syriennes.    
  
La pression monte car la presse américaine, qui vouait Bachar à la potence il y a moins d'un an, a trouvé son nouveau meilleur ennemi et donne dans la surenchère belliqueuse, appelant à une nouvelle « guerre globale contre le terrorisme » malgré le bilan discutable de la première mouture. Entre réalité et fantasmes, revue de cette presse soudainement décidée à partir au combat avec Alain Chouet, ancien responsable du service de renseignement de sécurité à la DGSE et longtemps en poste en Syrie. 


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