vendredi 29 août 2014

Oui, le Hamas est préférable à l’Autorité Palestinienne........


Il est certes difficile d’écrire – et de lire – un tel titre alors que nous sortons (peut-être…) de sept semaines de feu quasi ininterrompu de la part du Hamas et du Djihad Islamique. 
Mais contrairement à l’idée exprimée par Avraham Burg dans son dernier article, cette guerre n’est pas « la première » guerre de religion entre Israël et les Arabes palestiniens. Et le Hamas, malgré son fanatisme sanguinaire, n’est pas notre ennemi le plus dangereux.

A lire : Gaza ou la première guerre de religion entre Israël et les Palestiniens par AVRAHAM BURG

Même s’il ne s’agit pas d’une guerre de religion classique le conflit qui oppose Israël aux Arabes palestiniens est basé sur des motifs religieux et civilisationnels dont l’aspect territorial n’est que l’une des expressions, sans doute la plus commode sur le plan du « marketing ». 
Toute tentative de trouver une solution durable doit obligatoirement débuter par une juste appréhension de ses fondements sans quoi l’issue sera comparable à un pansement appliqué sur une plaie non désinfectée. Avec toutes les conséquences qui en découlent, comme nous l’avons vu après les Accords d’Oslo.
L’opposition arabe au sionisme est née bien avant la création de l’Etat d’Israël, à plus forte raison avant la Guerre des Six Jours. 
Elle s’est traduite dès les années 1920 par la création artificielle d’un mouvement national « palestinien » autonome, sous l’impulsion du mufti de Jérusalem Hadj Amin Al-Husseini. Toute son idéologie fut puisée dans le Coran et la tradition religieuse musulmane. C’est au nom de l’Islam qu’il consacra sa vie au combat contre le sionisme, c’est en son nom aussi qu’il prêcha un antisémitisme virulent et encouragea les premiers massacres de Juifs en Palestine mandataire, et c’est au nom de l’Islam toujours que le mufti adhéra au nazisme et collabora activement avec Hitler. 
Yasser Arafat y vit son père spirituel et tous les courants musulmans djihadistes qui sévissent aujourd’hui dans la région – Hezbollah, Frères Musulmans, Hamas, ESIL – le vénèrent. Celui qui ne comprend pas cette donnée fondamentale rate le point de départ du conflit.
Et c’est pour cela que sur ce point, le Hamas est paradoxalement « préférable » au Fatah. Burg n’a pas tout à fait tort lorsqu’il affirme que Netanyahou, pour des raisons stratégiques, « préfère un Hamas fort et un Fatah faible » et rechigne à un renforcement du pouvoir d’Abou Mazen suite à l’Opération « Bordure Indestructible ».
 Mais ce que Burg voit comme un écueil et un frein à son obsession de voir Israël renoncer à la Judée et la Samarie, la droite israélienne y voit un retour salutaire des projecteurs vers la nature du conflit. Le monde se rend aujourd’hui compte de plus en plus de l’aspect politico-religieux hégémonique de l’Islam et du refus de voir prospérer des communautés non-musulmanes dans l’espace géographique islamique. Ne parlons pas d’un Etat juif !
Depuis des années, on nous rabâche de manière simpliste « qu’Israël doit lutter contre les extrémistes du Hamas mais doit par contre négocier avec les ‘modérés’ représentés par l’Autorité Palestinienne d’Abou Mazen ». Or concernant le refus arabe palestinien de l’existence d’un Etat juif, la distinction entre « extrémistes » et « modérés » comme celle entre « religieux » et « laïcs » n’est que pure fiction. 
Sur cette question, le Hamas « religieux » et le Fatah « laïc » ne sont que les deux faces d’une même pièce. Le premier joue cartes sur tables alors que le second avance de manière masquée et sournoise face à la communauté internationale, ce qui le rend beaucoup plus dangereux. Cette répartition tacite des tâches a permis à tous les dirigeants de l’OLP de séduire les opinions publiques internationales mais aussi la gauche israélienne, en leur faisant admettre que l’OLP était mue par un nationalisme classique, politique, rationnel et surtout pragmatique. 
Mais l’analyse des discours en langue arabe et du système d’éducation montre clairement que l’opposition au sionisme chez ceux qui se réclament du laïcisme, ou même du marxisme, repose sur un socle culturel et religieux islamique qui dénie à un peuple dhimmi le droit de s’affranchir sur une terre jadis islamisée.
Il est préférable d’affronter un ennemi qui annonce franchement sa volonté plutôt qu’un ennemi qui utilise la ruse et ment sur ses intentions réelles. Les Accords d’Oslo ont voulu pérenniser cette césure artificielle entre des prétendus « extrémistes » et « modérés ». Shimon Pérès l’a encore récemment rappelé, se disant « fier d’avoir scindé le mouvement national palestinien en deux camps, dont l’un, celui d’Abou Mazen, est le camp de la paix » (sic).
La tactique adoptée par le Fatah a été de produire en anglais un langage audible pour des opinions publiques sensibles aux discours sur la décolonisation et la défense des opprimés. Ainsi, sur le long terme, l’Autorité Palestinienne est bien plus dangereuse pour Israël que le Hamas car elle se livre à une entreprise méthodique et sournoise de délégitimation d’Israël qui recouvre peu à peu la planète.
La différence tactique entre Hamas et Fatah se résume donc à ceci : les deux sont convaincus que l’Islam ne peut supporter la présence d’un Etat juif dans la région, quelle que soit sa taille. Alors que les premiers pensent y arriver par la guerre et le terrorisme, les seconds pensent tactiquement l’obtenir au moyen d’un processus de paix, étape intermédiaire vers l’objectif final.
Shraga Blum est un journaliste indépendant qui contribue à l’hebdomadaire « P’tit Hebdo » et un analyste politique pour plusieurs sites internet en français

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