jeudi 14 août 2014

"Nous sommes tous des chrétiens d'Irak !"


Deux intellectuels français lancent un appel à l'Église de France pour qu'elle adopte une position forte et courageuse en faveur des chrétiens d'Irak.

Appel à Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France, au cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, et à l'Église de France.
Monseigneur, Monsieur le Cardinal,
Nous savons tout ce que vous faites, au nom de l'Église de France, pour exprimer le soutien des fidèles aux chrétiens d'Irak désormais condamnés, comme aux pires heures de l'histoire, d'avoir à choisir entre la mort, l'abjuration de leur foi ou l'exil. Le cardinal Barbarin s'est rendu en Irak, accompagné de Mgr Dubost et du père Pascal Gollnisch. Avec d'autres, il témoigne, il mobilise la solidarité des chrétiens. Ne faut-il pas aller au-delà ?
La communauté chrétienne de France, nous entendons les chrétiens pratiquants, mais aussi bien ceux qui ont été élevés dans la foi chrétienne, ceux qui la reconnaissent comme constitutive de leur identité, peut souhaiter se rassembler publiquement et collectivement au-delà de ce que chacun peut faire en privé.
Nous voyons trois raisons à cela.
D'abord, la communauté des chrétiens ne peut pas rester passive devant le martyr des chrétiens d'Irak. L'Église de France doit se lever collectivement face au drame irakien. Cette solidarité dépasse les engagements confessants ; elle implique tous ceux qui ressentent les principes de la foi chrétienne, catholiques et protestants, comme une part indispensable de la culture de leur vie, individuelle et collective. Quelle que soit notre pratique ou notre absence de pratique, nous voulons pouvoir exprimer notre attachement à la foi chrétienne et aux valeurs universelles qu'elle porte.
Cette mobilisation serait aussi l'expression immédiate et collectivement exprimée de la fraternité chrétienne. La vertu de fraternité ne peut rester seulement une vertu privée. Menacer un chrétien en Irak, c'est menacer tous les chrétiens ici. L'expression d'une large fraternité autour des chrétiens d'Irak - sans oublier les "yézidis" - est constitutive de leur défense. Elle est indispensable pour venir appuyer les actions politiques, diplomatiques et militaires qui pourront être entreprises. Leur importance et leur efficacité en dépendront.
La troisième raison est d'espérance. L'existence d'une forte communauté chrétienne en Irak témoigne (témoignait) d'un principe de tolérance, de respect mutuel des croyances et des choix individuels, indispensable condition de la paix et du bien-vivre dans un monde ouvert. Le principe de tolérance mutuelle donne son sens universel à une mobilisation qui devrait et pourrait accueillir les communautés fondées sur toutes les fois et exprimant leur volonté de vivre ensemble.
N'y a-t-il pas là trois raisons d'intransigeance qu'il est urgent de faire partager lors d'une manifestation publique ? En tout cas, si l'Église de France en prenait l'initiative, nous nous y joindrions et nous sommes sûrs de ne pas être les seuls à éprouver le besoin de les exprimer collectivement et publiquement.
François Euvé, rédacteur en chef de la revue Études
François Ewald, professeur honoraire au Cnam

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

La grandeur de Binyamin Netanyahou....

Binyamin Netanyahou était en visite aux Etats-Unis pour la conférence annuelle de l’AIPAC. Cette visite devait être triomphale. Elle a ...